Tombeau royal

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Je me réveille lorsque ma tête heurte le sol. Il fait encore nuit. J'entends la voix de Mordred qui hurle mon nom : "Eril ! Réveille-toi ! Nous sommes attaqués !" Ces mots suffisent à me tirer de mon sommeil. J'aperçois Tyra et Mordred qui font face à une vingtaine de gobelins armés de lances et de glaives. Je me précipite à leur côté et dégaine ma dague.

"Le dragon nous empêchait de venir piller l'endroit, mais vous l'avez terrassé, alors la voie est libre ! lance l'un des goblins, d'un air jovial.

- Tu oublies que nous sommes là, imbécile ! répond promptement Tyra.

- À présent, venez affronter des Chasseurs, ajoute Mordred, avec un semblant d'assurance."

Tyra s'empare de sa hache avec ses deux mains. Mordred sort l'épée argentée de son bouclier. Quant à moi, je passe le tranchant de ma dague sur mon pouce gauche et le fais saigner. Merenwen, gemíste aftí ti lepída me to katharistikó fos. (Merenwen, emplis cette lame de ta lumière purificatrice.) Ma lame émet alors une lueur bleue. Le combat peut commencer.

Tyra commence par décapiter trois ennemis en poussant un hurlement de rage. Leurs têtes difformes roulent sur le sol. Mordred, lui, transperce ou assomme ses ennemis sans un mot. Sa maîtrise du bouclier est exemplaire. De mon côté, je fais de mon mieux pour survivre. J'ai tué deux ennemis, mais ils m'ont donné du fil à retordre. Le premier a bien failli me trancher la tête avec son glaive. Heureusement, je m'en sors avec une simple entaille sur la joue. Le second a tenté de m'empaler tandis que je retirais ma lame du cadavre de son congénère, mais Tyra a brisé sa lance avant qu'elle ne m'atteigne. Je lui ai ensuite planté ma dague dans le cou. Alors que je regarde autour de moi, craignant que l'un de mes camarades ait besoin de ma magie de guérison, je remarque quelque chose qui se cache dans l'ombre, quelque chose de gros. À cet instant, un troll jaillit de nulle part. Il tient une masse énorme et fonce sur moi. Je crains que Tyra et Mordred ne l'aient pas vu. Un gobelin me saute dessus au même moment. Je me retrouve à terre. J'arrive à vaincre mon ennemi mais son cadavre m'empêche de me relever. Le troll soulève sa massue. Il va l'abattre sur moi. Ne pouvant regarder cela, je ferme les yeux. J'entends un bruit métallique et un gémissement. Je les réouvre. Mordred a arrêté le coup avec son large écu. Comment peut-il soutenir un tel poids !? J'entends ensuite le rugissement de Tyra qui entaille les jambes du géant et le met à genoux. Son équipier bondit et vient planter sa lame dans la nuque de la bête. Un râle émane de cette dernière, tandis qu'elle s'effondre. Les quelques gobelins survivants, apeurés par tant d'adresse, commence à fuir le champ de bataille. Un rugissement retentit soudain. Les gobelins s'arrêtent et tournent leurs regards vers le ciel. Un déluge de flammes s'abat sur eux.

Le dragon se pose près de ses proies et entame un festin, cependant que Tyra enlève la créature qui me maintient à terre. Mordred m'aide à me relever. "Tu vas bien ?" me demande-t-il. L'inquiétude se lit sur son visage. Je lui réponds que je suis encore un peu sonné, mais que je porte bien. Son visage s'apaise et il me sert dans ses bras. J'entend son cœur ralentir. Il finit par relâcher son étreinte. Nous nous tournons vers Tyra dont l'attention a été attirée par un gobelin à l'agonie. Il tente de ramper pour se mettre à l'abris. Elle le rattrape, le retourne et pose son pied droit sur lui. Elle s'apprête à l'achever. Mordred l'interrompt et la rejoint, me laissant assis sur un rocher. Il approche sa tête du rescapé et lui demande ce qui peut avoir tant d'importance pour que des gobelins se risquent à venir ici. Nous apprenons ainsi l'existence d'un sanctuaire parmi ces ruines. Tyra finit par abattre le gobelin et Mordred détourne le regard, écœuré par la mort.

Une fois notre souffle repris, nous nous mettons en quête de ce sanctuaire. Le dragon, lui, a fini de se repaître et entame une sieste. Nous nous séparons et errons chacun de notre côté. Je circule entre les tas de gravats fumants et les cadavres calcinés. Une portion des parois de la montagne est gravée d'étranges runes. Ce sont les Anciens, ou un peuple utilisant leur langue, qui les ont inscrites là. Elles forment une arche, qui semble être le cadre d'une porte en pierre massive. J'appelle les autres à me rejoindre et quelques minutes plus tard, nous nous tenons devant ces écritures mystérieuses. Il est écrit : Edó vrísketai o perífimos Elenwen, kóri ton theón kai prostátis tou Cìrth. Je traduis donc à voix haute : "Ci-gît l'illustre Elenwen, fille des dieux et protectrice de Cìrth".

Journal d'un RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant