Chapitre 1 Petite heure de colle pour commencer l'histoire ✔

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Miranda avait pris l'habitude de se lever 5 minutes avant que son réveil sonne. Cela lui laissait le temps d'émerger et elle ne le désactivait qu'à partir du moment où elle quittait son lit. Elle traîna son corps jusqu'à la cuisine où elle jeta rapidement un œil à son emploi du temps accroché sur la paroi du frigo. Son cerveau n'ayant probablement pas quitté son lit en même temps que son corps, elle eut du mal à se rappeler quel jour on était. Un sourire fendit son visage lorsqu'elle se rappela qu'elle était bientôt en week-end et qu'elle n'avait que deux heures de cours dans l'après-midi. Elle sortit une bouteille de lait de son frigo accompagnée d'un petit basculement de hanches qui ressemblait à ce qu'on pourrait appeler de la danse avant de se stopper net. Fronçant les sourcils, elle regarda de nouveau son planning du jour. Son sourire s'effaça aussi rapidement qu'il était apparu. Ces deux heures de cours... c'était avec son professeur de sciences qu'elle allait les passer.

Dans de telles conditions, il était donc difficile de déterminer si le vendredi était une bonne journée. Certes, elle finissait aujourd'hui à 14h mais elle détestait par-dessus tout cette matière. En fait, elle détestait encore plus le prof qui l'enseignait. Ce dernier l'avait collée hier soir pour une raison qu'elle ignorait, mais bien évidemment elle ne s'y était pas présentée.

- Comme si j'avais que ça à foutre, franchement... souffla-t-elle.

S'inquiétait-elle de la future réaction du prof ? A vrai dire elle s'en foutait royalement ! Personne n'était là pour dicter sa conduite, pas même ses parents qui l'avaient laissée ici pour vivre en Amérique depuis le début de l'année scolaire. Elle ne leur en voulait pas, elle comprenait leur décision. Du moins... c'est ce qu'elle croyait. Son père répétait souvent qu'il était temps qu'elle devienne une jeune femme indépendante pour réussir dans la vie. Ils lui envoyaient une pension alimentaire qui couvrait largement ses besoins, de tel sorte qu'elle puisse se permettre quelques petits (grands) écarts. En échange, ils demandaient qu'elle ait des bulletins corrects.

Alors non, ce n'est pas un professeur merdique comme M. Trafalgar qui allait porter atteinte à sa précieuse indépendance !

Les premiers mots du cours furent lancés par M. Trafalgar.

- Miranda, tu viendras me voir à la fin du cours.

Tout le monde se retournait vers la brune qui lançait un regard moqueur au professeur. Elle avait bien envie de répliquer quelque chose du genre "et si je n'en n'ai pas envie ?". Mais bon... après avoir séché sa colle hier, il était préférable qu'elle se retienne d'ajouter de l'huile sur le feu. Après quoi, le cours put débuter dans un calme trop pesant. Miranda observait avec attention la composition de sa classe : les deux premières rangées étaient infestées de filles qui bavaient sur le prof, près des fenêtres à gauche se trouvait les personnes qui travaillaient sérieusement et suivaient le cours de M. Trafalgar, puis à l'opposé il y avait ceux qui n'étaient pas réellement intéressés par cette matière et qui en profitaient pour organiser leurs sorties du week-end avec leurs copains. Et enfin... il y avait Miranda qui pionçait maintenant au fond de la salle.

Elle ne fut réveillée que par de violentes secousses. D'abord elle crut à un tremblement de terre et elle était à deux doigts de se planquer sous sa table puis, elle aperçut les traits tirés de son professeur.

- Bien dormi ? demanda-t-il passablement irrité.

- Un coussin serait le bienvenue, à vrai dire.

Son regard balaya la salle désertée de ses élèves. Waouh! Je devais réellement être crevée pour ne pas avoir entendu la sonnerie.

- Je ne vais pas prendre la peine de te demander pourquoi tu n'étais pas présente hier.

- C'est vrai que cela ne vous sera pas utile.

