Chapitre 4

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Il y a bien longtemps, dans un royaume lointain, très lointain, ...

— Sérieux ? coupa Éléonore. Un conte ?
— Que n'as tu pas compris dans "Écoutes et observes" ?
— Désolée..., marmonna-t-elle.
Le monstre reprit, sans que l'adolescente ne sache où il était dans les ténèbres.

Il y a bien longtemps, dans un royaume lointain, une famille.
Le père aimait ses deux filles au-delà du raisonnable. La mère, au contraire, n'éprouvait que de l'indifférence, qui se muait parfois en mépris, pour elles.

La maison prit vie sous les yeux d'Éléonore, qui restait figée. Des ombres se mirent à danser aux fenêtres. Des rires se firent entendre. Des cris, aussi.

Vois-tu, cette histoire se passait du temps où je me déplaçais souvent. Et cette famille m'intriguait.

— Tu rapportes toujours tout à toi, lui reprocha Éléonore.
— Que dis-tu ? s' exclama le monstre de sa voix tonitruante.
— Même pour une histoire, tu parles de toi.
— Je parle de ce que je connais, gronda-t-il.
— Alors tu ne connais que toi !
Elle croisa les bras, comme une enfant boudeuse.
— Laisse-moi finir. Garde tes reproches pour plus tard.
Il avait dit cela d'un ton doux, sans colère aucune.
Éléonore regardait, immobile, le paysage qui s'était mis sur pause.

Les habitants de ce royaume étaient en proie au plus grand trouble. À cette époque, loups-garous, trolls et vampires étaient chose commune. Il arrivait souvent que des villages soient attaqués, que des tueries soient commises. Et c'est ce dont les habitants du royaume avaient peur.

Les silhouettes sortirent de la maison. La plus massive d'entre elles -le père- portait des planches. Ses deux filles l'accompagnaient. Ils commencèrent à barricader les fenêtres, tandis qu'une quatrième silhouette tournait en rond dans le salon.

La famille dont je te conte l'histoire n'était pas exempte de ces frayeurs. Le père, surtout, s'inquiétait pour ses deux filles et sa femme. Il était effrayé à l'idée que ceux qu'il chérissait lui soit pris par la chose qui rodait dans ces terres.

Un hurlement de bête sauvage résonna et un froid glacial transperça le pyjama d'Éléonore. Le père poussa ses filles à l'intérieur de la maison et la porte claqua derrière eux.
Éléonore frémit en apercevant une créature sortir de la forêt.
Elle essayait de se convaincre qu'elle ne risquait rien, mais elle se sentait plus seule que jamais, et la subite envie de rejoindre la famille dans la maison ne la quittait plus.
Elle leva la tête vers le ciel et hurla dans le vide, comme si elle s'adressait à un dieu quelconque:
— Mais tu vas les aider ?
La réponse retentit comme un glas.
— Non. Parce que je suis ce rôdeur.

Après minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant