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Isidore

Elle s'assit en quatrieme vitesse sur le banc en metal froid, essouflée par sa course effrénée. Comme d'habitude elle avait eu peur de rater le bus et s'etait mise à courrir comme une dératé, et comme d'habitude, elle n'etait pas en retard et meme plutot en avance. Isidore renversa la tete en arriere et laissa echapper un soupir d'agacement. Le vieil homme à coter d'elle semblait amusé, elle se demanda pourquoi mais n'y pretta pas grande attention. Elle ferma les yeux, trop fatiguée pour preter attention à quoi que ce soit. Nous etions vendredi et elle avait enfin fini sa longue semaine de cours. La fin du trimestre arrivait à grand pas et elle devait absolument remonter ses moyennes. Cette semaine avait été compliqué, les cours l'accaparait et lui prenait tout le peu d'énergie qu'il lui été donné. Deja que ce n'etais pas simple de gerer sa vie personelle, ses amis, sa famille, ses etats d'ames, alors en plus tout ce travail ne l'aidait pas. Aujourd'hui encore, elle avait affronter un controle d'histoire et un autre de philosophie. Mais Isi aimait bien la philosophie. Si il y'avait bien une matiere dans laquelle elle se sentait bien, c'etait la philosophie. Elle aimait parler de choses toutes plus abstraites les unes que les autres et qui pourtant, semblaient avoir un sens dans sa tete. Cela l'aidait, à comprendre, à faire le vide, ces cours etaient l'une des seules choses qui la motivait à venir au lycée. Parce-que la tete d'Isi etait trop pleine, trop remplie d'émotions, trop envahis de pensées, il etait difficile pour elle de se concentrer et d'apprecier pleinement ce qu'elle vivait. Alors parfois elle s'evadait, elle s'enfuiyait du lycée dans lequel elle se sentait enfermée, elle inspirait pleinement et partait en courant, prenait le bus, s'arretait au terminus et allait se refugier au cinéma. Dans le noir le plus total, seule, coupée du monde exterieur, elle semblait apaisée de regarder des films au hasard. Parfois de tres mauvais, parfois de tres bons, comme celui qu'elle avait vu il y'a quelques mois, sur une femme et un fantome. "A ghost story". Ce film l'avait marqué, elle se rappelle meme en avoir rever la nuit qui avait suivie. Il y'en a comme ça, des films tellement frappant qu'ils la touchent au plus profond d'elle-meme. Elle a toujours aimer les films Isidore, les univers tous differents, uniques en leur genre qui lui permettent de partir le temps d'un instant, dans un autre monde. Un monde plus beau.
Isidore rouvrit les yeux, et une goutte de pluie vint s'écraser en haut de sa joue. Elle roula le long de son visage, comme une larme s'échappant. Puis, doucement, une seconde gouttelette apparut, suivis d'une autre, et encore une autre, et une fine bruine se fit sentir contre sa peau. Elle se releva, attrapa son sac abandonné sur le béton, le fit passer par dessus son épaule et secoua ses courts cheveux déjà humide. Elle sourit en voyant ses quelques meches colorées, teintés d'un bleu electrique saisisant. Voila le genre de choses qui la faisait se sentir vivante, teindre ses cheveux sur un coup de tete. Elle était comme ça Isidore. Imprévisible. Elle aimait la surprise.
La pluie avait le mérite de la détendre un petit peu, elle se sentait un peu mieux maintenant, loin du lycée et de ses angoisses incéssantes. La perspective d'une fin d'apres-midi dans un cinéma miteux, à manger un popcorn infame et à regarder un film inconnu lui plaisait bien. Soudain, une voix l'extirpa de ses pensées, une voix grave et rocailleuse. Un homme d'une trentaines d'années environ se dressait devant elle et lui adressa la parole, lui demandant :
- Excusez-moi, vous auriez une cigarette ?