pas de joie, du soulagement

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j'éteins ma bougie en soupirant longuement de fatigue. je commence à m'assoupir quand une lumière acide traverse les fenêtres et vient éclairer la maison entière. je me redresse et entends une voiture se garer dans la cour.

mes sourcils se froncent d'eux mêmes, je me mords la lèvre de peur et me lève du canapé en jetant la couverture plus loin sur celui-ci.

en m'avançant j'entends les escaliers grincer, je tourne la tête.

"papa, qu'est ce qu'il se passe ?"

"je ne sais pas mu-yeol. je m'accroupis devant lui. il se gratte les yeux de sa petite main. remontes te coucher s'il te plaît mon ange"

au même moment, trois grands coups sont assénés à notre porte. on sursaute tous les deux, je me redresse et mon fils s'accroche à mes jambes.

je m'avance vers l'entrée, lui, se tient toujours derrière moi et se cachant de l'ombre régnante dehors.

j'ouvre la porte, les phares de la voiture m'aveugle, une silhouette se dessine devant moi. avec les secondes qui passent son visage aux traits inconnus m'apparaît.

"bonjour, vous êtes bien mr.kim ?"

"eumh... oui, kim taehyung, c'est pourquoi ?"

"je pense que nous devrions parler de ça à l'intérieur. et... seuls, il dit en lançant un regard vers mon garçon, si vous voulez bien."

je sens mon souffle se raccourcir et mon rythme cardiaque accélérer. je me décale pour le laisser entrer et referme la porte.

"mon grand, retournes te coucher s'il te plaît, et ne réveilles pas tes frères, d'accord ?"

il baisse la tête, semble pensif, soudain son visage se lève vers moi et innocemment il me lance.

"papa va rentrer bientôt ?"

ma gorge se bloque, et je ne peux m'empêcher de penser que cet homme peut à tout moment venir du ministère de la guerre, m'apporter de mauvaises nouvelles.

"oui, oui mu-yeol, il va rentrer, j'en suis sûr. lui mens-je. va dormir maintenant."

ma voix se brise et mon corps se met à trembler de quelques sanglots retenus. il monte les marches d'un pas presque discret et disparaît à l'étage.

je me tourne vers l'inconnu et agis vite, je me secoue les cheveux, essuie mon visage quasiment pleurant sa peine et me plonge dans sa cuisine.

"je suis désolé, vous voulez quelque chose à boire ? je peux vous faire un thé, un café, un chocolat chaud."

ou même vous payer si c'est ce que vous voulez tant que vous ne m'anoncez pas que mon mari m'a souhaité adieu.

"non merci, ça va."

je m'active, nettoie une assiette, essuie une table, pousse une chaise, remet un cadre droit, range une casserole.

"pardonnez-moi ça n'est pas très ordonné. je ne m'attendais pas à avoir de la visite, surtout si tar-"

"pardon d'être arrivé à une heure si tardive, la route fut plus longue que je ne l'avais prévu."

je le regarde et déglutis.

"oh... il n'y a pas de problème."

"écoutez monsieur, vous devriez... vous calmez et, et vous asseoir."

"pitié tout sauf ça. je murmure douloureusement en me laissant tomber sur une chaise."

il s'avance et pose quelque papier sur la table devant moi.

"mr.kim, je suis désolé de vous apprendre que, la société des choi, a porté plainte contre la famille qui vous a loué cette maison l'an dernier. maison que certe vous avez fini de payer, mais qui devra vous être retirée le temps d'une semaine ou deux. que les enquêtes policières s'achèvent. je peux comprendre qu'en temps de guerre, il n'y a pas beaucoup d'argent qui tombe chez les familles fermières, mais malheureusement, ni la banque ni l'entreprise choi, ni même le ministère des affaires de justices ne vous offre de logement pendant cette durée. mr.kim ? monsieur vous allez bien ?"

je hoche la tête, le regard fixe sur mes mains, posées sur la table. la course naturelle de mon cœur s'enflamme, ma peau palpite, mes oreilles sifflent, ma vue se trouble et je me pince les lèvres mais j'arrive difficilement à articuler.

"vous... ne venez pas du ministère de la guerre..."

je le vois tendre l'oreille pour m'entendre, ma mâchoire tremblote et j'ai l'impression de défaillir sur ma chaise, prêt à tomber sur le parquet.

"quoi ? oh, non ! non désolé si vous avez cru que... votre mari, je lève la tête vers lui, je travaille pour le ministère de la justice. je ne suis pas..."

je n'en entends pas plus et explose en sanglots, des larmes non pas de joie mais de soulagement dévalent mes joues rouges, la main de l'homme se pose sur mon épaule et je peux vaguement percevoir ses maintes et maintes excuses.

à suivre

-HIRTAE8 

✈reviens - moi/kookvOù les histoires vivent. Découvrez maintenant