En d'autres circonstances, elle aurait probablement pu devenir comme les autres nanas de sa classe : M. Trafalgar avait beau être le prof le plus insupportable qu'elle connaissait il n'en restait pas moins le plus sexy. Son regard gris perçant était soutenu par de vilains cernes noirs, à croire que la vie d'un prof était si crevante que cela. Ses cheveux ébènes légèrement décoiffés ainsi que ses nombreux tatouages apportaient une touche "bad boy" à son style plutôt simpliste. Il laissait toujours quelques boutons ouverts de sa chemise, assez pour qu'on puisse deviner une partie d'un autre tatouage en plus de ceux qu'il portait sur ses bras et ses mains. L'encre s'étendait sur son corps jusqu'aux phalanges de ses doigts. Sur chacune d'entre elles étaient inscrites une lettre formant le mot DEATH. A bien y réfléchir, il n'avait absolument pas la carrure d'un enseignant mais plutôt celle d'un rockeur ou d'un tatoueur. Bref, un métier que les parents de Miranda jugeraient inutile, digne d'une crapule.

Elle laissa échapper un petit rire qui mit fin à ses pensées. Oui, elle voyait bien ses parents dire ça.

- Vous n'avez jamais envisagé à changer de métier ? demanda-t-elle subitement.

- Ma vie privée ne te regarde pas Miranda, répondit-il sur un ton sec.

Suite à ça, elle haussa un sourcil amusé.

- Excusez-moi, dans ce cas je vais rentrer.

Alors qu'elle s'apprêtait à se lever, un rire discret émana de lui.

- Je peux savoir ce qui vous fait rire ?

- Toi.

- Oh ! s'exclama-t-elle ironiquement. Je suis ravie d'apporter un peu de gaité à votre vie morose.

En effet, il s'amusait de son comportement même si parfois il frôlait l'insolence. Il se fichait bien des filles qui le regardait avec cette fascination qui le répugnait. Ces lycéennes en chaleur inspirant plus de pitié qu'autre chose ne l'intéressaient guerre. Et puisque Miranda sortait du lot, il avait décidé de jeter son dévolu sur elle. Cela allait à lui distribuer des heures de colle à tout bout de champ ou à l'évaluer avec un barème beaucoup plus strict. Ses camarades ne sauraient pas l'amuser autant qu'elle le faisait.

- Puisque tu es là, autant rattraper ce que tu as loupé hier. Je suis persuadé que tu étais très déçue de ne pas avoir su te libérer pour me voir.

Malgré son attitude constamment moqueuse, Miranda savait qu'elle ne pourrait y échapper cette fois-ci. Pourtant elle ne s'avouait pas totalement vaincue ! S'il tenait tant à la faire chier, alors autant que ça soit réciproque.

- Très bien, si ça peut vous faire plaisir.

Elle revint à sa place, posant les coudes sur son bureau pour pouvoir supporter sa tête avec ses mains. Elle le fixait, attendant patiemment une quelconque réaction.

- Voilà qui est très raisonnable de ta part, mais c'est beaucoup trop suspect à mon goût.

Il se saisit d'une chaise pour se placer en face de son élève.

- Que mijotes-tu Miranda ? N'essaie pas de t'enfuir lorsque j'aurai le dos tourné, je suis très bon coureur.

- Vous vous rabaisseriez à un tel niveau ? Je suis déçue... Bien que je ne vous porte pas dans mon cœur, je vous considérais un peu mieux que cela.

- Et qu'est-ce que je suis censé en avoir à faire ?

Peu à peu, le sourire de la jeune brune se dissipa. Non pas que ce qu'il venait de lui dire la blessait, mais son avis avait toujours importé tous ceux qu'elle connaissait. Qu'on lui dise qu'on se moque de ce qu'elle pensait l'irritait plus qu'elle ne pourrait l'admettre.

Après avoir majestueusement tiré la langue à son prof -à défaut de lui faire un doigt d'honneur- elle enfouit son visage dans ses avants bras, bien décidée à l'ignorer pendant le reste de l'heure.

La respiration de son élève se fit lourde et profonde au bout d'une quinzaine de minutes. Il se redressa en remettant la chaise à sa place. La capacité des jeunes à s'endormir sur commande était assez impressionnante. Enfin... il était son aîné de 5 ans, lui aussi était un "jeune" aux yeux de leur société, mais cela faisait bien longtemps maintenant qu'il ne s'endormait plus aussi rapidement. Il retourna à son bureau en allumant son ordinateur portable. Il profitait de ce moment de tranquillité pour faire un tri dans sa boîte mail. Personne ne l'avait encore contacté.

Cela ne pouvait être que toi [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant