Nous marchions à fièvre allure, en direction de cet avion nous étant destinés. Mes jambes flagellées en même temps que ma respiration s'accélérait.
- Holden ?
Le grand blond se retourna. Je remarquai pour une raison qui me surpris, son expression totalement soucieuse. Il n'avait plus ce même sourire qu'il m'adressait à chaque regard, non, ce coup-ci, c'était à mon tour de le rassurer. Peut-être que nous faisions une belle erreur, peut-être que nous le regretterions, peut-être même que nous serrions pris de remords, mais, nous devions le faire, pour notre propre bien.
Holden positionné devant moi, j'accélérai mes pas pour enfin être à sa hauteur même si celui-ci était légèrement plus grand. Une fois devant lui, je le pris dans mes bras. Je ne lui avais rien dit, je m'étais simplement contentée de cette action. A mon contact, je le sentis resserrer son étreinte. Il sentait si bon.. En tout premier, je le lâchai, me raclai la gorge pour ensuite reprendre notre route.
Escaladant les quelques marches nous guidant jusqu'à cet engin, je pris la main d'Holden afin de la serrer de toutes mes forces pour ne pas perdre sa trace. Il était dix heures du matin, et mon dernier pas sur mon sol natal, venait d'être retiré. Vous savez, cette sensation est assez étrange. J'étais à la fois totalement excitée de vivre cette aventure mais j'étais en parallèle très soucieuse. Des larmes me vinrent à nouveau. Aussitôt senties, aussitôt retirées, je repris de plus bel mon chemin, tout en rentrant pour la première fois de ma vie, dans un avion.
Une fois à l'intérieur, une hôtesse nous conduisit en direction de deux places vides à l'arrière de cet engin. Je regardai Holden perplexe, avait-on fait le bon choix ? Je pense, qu'à cette heure-ci il était désormais trop tard pour s'en interroger. Notre chemin vers l'inconnu était entamé, il venait simplement de commencer.
Holden passa devant moi où je le suivis de très près. Il me fit un signe pour que je prenne place, j'étais heureuse, j'étais installée côté hublot. Une fois correctement installée, je dirigeai mon regard en direction de mon ami où je croisai le sien.
- Où va-t-on ? Demandais-je.
Parce que oui, comme vous le savez, je n'avais aucune idée de la destination qui nous attendait. Vous savez, quand vous restez enfermés chez vous pour échapper à la mort, vous ne pensez pas trop où vous irez. Je me suis cachée deux long mois. Durant deux long putain de mois je suis restée chez moi par peur de sortir. Pendant deux mois je ne voulais plus sortir, alors oui, je n'ai pas demandé à Holden où nous allions. En y repensant, j'aurais peut-être dû.
- Tu veux réellement savoir ou tu préfères la surprise ? Demanda-t-il d'un grand sourire.
- Hum.. je ne sais pas trop, répondis-je.
- La surprise, le goût de l'inconnu ?
- D'accord je verrais bien. Je te fais confiance, souriais-je.
Après plusieurs minutes d'attentent, nous entendîmes le son de la voix d'une hôtesse sortir de ce que je qualifierai d'hauts parleurs, nous annonçant que notre avions était sur le point de prendre son envole. Instinctivement, j'agrippai la main droite d'Holden tout ne cessant de regarder ce sol s'éloigner de nous. Des larmes me vinrent à nouveau mais, à la différence de tout à l'heure, je les laissai s'écouler.
Ça me faisait un bien fou. J'étais comme libérée de toute pression, de toute peur et pour la première fois, de toute peine. A ce moment-ci, un sourire ce dessina sur mes lèvres, un sourire d'apaisement, de contentement. Puis, une imagine, une douce image.. celle de nous tous, réunis, heureux de se retrouver tous ensemble.
L'avion dès-à-présent dans les airs, de violentes secousses avaient fait irruptions. Les paupières toujours abaissées, je les rouvris inquiète de ce qu'il se produisait. Des larmes toujours présentent sur mes joues rosées, je me retournai en direction d'Holden le regard aussi apeuré que le mien. Oui, je me souviens, ça s'était déroulé ainsi.
