Chapitre 3

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Il était rentré sans un mot. Le visage fermé, l'esprit plongé dans ses pensées, il était parti s'enfermer dans sa chambre, et n'en était sorti qu'au moment du repas. Et il n'avait pas prononcé une seule parole durant celui-ci. Lui qui d'habitude était assez bavard...

Ses parents étaient inquiets pour lui. Ils tentèrent de le faire parler, s'expliquer sur la raison de son silence... en vain. L'adolescent restait muet. Ils finirent par abandonner, se convaincant qu'il leur parlerait le lendemain, une fois qu'il se serait calmé. Ils se trompaient lourdement...

Dès leur réveil, le jour suivant, ils se rendirent compte qu'il y avait un problème. Rien qu'en regardant l'heure. La matinée était déjà bien avancée, et il n'y avait absolument aucun bruit dans la maison. Ils avaient du mal à croire que leurs fils ait dormi si longtemps, lui qui était plutôt matinal. Leurs doutes se virent confirmés lorsqu'ils allèrent vérifier sa chambre. Il n'y avait personne... mais un petit mot était posé sur le bureau.

"Parti prendre l'air. Ne vous inquiétez pas... et désolé pour hier."

Ce message eut exactement l'effet contraire que celui escompté. Ils avaient parfaitement deviné que leur fils n'était pas juste sorti "prendre l'air"...

- Il est allé dans la forêt... murmura la mère, angoissée.

Le père la serra contre lui.

- Nous allons le retrouver. Je te le promets.



Au petit matin, la jeune fille s'éveilla difficilement. Elle avait très mal dormi. Entre ses bons souvenirs revenus la hanter et ses cauchemars habituels... elle avait passé une nuit horrible. Mais elle n'avait pas le droit de se plaindre... pas après ce qu'elle avait fait. Les paroles de l'adolescent lui revinrent en mémoire :

"Peut-être n'es-tu même pas humaine, d'ailleurs ?"

Elle était certes humaine en apparence, mais à l'intérieur, elle ne pouvait pas en dire autant... Elle chassa ces sombres pensées en même temps que ses larmes qui commençaient à couler sur ses joues glacées par la fraîcheur du matin. Sortant de son abri, la jeune fille bailla, toujours fatiguée, avant de plonger dans le lac. L'eau était froide, très froide même, mais cela ne la gênait nullement. Elle enleva ses vêtements et les étendit à un arbre avant de faire quelques allers-retours dans l'eau, que les rayons du soleil commençaient à réchauffer. Elle sortit ensuite, se sécha et récupéra ses habits, puis retourna dans sa grotte chercher de la nourriture. Une fois retournée près du lac, elle se servit de ses pouvoirs pour allumer un feu et faire cuire le résultat de sa chasse de la veille.

Brusquement, un petit jappement se fit entendre, et trois petits louveteaux déboulèrent. Ils s'immobilisèrent aussitôt à sa vue, et jetèrent un regard craintif en direction du feu. Souriant, l'adolescente découpa trois petits bouts de viande cuite et s'approcha doucement d'eux. Il reculèrent légèrement, effrayés, mais cédèrent rapidement à la tentation et attrapèrent les bouts de viande pour aller les manger quelques mètres plus loin. La jeune fille retourna près du feu afin de finir de faire cuire son gibier, tout en surveillant les trois petites boules de poils du coin de l'œil. Ces dernières finirent par s'en aller, partant sans doute retrouver leur mère, tandis que l'humaine éteignait le feu et retournait chez elle.

Elle s'allongea sur sa couchette et essaya de se rendormir. Mais son esprit restait tourné vers sa colère de la veille. Elle avait laissé la rage l'envahir, et, elle l'avait bien lu dans ses yeux, elle lui avait fait peur. Inexplicablement, elle s'en voulait. Même si elle avait peut-être eu raison de s'énerver, il n'empêchait qu'il n'avait rien f ait de mal, pas consciemment en tous cas.

Soudain, un des trois louveteaux entra dans son abri, s'approcha d'elle et lui donna un léger coup de patte.

- Qu'est-ce que tu veux, toi ? Demanda-t-elle, amusée.

Le petit animal ne semblait pas trouver cela drôle, et mordit légèrement le tissu de ses vêtements en prenant garde à ne pas les abîmer, pour lui faire comprendre que c'était sérieux. L'adolescente, légèrement inquiète, se concentra afin entrer dans l'esprit du louveteau. Et étouffa un cri de surprise et d'horreur. Plongée dans ses pensées et ses problèmes personnels, elle n'avait pas remarqué que non pas un, mais plusieurs intrus étaient entrés dans la forêt, une dizaine d'hommes environ. Ces derniers semblaient n'avoir rien à faire des animaux vivants dans le bois, et avaient d'ailleurs déjà blessé assez gravement la mère du louveteau.

La jeune fille serra les dents en maudissant les hommes et leur idiotie, et sortit en trombe de la grotte, le petit animal sur les talons. Sans s'en rendre véritablement compte, elle libéra sa magie tout en courant vers l'endroit où gisait la louve. Aussitôt, un orage d'une grande violence éclata. La pluie tombait sans discontinuer, et dans des quantités impressionnantes, tandis que le vent froid soufflait et faisait plier les branches même des plus grands arbres.

L'humaine, protégée de sa propre magie, arriva devant la louve pile au moment où le premier éclair s'écrasait sur un des véhicules stationnés devant la forêt par les intrus. Elle activa ses pouvoirs de guérison et en quelques secondes, les blessures causées par les humains ne furent plus qu'un mauvais souvenir pour l'animal. Puis toute la famille de loups s'en alla, filant se mettre à l'abri de la tempête et des humains qui étaient entrés dans le bois.


- Eh, gamine ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

Nouvelle vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant