Première quête

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Trois saisons se sont écoulées depuis que Mordred a fait son apparition. Cet hiver n'est pas trop rude et Mordred, qui cherche encore à faire ses preuves a accepté une quête. J'ai insisté pour l'accompagner bien que mes talents se limitent à la magie de guérison. Étrangement, Mordred a plus foi en mes aptitudes que moi-même.

Voilà deux semaines que nous sommes partis. Deux nuits, cependant, m'ont suffi avant que je ne regrette mon lit bien douillet et ma chaude couverture. Néanmoins, je dois bien admettre que la légère étreinte de Mordred qui cherche à me réchauffer chaque soir n'est pas déplaisante.


Calé entre le feu de camp et le corps de mon sauveur, j'observe les étoiles du coin de l'œil. Je repense alors à cette journée qui s'achève. Mordred a tenté de m'apprendre à me battre avec une épée et un bouclier, mais au vue de ma faible aptitude, nous nous sommes tournés vers la dague. Il m'a montré quelques coups et m'a appris à jongler avec ma lame : je m'en sors plutôt bien selon lui. Ce soir, nous étions assis près du feu. Il a pris un moment pour me dire qu'il n'est pas aisé d'ôter une vie, peu importe à qui - ou à quoi - elle appartient. J'ai lu dans ses yeux qu'il avait déjà dû tuer, et que cela lui avait déplu. Cela explique pourquoi il préfère se battre avec son bouclier plutôt qu'avec son épée. Face à son apparent désarroi, je n'ai pas su que faire. Mon corps, lui, en revanche n'a pas hésité un seul instant à agir. J'ai senti mon bras passer derrière lui et le tirer contre moi. Il a posé sa tête sur mon épaule. Nous sommes resté ainsi un bon moment. Je crois qu'il a pleuré. Puis, il s'est redressé. "Il faut dormir à présent..."

Soudain, je sens le poing de Mordred sur mon torse. Il me sert fort contre lui. Je sens aussi son souffle dans mon cou. Il semble agité. Je me retourne délicatement. Mon visage est à proximité du sien. Mordred affiche une grimace inquiète. C'est alors que mon corps prend encore une initiative : je vois ma main se poser délicatement sur sa joue. Elle est douce. Je murmure : "Chhhh, tout va bien..." et cela semble l'apaiser. Je reste là, à contempler son visage désormais serein. Ses lèvres lisses légèrement entrouvertes laissent s'échapper un petit sifflement à peine audible. Mais la fatigue à raison de moi et je me blottis contre Mordred. Je me laisse ainsi bercer par les battements lents de son cœur et sa respiration détendue.

Je suis réveillé par la chaleur des rayons du soleil sur mes joues pâles. Lorsque j'ouvre mes yeux, je découvre peu à peu le visage de Mordred qui me regarde dormir.

"Enfin, tu te réveilles... me lance-t-il avec un léger sourire au coin des lèvres. Tu as bien dormi ?

- Oui, merci. Mais pourquoi ne m'as-tu pas réveillé plus tôt ? lui demandé-je.

- Tu semblais avoir besoin de sommeil, et une longue journée nous attend alors il faut que tu sois en forme, me répond-t-il avec engouement. Nous touchons au but !"


À propos de cette quête : nous devons retrouvé un Chasseur disparu. Elle se nomme Tyra. Elle mesure près d'un mètre quatres-vingt-cinq - soit vingt-cinq centimètres de plus que moi - et manoeuvre une immense hache à double tranchant. Pourquoi une femme qui semble aussi puissante a-t-elle besoin de notre aide ? C'est là tout le mystère. En effet, elle est parti il y a deux mois déloger un dragon qui a élu domicile au creux d'une montagne tandis qu'un petit village si trouve déjà - ou plutôt si trouvait.

Après un rapide petit-déjeuner composé de baie et de pain, nous reprenons notre route. Mordred semble plus déterminé que jamais et ses foulées s'allongent. J'accélère pour parvenir à le suivre et manque de tomber plusieurs fois. Soudain, Mordred s'arrête à la lisière du bois et lève la tête. Je m'empresse de le rejoindre en évitant les racines et les pierres. C'est là que je l'aperçoit : la montagne. Elle se dresse devant nous, imposante et fière. Son sommet est dissimulé par une épaisse brume. Le son d'une chute d'eau attire l'attention de Mordred. Je reste à contempler la grandeur de ce lieu. Quelques flocons commencent à tomber sur mon visage tourné vers les cieux. Je remarque alors que Mordred n'est plus à côté de moi. Je regarde autour de moi et commence à paniquer. Les flocons se font de plus en plus nombreux et troublent peu à peu ma vision. Un vent frais se lève. J'aperçois néanmoins une silhouette qui se dirige vers moi. Je vais dans sa direction. La personne s'effondre. Je me mets à courir.

Journal d'un RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant