CHAPITRE 2 - CAMELLIA

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Je n'ai réussi à m'endormir qu'aux alentours de quatre heures du matin. Et mon sommeil était trop agité. J'ai passé la nuit à pleurer puis à faire les cent pas dans la chambre, à réfléchir où ai-je fait une maladresse dans notre vie de couple. Chaque petit détail insignifiant pourrait en être une cause. Et tout un tas de scénarios me passent par la tête : me trompe-t-il depuis tout ce temps ? Est-ce vraiment la seule fois ?

Je me lamente, je marche pour calmer ma colère, je prends un bain pour m'empêcher de sortir de cette chambre et de le tuer dans son lit. Je fixe la grande enveloppe marron sur le bureau, que je suis allée récupérer chez mon père, pendant mon jogging.

Il est cinq heures passé. Il me reste un peu plus d'une heure avant que William ne se réveille. Est-ce qu'il s'est facilement endormi ? Ça m'énerverait si c'était le cas. Pourquoi ce serait à moi de culpabiliser ? C'est lui qui a merdé.

La colère me submerge à nouveau et marcher dans une si petite pièce ne m'aide en rien. Sur un coup de tête, j'enfile mon jogging, une brassière et mon pull de l'université. Je n'ai pas envie de le croiser. Il m'attend peut-être derrière la porte depuis tout à l'heure ?

Je prends mes baskets et attache mes cheveux en queue-de-cheval haute, puis je sors par la fenêtre pour descendre sur la véranda en bois. Je m'accroche du mieux que je peux pour ne pas chuter de trop haut, mais quand je lâche la poutre, l'atterrissage est quand même douloureux dans mes orteils. Je crie silencieusement pour ne pas me faire remarquer et m'enfuie au plus vite de cette maison.

La rue est calme et déserte, le ciel pâlit au levé du jour. Je cours le plus vite possible, jusqu'à ce que mes poumons s'enflamment, que le vent me pique la peau et que les larmes se déversent sur mes joues. Et je pleure, encore...

Je cours ainsi pendant quarante-cinq minutes sans m'arrêter, la douleur étant devenue ma plus grande amie. Après le tour de plusieurs pâtés de maisons, je me retrouve à nouveau devant chez-moi. Mais cette maison aussi belle soit-elle, me fait plus l'effet d'une cage dorée que d'un endroit chaleureux et conviviale.

J'escalade à nouveau la véranda en vérifiant qu'il n'y ait personne. Le jour est plus clair et j'ai l'impression de m'infiltrer chez moi illégalement. Je me rends compte à ce moment que William a pris le dessus sur ma vie. Hors de question qu'il puisse envisager que ce soit réparable.

Sous ma douche, je prends ma décision : tout est fini. Joli ensemble de nuit, cheveux coiffés avec un style décoiffé assez sexy, fond de teint et poudre pour avoir l'air d'avoir dormi 8 heures d'affilées.

En me regardant dans le miroir de pieds, je me sens légèrement plus confiante pour affronter la situation ce matin. Mais mon cœur s'emballe quand même lorsque j'ouvre la porte et que je vérifie s'il n'y a personne dans le couloir. Ça devient de la paranoïa !

La porte de notre ancienne chambre est fermée, je devine que William n'est pas encore levé. Je descends discrètement dans la cuisine, dépose l'enveloppe sur l'îlot et regarde dans les placards ce que je pourrais me préparer. Mon estomac fait la grève de la faim, mais ma conscience me dit que ça ferait trop plaisir à William.

Je prends alors de quoi cuisiner des pancakes, une omelette et du bacon. Le petit-déjeuner que je servais à William le matin de ses anniversaires. Pour éviter de devenir folle, je prends mon casque et mets la musique à fond dans mes oreilles pendant que je bats les œufs. Même si le contexte n'est pas des plus joyeux, Nightmare de Halsey est assez entraînant et les paroles me redonnent le sourire.

Je ne me préoccupe plus du bruit que je peux faire, ni de William qui peut arriver à tout moment. Je me déhanche en rythme, je fredonne l'air et je fais tourner mes pancakes et mes tranches de bacon dans les poêles.
Au moment de battre les œufs pour l'omelette, mon poignet dérape et le fouet envoie un peu de jaune d'œuf sur ma culotte.

Uɴʀᴇꜱᴛ WᴀᴛᴇʀꜱOù les histoires vivent. Découvrez maintenant