Allyden : Un Monde Déchiré

Chapitre 1 : La fuite

Cachée sous un manteau noir, le bord du capuchon créant une barrière visuel à partir du milieu du nez. Accompagnée par un homme, de neuf hivers son cadet, qui se promenait le visage découvert sans aucune crainte. Le garçon avait des cheveux châtains, aux reflets blonds, qui descendaient jusque sur ses cils, ses yeux noisette prenaient une couleur doré sous les rayons du soleil et sa mâchoire était glabre, le rajeunissant davantage.

Tous deux partaient en direction du port et l'homme examinait chaque regard, chaque visage qu'ils croisaient pour être sûr de la sécurité de sa protégée. Les villageois étaient tous méfiants, certains du côté de la Reine, d'autres du côté des Sorcières, les soupçons faisaient partie intégrante du quotidien depuis plusieurs semaines. Le Royaume était divisé.

Un groupe de gardes arrivaient dans leur direction, arrêtant au passage plusieurs femmes pour les examiner. L'homme attrapa la main de celle qu'il accompagnait et entrelaça ses doigts au siens pour se donner du courage, un seul faux pas et leur vie allaient prendre fin. Passant à côté des soldats, le jeune homme ne put s'empêcher de relever la tête, autrefois admiratif de ces hommes courageux qui protégeaient leur pays, il prit sur lui pour ne pas leur cracher au visage son indignation et sa colère.

Le village portuaire paisible de leur enfance avait radicalement changé, un couvre-feu autoritaire empêchait quiconque de se balader la nuit, des horaires fixes pour les marchés qui étaient contrôlés au gramme près et des inspections de chaque embarcation qui osait accoster, même celles des pêcheur résidant à Birgberry.

— Hé ! Vous deux ! interpella un des gardes en remarquant le regard insistant du jeune homme.

Le garçon posa instinctivement sa main sur la dague qui pendait à sa ceinture, son accompagnatrice lui indiqua la prudence avec une simple pression dans la main.

— Oui, monsieur ?

Les soldats s'approchèrent, le regard méfiant.

— Où allez-vous comme ça ?

— Au port, monsieur.

— Pourquoi ?

— Acheter du poisson, monsieur.

Ils étaient à présent devant eux, le regard du jeune homme rivé dans celui qui lui adressait la parole, la tension était omniprésente.

— Quel âge as-tu ? demanda le garde avec surprise.

Le visage de son interlocuteur était dénué de tout défaut causé par le temps, c'était un jeune homme et il était rare que ceux de son âge soit marié. La demoiselle qui l'accompagnait était donc soupçonnée de cacher son identité, elle était soupçonnée d'être une sorcière.

— J'ai dix-neuf hivers, monsieur.

— Qui est-elle ?

— Ma sœur, monsieur.

— Pourquoi ne parle-t-elle pas ?

— Elle est muette, monsieur.

— Pourquoi cache-t-elle son visage ?

— Elle est gravement malade, monsieur.

Le visage de celui qui posait des questions s'obscurcit imperceptiblement, il voyait dans la précipitation des réponses de ce suspect une autre preuve qu'il était coupable. Coupable de collaboration avec une ennemie de leur Reine.

— Soulève ta capuche, ordonna l'un des gardes en se présentant devant la femme qui gardait le silence.

Le jeune homme qui l'accompagnait se crispa, le souffle court face au danger imminent. La sorcière qui l'accompagnait n'était pas du genre à accepter les ordres et encore moins venant d'un ennemi. Alors qu'elle allait répliquer, oubliant par la même occasion qu'elle était censée être muette, son frère se posta devant elle en relevant le menton. Son regard froid, planté dans celui incendiaire du soldat lui faisant face, prouvait sa colère. Leurs visages étaient empreints de fierté et leurs positions autoritaires.