Je me souviens, de tous ces cris, de tous ces pleurs et de son regard, de son doux regard bleu. Ce dernier regard apeuré, ce dernier qui m'étant adressé. Quand j'y repense, je ne trouve pas les mots pour exprimer ce qu'à ce moment là j'avais pu ressentir. J'étais totalement perdue, dans une incompréhension totalement. Nous venions à peine de décoller alors pourquoi tant de panique ?
A ce moment-ci, je n'en avais aucune idée, je me souviens juste d'un bruit, le bruit d'une explosion, puis, plus rien, le néant total.
Je ne sais pas ce si Jude où les autres ont vécu à leur tour ce moment mais, dans cette sorte de rêve, une clarté aveuglante, m'ébouissait. J'étais seule, sans personne, enfin au début puis, au loin je vis une petite fille courir. Elle devait avoir cinq ou six ans pas plus, pas moins. Elle courait à toute allure en.. ma direction ? Puis, cette petite tête brune s'arrêta devant moi, pivota sur sa gauche, releva sa petite bouille avant de prononcer ces quelques mots : Maman, Danny n'arrête pas de m'embêter !
Sans en savoir la cause, je vis une femme, sans doute la trentaine, envelopper cette petite fille à l'aide de ses bras. Cette scène m'avait attendrit, qui ne l'aurait pas été ? Mais sans qu'une nouvelle fois je trouve réponses à mes questions, cette femme se releva puis me regarda.
Je connaissais trop bien ce regard pour ne pas savoir qui était la personne se trouvant devant moi. Ce regard ébène ne sachant réellement qui pouvait-elle bien être. Cette personne était tout simplement le reflet de ma vie futur, une vie que je ne connaîtrai.
La seconde d'après, celle-ci s'évapora, étais-je morte à mon tour ?
De nouveau au sein de cette clarté, je vis au loin des mains entendus en ma direction. Je m'y approchai et les reconnu. Ces mains qui avaient, à de nombreuses reprises séché mes larmes. Jude était là, devant moi. Elle aussi, à son tour elle s'évapora. Ce coup-ci, je ne fis aucun pas, mais, un bruit fin m'en avait empêché. Je me retournai et constatai un goût amer dans la gorge, cette créature me regardait fixement de son regard aux yeux noirs.
Sur le moment, elle n'avait rien prononcé mais en un battement de cils, cette chose s'était retrouvé face à moi. De son sourire les plus affreux, elle me regardait. J'avais peur, très peur mais je ne voulais la laisser paraître, c'en était hors de question. Elle désigna de son doigt humidifié de sang un endroit, instinctivement je tournai la tête et vis ce qui m'étais parue de totalement irréel.
Depuis le début de ce jeu, cette chose ne nous avait pas quitté une seule fois. Elle était restée avec nous, du début jusqu'à notre mort nous attendant patiemment. Une fois ces images montrées par cette chose, je sentis une pression sur ma poitrine. Cette créature, à l'aide de ses mains badigeonnées de sang, avait fait pression sur cette partie de mon corps afin de me pousser dans un endroit où, sur le moment j'ignorai où j'atterrirai.
Ma mort avait été ainsi, sans douleur, sans souvenirs clairs, sans avoir eu le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait. Jude était apparue une nouvelle fois mais cette fois-ci, elle ne s'était évaporée. Par instinct, je l'avais rejoins elle et tous les autres.
Mon désir était arrivé, j'étais à présent soulagée et ma peine désormais assouvie.
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Un jeu dangereux.
TerrorIls sont neuf. Trois jeunes hommes, six jeunes filles, tous à peu près du même âge. Ils ont peur mais pourquoi ? Ce n'est qu'un jeu après tout, alors pourquoi en avoir peur ? Quand la réalité dépasse la fiction, tout le monde tremble. Resteront-ils...