Chapitre 2

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Je me lève de mon lit. Sur le sol de ma chambre se trouvent des habits, des chaussures, mes livres et cahiers de cours. Je devrais vraiment songer à ranger tout ça, la poussière s'accumulant de plus en plus sur les objets que je n'utilise pas, comme mes cahiers. Je n'ai jamais vraiment apprécié l'école, et je crois bien que cela est réciproque.  A vrai dire, l'une des seules matières qui m'intéresse au lycée est le Français. J'aime étudier les textes : décortiquer chaque élément de ces derniers et découvrir ce que l'auteur veut nous cacher mais également ce qui veut nous révéler au grand jour. Je pense que c'est ça le grand pouvoir de la littérature : cacher et révéler. Les écrivains se sont juste inspirés de la vie, elle qui est faite de mensonges et de révélations.

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La sonnerie retentit quand j'entre dans le hall de mon lycée. Ce bâtiment est grand, lumineux, quasi-neuf. Je suis chanceux d'avoir attéri ici, l'autre lycée de la ville étant beaucoup moins sophistiqué et beaucoup moins propre. Ici, les tableaux sont numériques. L'utilisation d'un feutre-stylet est nécessaire pour venir écrire au tableau. Je trouvais ça marrant au début, mais je me suis habitué depuis. C'est ma deuxième année dans cet établissement et je pense qu'elle va être longue. Voire même très longue. Cela fait déjà trois semaines que nous sommes rentrés et je commence déjà à trouver le temps long.

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Je passe la porte et je m'assois à côté de Théo, un des seuls amis que j'ai. Je ne sais même pas comment définir le mot ami. Si "ami" veut dire "personne avec qui je passe la majorité de mon temps en cours, au self et aux récréations", alors oui, Théo est mon ami. Pourtant, je ne suis jamais allé chez lui et il n'est jamais venu chez moi. Pourquoi ? Je ne sais pas. J'étais en train de réfléchir à ce sujet quand mon professeur de sciences m'interrompt :
- Julien... Julien ! Sors tes affaires, s'il te plaît.
- Oui monsieur, lui répondis-je d'un ton sec.
Je n'aime pas du tout quand on me sermonne et mes professeurs le savent très bien. On dirait que c'est un jeu pour eux, qu'ils font tous une compétition pour "Qui fera craquer Julien !"
- Le cours t'intéresse ? me demande enfin Théo.
- J'ai une tête d'élève intéressé là ? dis-je.
- Je ne sais pas, je ne te connais pas par coeur, réplique Théo.
- Tu devrais, depuis le temps.
C'est vrai que cela fait longtemps que je connais Théo. Cela doit faire sept ans. Le temps passe si vite. Je me souviens de la première fois où je l'ai rencontré. Nous étions en primaire et nous devions former des binômes pour jouer à un jeu. Il s'est retrouvé avec moi et depuis ce jour, nous ne nous lâchons plus. J'avoue que je suis généralement méchant avec Théo, tout comme je le suis avec les autres. J'ai appris à me méfier des gens et je ne donne pas ma confiance au premier venu même si cela fait sept ans que je le connais.

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A 16h30, je sors enfin du cours de sciences. Quelle prise de tête ! Je devrais sûrement prévenir mon professeur que l'ADN et les chromosomes ne sont pas des choses qui m'intéressent et que je ne ferai aucun effort pour comprendre ou ne serait-ce écouter son cours. Et puis je la vois assise juste en face de moi. C'est elle. La fille du train. Cette fille que j'ai aperçue il y a maintenant deux semaines et dont je n'avais pas la moindre nouvelle, enfin... le moindre signe de vie. Tout recommence. Mes battements de cœur s'accélèrent, je me retrouve aveuglé par un film blanc qui vient juste se déposer sur mes yeux. Je m'approche d'elle, je lui souris. Elle ne bouge pas, comme une statue. Je suis à moins d'un mètre d'elle quand elle m'aperçoit. Je la vois se lever en moins d'une seconde et s'éloigner rapidement de moi. Je lui hurle "Attends-moi !", mais rien n'y fait, elle fuit. Je décide de la suivre dans les couloirs du lycée. Ils ne sont pas grands, je ne devrais pas trop avoir du mal à la retrouver. Je la vois dévaler l'escalier de droite, alors je prends celui de gauche qui mène au hall du lycée. Les deux escaliers mènent au même endroit, cependant celui de gauche est plus rapide car moins fréquenté. Je cours désormais. Mon cœur se déchaîne dans ma cage thoracique et écrase mes poumons. Je ne sens plus mes jambes et je menace de tomber à plusieurs reprises. Lui ai-je fait peur ? Pourquoi me fuit-elle comme ça ? J'arrive en sueur dans le hall, enfin. A ma grande surprise, elle n'est pas là. Elle a disparu, elle s'est évaporée dans l'air humide. Il ne reste rien d'elle, excepté son souvenir.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 09, 2015 ⏰

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