Je me réveille difficilement vers quinze heures et dans un piteux état. Direction la salle de bain pour un ravalement de façade complet. Après un bon récurage de chaque centimètre carré de mon corps, un rasage soigné de mes jambes et une étape beauté express pour mettre en valeur mes yeux, j'enfile une petite robe polo bleu marine bon chic bon genre et des sandales à pompons colorés. Ces derniers temps, depuis que je n'ai plus à porter un tailleur tous les jours pour aller travailler, j'ai un style vestimentaire très varié et je m'essaye un peu à tout selon mon humeur du moment. Mon maquillage est réussi et je me souris dans le miroir, satisfaite. Un des avantages du métier de serveuse est que vous apprenez à vous servir de vos deux mains. Je m'en sors plutôt bien de la gauche, même pour écrire si cela s'avérait nécessaire.
La situation n'est pas idéale mais cela aurait pu être bien pire, le sommeil m'a permis de relativiser et de réfléchir calmement, contrairement à ce matin très tôt. En effet, j'ai une excuse pour papillonner pendant trois semaines, connaître la ville et ses habitants, faire ami-ami avec eux et prendre mes marques. Ensuite, je passerai à l'action et je reprendrai le cours de mon enquête. Après tout, je n'ai pas de délai pour réussir, hormis mon besoin de rétablir ma santé mentale et de connaître la vérité.
Je veux savoir pourquoi mon amie Moïra a fui cette ville ou ses environs, pourquoi elle ne m'en parlait jamais et pourquoi elle a fait les choix qui l'ont amenée à cette fin morbide si loin de ses racines. J'ai tout mon temps, ce n'est plus une question de vie ou de mort, Mo est déjà morte. J'avais appris la patience plus jeune et mon expérience me dit de prendre mon temps car, petit à petit, les gens se confieront à moi sans trop d'efforts. Alors que remuer tout, tout de suite, attirerait les soupçons et la méfiance, et in fine l'échec.
Mes pensées empruntent de nouveau de sombres chemins pendant quelques minutes mais je me ressaisis. Je décide de descendre voir ma logeuse, Madame Jefferson, et de grignoter un truc au passage dans la cuisine au rez-de-chaussée. J'ai bien une kitchenette dans ma chambre qui est en réalité une studette mais je préfère utiliser la grande cuisine accueillante et chaleureuse. La vieille dame qui se tient devant son évier émaillé et fait la vaisselle se retourne pour m'accueillir lorsqu'elle m'entend arriver :
— Bonjour Miss Kincaid.
— Bonjour Madame Jefferson.
— Je vous ai déjà dit que vous pouviez m'appeler Ellie.
— D'accord, mais dans ce cas, appelez-moi Olivia ou Liv.
Elle me jauge de haut en bas et semble approuver ma tenue mais écarquille les yeux à la vue de mon plâtre.
Ouais, j'ai un nouveau compagnon d'aventures...
— Mon dieu, mon petit, que vous est-il arrivé au poignet ?
— Non pas le poignet, c'est ma main qui est cassée.
Je lui raconte alors une version censurée et politiquement correcte pour les oreilles d'une dame respectable de soixante-seize ans de mes péripéties de la veille.
— Bien sûr que je vous fais grâce du loyer pour le mois. Je vous l'ai dit, cela peut même le rester indéfiniment.
— Non, dès que je peux, je vous paye et vous rembourse, en revanche, je continue à participer aux courses. J'y tiens vraiment, ajouté-je quand je sens qu'elle va protester.
— Ellie, quelles sont les activités pour une jeune femme sans voiture qui veut éviter de s'ennuyer dans ce trou perdu ?
— Eh bien, nous avons une petite bibliothèque, un café très sympathique avec wifi, l'église le dimanche et des promenades, il y a de très beaux paysages aux alentours. Ah, et de temps en temps, un cinéma ambulant vient projeter des films.
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INDOMPTÉ (Sous Contrat d'Édition)
RomanceBiker, sexy, irrésistible... indomptable ! *** Quand elle découvre sa meilleure amie sauvagement assassinée, Olivia quitte tout et part sur les traces du passé de la jeune femme, bien décidée à savoir qui a commis un tel crime. Ses recherches la co...