Cela ne pouvait être que toi [RÉÉCRITURE]

Chapitre 10 Température crescendo

Cela devait faire la cinquième fois que le noiraud passait sa main sur le front en sueur de la brune. Il luttait contre sa fièvre en tamponnant régulièrement son visage d'un linge humide.

- " Vous savez... " elle le regarda se lever pour aller rafraîchir l'eau du récipient, " Je ne vais pas guérir en une heure de temps, ça ne sert à rien de constamment vérifier. "

Il revint sur sa chaise en face du canapé tout en déposant le bol sur la table basse. Ses jambes se croisèrent et son regard dévisagea le minois fatigué de son élève qui se mit à rougir après l'avoir détaillé pendant quelques secondes.

- " Si tu pouvais éviter de proliférer les bactéries en te taisant miss. " il l'entendit soupirer et vit ses joues gonfler de mécontentement.

Sa compote qu'elle avait refusait de manger traînait sur la table basse, il tenta une nouvelle fois de lui remplir l'estomac mais en vain.

- " Tu ferais mieux de faire un effort si tu veux te rétablir au plus vite. " gronda Law en défaisant l'opercule.

Miranda se cacha sous sa couverture en affichant une mine dégoûtée. Absolument rien ne pouvait franchir ses lèvres sans qu'elle ne réprimande un haut le cœur. Elle présenta son dos en signe d'opposition, ses paupières se firent très vite lourdes mais, c'était sans compter sur la détermination de Law.

- " Miranda ne fait pas ta sale gamine ou je te jure que tu pourras te passer de médicaments pour guérir. "

- "Mais je suis fatiguée... ! Et je n'ai pas envie de manger... " brailla-t-elle en le laissant la retourner.

- " Juste un peu miss... ce n'est pas bon de n'avoir rien dans le ventre. " il la soutenait pour qu'elle s'assit contre le dossier, " Aller ouvre la bouche. "

La première cuillère était trop grosse pour son œsophage desséché qui mit du temps à laisser la compote s'écouler. Au bout de la quatrième bouchée, elle tourna la tête en essayant d'avaler ce qu'elle avait déjà dans la bouche. L'acidité des pommes fit grogner son estomac, elle repoussa la main qui tenait encore vers elle une cuillère pleine de ce poison. Il insista pour qu'elle en avale une dernière, le pot n'avait même pas diminué d'un quart.

- " J'ai envie de vomir... " se plaignait-elle en se rallongeant face à lui.

Reposant ce que considérait Miranda comme un engin de torture, il jeta un rapide coup d'œil sur l'horloge.

- " Ce n'est pas encore l'heure du médoc ? "

Il replaça une mèche qui zébrait son visage, effleurant ses lèvres au passage dans un touché délicat.

- " Il reste une petite demie heure à patienter... "

Sous ses doigts, il ressentait toute la fragilité d'une porcelaine ayant perdue son éclat. Sa teinte se réchauffait faiblement sous ses caresses qui désespéraient de lui redonner ne serait-ce qu'une once d'étincelle. Ses paupières vinrent protéger son regard trop claire d'une poussière de verre inexistante qui la fit verser quelques larmes sous les picotements. Le virus l'usait rapidement et couvrait ses traits d'une mélancolie terne. Ses tremblements fissuraient sa fierté, emportant les résidus quand elle accepta l'étreinte de Law pour la réconforter.

La respiration de son élève blottie contre son torse se heurtait au creux de son cou. Le canapé qu'il venait de déplier pour en faire un lit lui laissait assez de place pour ne pas tomber. Ce petit corps en fièvre collé à lui fit remonter des souvenirs de sa mère ne s'occupant jamais de son enfant. Il la laissa emmêler ses jambes avec les siennes et ainsi, combler le peu d'écart entre eux.