Sarah s'agitait sur sa chaise, essayant de se défaire de ses liens mais ces derniers étaient beaucoup trop serrés. Plus elle bougeait, plus elle avait l'impression que la corde lui sciait les poignets.
Elle entendit des pas dans la pièce à côté et se raidit imperceptiblement.
« Et bien tu t'agites mamours, ne bouge pas je t'amène ton dîner dans quelques minutes. Enfin tu ne peux pas aller bien loin de toute façon » et il gloussa, fier de son trait d'humour.
Ce fut ce petit rire qui fit passer Sarah du désespoir à une colère sourde,froide.Ce mec était un malade. Comment avait-elle pu ne pas s'en rendre compte avant ?
« Dire que je l'aimais » se dit la jeune femme en fermant les yeux. Elle repensa à tout ce qu'elle avait toujours trouvé bizarre jusqu'à présent mais qu'elle mettait sur le compte d'une possessivité un peu exagéré ... Le fait qu'il fouille son téléphone, qu'il la suive quand elle se rendait à son travail ... puis il y a eu les disputes de plus en plus fréquentes .. et enfin la gifle.
Il n'avait pas supporté qu'elle lui dise qu'il était fou. Elle savait qu'il ne supportait pas ce mot, mais elle l'avait dit quand même. Non, elle l'avait crié, puis répété, répété jusqu'à ce que sa voix s'enraille. Il l'avait giflé pour qu'elle se taise.
Elle était partie suite à ça. Elle savait qu'il ne fallait pas rester après le premier coup, que d'autres suivraient irrémédiablement.Elle était partie mais il l'avait suivi. Elle avait accepté de revenir pour discuter, pour qu'il se calme ... et voilà.
La voici attachée à une chaise du salon, celle qu'il avait trouvé en vide-grenier l'été dernier, qu'elle avait d'ailleurs toujours trouvé immonde.
Elle allait finir égorgé sur une chaise miteuse.
L'homme entra dans la salle tenant précautionneusement une assiette débordant de nourriture. Il s'accroupit à ses côtés et la regarda avec une grande pitié.
« Ma pauvre chérie, pourquoi est ce que tu me forces à faire ça ... tu n'es pas raisonnable aussi ! Tu sais que je ne peux pas vivre sans toi et toi tu t'en vas ! Je suis obligé tu comprends ...tient ouvre la bouche, je t'ai fais une bonne assiette de riz, il faut que tu manges ! »
Il souffla sur la cuillère qu'il lui tendait, pour qu'elle ne se brûle pas, et avança l'objet vers sa bouche, lentement, pour ne rien faire tomber.
Sarah réfléchissait à la vitesse de la lumière. Bon il la séquestrait mais manifestement il ne voulait pas la tuer ... pour le moment.
Elle savait qu'un rien pouvait le faire partir, un rien pouvait la perdre.
Elle ouvrit donc docilement la bouche et réussit à avaler sa bouchée de riz collant.
Elle déglutit.
« J'ai très mal aux poignets »
Il regarda ses mains et écarquilla les yeux : « Mais qu'est ce que tu t'es fait ?? Tu saignes presque ! Mais je t'avais dit de ne pas t'agiter, regarde ce que tu as fait ! Je t'avais dit pourtant de ne pas t'agiter !! Je te l'avais dit !! »
Il paniquait.
C'était pas bon.
« Tout va bien souffla Sarah terrifiée mais s'efforçant de son mieux de garder une voix assurée, il faut juste que tu me détaches et que tu me désinfectes »
Il retrouva instantanément son calme : « Ce n'est pas possible, si je te détache tu partiras à nouveau et ça ce n'est pas possible parce que si tu pars moi ... »
Elle l'interrompit : « Ce ne serait que pour un instant, tu pourras me rattacher avec le drap du lit par exemple, mais ces cordes me font vraiment très mal »
Elle n'eut pas à jouer la comédie pour que les larmes lui montent aux yeux. Elle avait envie de hurler mais fit appel à tout son self-control. Il fallait que ça marche.
Elle pensa à sabelle-mère, une vieille dingue acariâtre, responsable de l'état de cet homme, face à elle. Elle essaya d'imaginer ce qu'il avait pu ressentir quand il était petit, qu'il avait besoin d'amour,d'affection et qu'il n'avait que cette femme pour prendre soin de lui.
D'ordinaire,penser à cela lui faisait ressentir une bouffée de compassion qui l'aidait à lui pardonner ses erreurs.
Mais pas aujourd'hui.
Il la regarda avec méfiance.
Il était fou. Mais si il le fallait, elle pouvait perdre la tête elle aussi ! Si c'était le prix pour vivre, elle était totalement prête à renoncer à sa raison.
Elle fixa sa gorge, elle calcula combien de précieuses secondes il lui fallait pour atteindre la cuisine, le tiroir central du plan de travail, le grand couteau en céramique qu'il avait insisté pour acheter pendant les dernières soldes ... et elle se dit que c'était possible, qu'il fallait qu'elle tente sa chance.
Il se pencha vers elle pour défaire ses liens.
Pendant qu'il bataillait avec le nœud trop serré elle s'autorisa un sourire.
Qui allait être assez fou pour survivre ?

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Un chapitre - Une histoire ♥
Short StoryJ'ai fais ce petit recueil afin de garder une trace des histoires que j'ai inventé pour les concours d'écriture sur le serveur Discord. Je ne les garderai pas toutes, juste celles qui m'ont procuré un petit quelque chose à l'écriture et que j'ai env...