12) Partir

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"- Nous devons partir Mademoiselle. Et tout de suite."

Et sans me prévenir, Lathos me porte et me pose sur son dos. Elle me regarde, puis regarde la porte, puis la fenêtre. Attendez... Pourquoi regarde-t-elle la fenêtre ?

Et sans crier gare, Lathos court vers la fenêtre. Mais... La fenêtre est fermée ??

"- Lathos, vous êtes sûre de vous ?
- N'ayez crainte Mademoiselle, vous avez peut-être perdu vos ailes, mais pas moi.
- Mais la fenêtre est fermée !
- Vous allez m'aider, vos pouvoirs sont puissants !
- Mais je les ai perdu ! J'ai tout perdu !
- Mais vous aviez perdu vos souvenirs, et vous les avez retrouvé !
- Mais ce n'est pas pareil ! Mes pouvoirs n'existent pas dans ce monde !
- Vous êtes une princesse, une fée, et une déesse. Ces choses-là ne s'oublient pas. Attention, nous y allons !"

Et Lathos sauta par la fenêtre. Je ferme les yeux. Je ne veux pas voir ce qui va se passer.

Lorsque j'ouvre les yeux, je suis toujours sur le dos de Lathos. Enfin je crois... Lathos n'est pas dans mon champ de vision.

"- Lathos ? Où êtes-vous ?
- Je suis là Mademoiselle."

Ce n'était pas la voix de Lathos. C'était une voix caverneuse. Je regarde là où devrait se trouver Lathos.

Mais ce n'était pas Lathos... C'était un monstre, doté d'ailes. Je suis en train de chevaucher un monstre... J'hésite entre crier et pleurer...

"- Mademoiselle, tout va bien ?
- Qui êtes-vous ? Où est Lathos ?
- Mademoiselle, je vous rappelle que je suis une chimère. Et ceci est ma véritable forme."

Donc je chevauche Lathos qui est un monstre. Je ne sais pas comment réagir...

"- Et où allons-nous ?
- À la colonie des sang-mêlé, Mademoiselle !
- S'il vous plaît Lathos, arrêtez de me vouvoyer. Je ne suis qu'une mortelle ici !
- Pour l'instant Mademoiselle, pour l'instant...
- Si vous le dites... Mais puisque je suis une mortelle, je ne peux par conséquent pas aller à la colonie...
- Certes... J'avais oublié ce détail... Alors changement de cap !"

Et Lathos vira de bord. Nous nous dirigeons dès à présent vers le sud, mais je ne sais toujours pas où nous allons...

"- Et cette fois-ci, où allons-nous ?
- Voir une de mes sœurs.
- Vois avez une sœur ? Enfin... Plusieurs sœurs ?
- Je considère toutes les chimères comme mes sœurs.
- Donc nous allons voir une chimère.
- Exactement."

Nous continuons toujours vers le sud. Une grande étendue d'eau se trouve en dessous de nous. Sûrement un fleuve... Non, un fleuve est beaucoup plus petit que cela...
Une mer ? Non, une mer est trop étroite, comparé à ce que nous survolons. Attendez... Un océan ?

"- Lathos, où sommes-nous ?
- Nous survolons dès à présent l'océan Atlantique pour aller aux États-Unis."

Un océan. Nous survolons l'océan... Et moi qui ai pris l'avion qu'une seule fois pour aller en Angleterre...

Je me souviens d'une chose qu'elle m'avait dit... Le fait que je ne peux pas nier qui je suis.

"- Lathos, comment se fait-il que nous ayons réussi à passer la fenêtre, tout à l'heure ?
- Je vous ai dit, vous ne pouvez pas oublier qui vous êtes.
- Je sais, mais j'ai perdu mes pouvoirs !
- Faux.
- Pardon ?
- Ce que vous considériez comme des "dons" sont vos réels pouvoirs.
- Je le sais, mais je n'en ai gardé qu'une centième !
- Et le reste se révélera petit à petit. La fenêtre n'était qu'un début. Vous l'avez fait littéralement explosée.
- PARDON ???
- Oui, vos pouvoirs se réveillent, Mademoiselle."

Le vol dura une heure et demie approximativement. Je ne peux pas le dire vraiment, je n'avais pas pris en compte le décalage horaire... C'est sûr que lorsque l'on part à 17h30, et que lorsque l'on arrive, il est 8h30, on est forcément perdue...

"- Voici Los Angeles Mademoiselle ! Ma sœur habite par ici. Mais je dois me poser dans un endroit où aucun mortel ne sera susceptible de nous voir. Nous devrons marcher.
- Cela ne me pose aucun problème, j'adore marcher."

Lathos se posa dans une forêt. Elle reprit la forme de ma professeure de français, et me dit que nous devons y aller, nous devons partir, dès à présent, et que je ne retrouverai sans doute jamais la maison dans laquelle je vivais avant.

"- N'ayez crainte, ils ne se souviendront pas de vous."

Eux, peut-être pas, mais moi si. Et les quitter, c'est vraiment difficile. Mais je dois m'en aller. Je dois partir.

Merlia, princesse (et déesse) malgré elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant