•LVI•

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Une horloge accrochée au mur de l'hôpital affichait 22h20. Seungkwan, assit sur une des chaises métalliques du couloir, paniquait. Il triturait nerveusement la bague en or qui, depuis quelques mois, ne quittait plus son annulaire. Il avait promis à Jia de l'aimer pour le meilleur et pour le pire, dans la santé et dans la maladie et aujourd'hui il était là, dans cet hôpital.

Dans ce couloir sinistre, sans trop savoir pourquoi, il se remémorait les dernières années de sa vie : les plus belles de son existence. Il repensa principalement à Jia et aux moments où elle entra à l'université, où elle eut son diplôme et commença son travail d'interprète au gouvernement mais il pensa également et surtout à l'instant où elle lui dévoila son envie d'avoir un enfant. Le coréen passa ses mains dans ses cheveux, la tête baissée, les yeux rivés sur le carrelage blanc. Il était désespéré, à bout de nerfs. L'inquiétude le rongeait et s'il n'obtenait pas rapidement de nouvelles de sa femme de l'autre côté de la porte, il sentait qu'il deviendrait fou. Depuis leur rencontre, il ne s'étaient plus réellement quittés et ce moment de solitude Seungkwan pensait ne plus jamais avoir à le ressentir.

Le bourreau est sans pitié face à sa victime et la vie fait de même avec les hommes.

La porte s'ouvrit finalement. Une infirmière en blouse bleu sortit de la pièce. Elle retira ses gants tachés de sang ainsi que son masque et vint à la rencontre de Seungkwan. Avec quelques mots et un geste de la main, elle l'autorisa à entrer dans la salle adjacente à la pièce où sa femme avait été enfermée il y a plusieurs heures. Il ne se fit pas prier et s'introduisit le coeur battant à tout rompre. En passant le pas de la porte, il la vit, allongée dans le lit au milieu de la pièce, le regard tourné vers la fenêtre de la chambre, rêveuse. Lorsque leurs regards se croisèrent, un sourire angélique se dessina sur le visage de sa bien-aimée, le rassurant.

- Comment te sens-tu ? demanda t-il en s'approchant au plus près d'elle.

- Je vais bien.

Avec ses mains délicates, elle prit la sienne dans un geste qui se voulait faire apaisant. Son beau sourire ne quittait plus ses lèvres. Elle était en paix, sereine, et elle savait que son désir le plus fou avait été exaucé.

- Regarde.

Elle lui indiqua d'un mouvement de tête un petit landau dans le coin de la pièce. Seungkwan, bouleversé, lâcha la main de sa femme pour s'en approcher. Son coeur s'emballait et menaçait d'exploser puis, en une fraction de seconde, le temps s'arrêta. Il savoura cet instant hors du temps, cet instant où il posa ses yeux sur ce petit être fragile qui dormait paisiblement. Seungkwan observait d'un oeil plein de tendresse ce nouveau venu. D'une main un peu hésitante, il caressa doucement son visage d'ange et se saisit avec délicatesse de son minuscule poignée pour observer le mini bracelet bleu qui y était accroché. En tournant le bracelet, il put lire le nom de ce petit être tant désiré.

" Boo Dae Hyun "

Seungkwan était fier. Fier de son fils, fier de sa famille qui commençait à se construire. Il contemplait ce trésor fait de chair et d'amour et se promit de le chérir comme il chérissait sa femme.

Quelques jours plus tard, la petite famille put enfin sortir de l'hôpital. Ils étaient venus à deux et maintenant ils repartaient à trois. À chacun de leurs pas, ils s'engageait un peu plus dans leur nouvelle vie, celle de parents. 

Après un long chemin en voiture, ils arrivèrent chez eux. Ils poussèrent ensemble, dans un geste symbolique, la porte d'entrée et s'introduisirent dans leur demeure avec leur fils. Dès qu'ils se furent débarrassés de leurs affaires encombrantes, ils commencèrent à s'organiser : Seungkwan alla préparer le biberon du nourrisson et Jia se chargea de s'occuper de lui pendant ce temps. Elle profita de le prendre dans ses bras pour lui montrer cette maison qui, il y a un an de cela, était devenue la leur. Elle montrait chaque recoins de la demeure à son enfant et après être passés dans plusieurs pièces, ils arrivèrent dans le grand salon. Les yeux de la jeune maman ne tardèrent pas à se poser sur une petite commode de la pièce. Un beau sourire se dessina sur ses lèvres et elle s'approcha du meuble tout en parlant à son fils.

- Tu vois mon chéri, bientôt toi aussi tu auras ta photo. On la mettra dans un beau cadre et on la posera juste ici entre ces deux photos de papa et maman, bien au milieu.

Avec sa main libre, elle se saisit d'un des cadres dont la bordure était dorée. L'image sous la fine vitre de verre la captivait. Jia regardait les deux personnes sur l'image et repensa au moment où cette fameuse photo avait était prise. Parmi tout les moments encadrés qui reposaient sur ce meuble, c'était celui qu'elle tenait dans sa main qui lui était le plus cher. Les souvenirs de cette journée passée lui revenait en mémoire. Les odeurs du bois ancien et des fleurs, l'harmonie des motifs du palais et les infinités de couleurs du monde végétale. Tout lui revenait en mémoire et elle se revoyait au bord de ce bassin où Seungkwan les avait pris en photo.

Elle reposa finalement le cadre avec soin et regarda les autres photos qui trônaient fièrement sur le meuble. Elle revivait en quelques sortes l'histoire de sa vie passée avec, dans ses bras remplies d'amour, son futur.

- Mon petit ange, le temps passe si vite. Tu viens à peine de naître et dans quelques années tu seras déjà bien grand. La vie est éphémère et c'est pour cette raison que je ferais tout pour  vous donner, à toi et à ton père, le plus d'amour possible. Mon fils, je souhaiterais que tu saches que le temps est compté mais que l'amour est intemporel. Comme une ressource inépuisable, elle nous fait grandir, nous soigne, nous aide et nous fait devenir ce que nous sommes. Je ne pense pas que tu comprennes grand chose de ce que je suis entrain de te raconter, affirma t-elle en caressant tendrement le nouveau né, mais aussi longtemps qu'il le faudra je te répèterai ces quelques mots doux. La vie n'est qu'amour et toi, mon petit coeur, tu en es l'exemple même, le résultat d'un amour sans couleur, d'un amour sans limites, d'un amour pur et sincère.

Elle déposa un petit baiser sur son front et, tout en le cajolant, elle se replongea dans sa contemplation de tout ces moments qui, dans son esprits, étaient gravés à tout jamais, comme une douce mélodie sans fin.

Is it ... Real ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant