- Alors Ali ? Tu viens ou tu restes enfermée dans ta chambre comme une hermite...
- Lache-moi Jeanne... j'arrive à condition que tu ne cries pas et que nous ne faisons pas de courses le long de la mer.
Elle aquiesse de la tête avec un grand sourire. Elle était déjà en maillot de bain et était entourée d'une serviette de plage autour de ses épaules. Je le lève en soupirant et elle pousse la porte emportée avec l'élan d'un cri de joie. Je m'habille d'un maillot deux pièces que j'avais acheté quelques semaines auparavant et je descends les escaliers de la maison. Jeanne est ma petite soeur. Elle a trois ans de moins que moi. Malgré le fait que nous soyons toutes les deux majeurs, nous logons encore chez nos parents. Bon, elle s'est encore normal, elle vient d'avoir 18 ans. J'en ai 21 mais mes parents acceptent que je vive chez eux tant que je paye un loyer.
Ils vivent le long de la mer avec une vue imprenable sur celle-ci lors du soleil couchant. Mes parents sont riches. Je passe la porte de la baie vitrée en essayant de suivre ma soeur à peine majeure qui a un âge mental de cinq ans mais je l'aime beaucoup...
La plage est déserte pourtant il faut beau et le soleil vient taquiner ma peau encore pâle. Nous déposons nos serviette sur le sable clair et fin. Jeanne crie comme lorsque nous étions enfant :
- Le dernier arrivé dans l'eau est une poule mouillée !
Nous nous mettons à courir. Elle court mieux que moi mais le sable ne l'aide pas tandis que moi, toutes les fois où je cours, c'est sur la plage et non sur du béton. Je suis la première arrivée. Quand enfin elle trempe un orteil dans l'eau salée, je la prend par derrière ses épaules et je la jette dans l'eau en criant :
- Poule mouillée !
On bascule et commençons à nous bagarrer en s'enfonçant plus loin dans la mer, jusqu'à ce que nos pieds ne touchent plus le sol. Elle m'écrase de tout son poids. Je m'enfonce petit à petit. Je n'arrive plus à respirer. J'essaye de crier à l'aide mais aucun son ne sort à part une série de bulles d'air. Je sens quelqu'un me soulever mes esprits sont ailleurs. Je ne vois que le néant.Quand j'ouvre les yeux, je vois un jeune homme de mon âge penché sur moi. Je tousse violemment et je m'arrache les poumons à vouloir faire sortir l'eau qui s'y est glissé.
- Ne t'en fait pas Jeanne, ta soeur est vivante.
Tiens... Jeanne connaissait cet ange aux yeux verts qui font rêver ? Je lui poserai plus tard la question.
- Tu vas bien ? acoure Jeanne.
Je tourne la tête vers elle et un sourire s'étire sur mes lèvres. Elle replace une mèche de mes cheveux mouillés par l'eau salée qui s'était evadée de mes cheveux noués en une queue.
J'ouvre la bouche pour dire quelque chose, un petit mot gentil mais une quinte de toux m'arrache les poumons et aucun mot ne s'échappe de ma gorge. Je lève un regard vers le garçon. Il me regarde avec inquiétude. A lui aussi, je souris. Ses yeux verts pétillent comme deux lumières dans la nuit.Nous partons de la plage, Jeanne me soutient par l'épaule pour être sûre que je ne me brise pas en deux.
- Qui est ce jeune homme ?
- Il s'appelle Maxence. Il se baladait sur la plage quand je t'ai enfoncée dans l'eau. Je m'en veux tellement tu sais Ali... Aline Rose Walker, comment se fait-il que tu n'ais pas pris ta respiration avant ?
Je hausse les épaules. Elle sourit et me lance un regard coupable.
- Mais il vient d'où ce Maxence ?
- Il habite une des petites maisons au bord de la ville. Il étudie le droit, comme toi et il a ton âge.
Je réfléchis mais à aucun moment je ne me souviens l'avoir déjà vu.Le soir, de retour dans la villa, je m'allonger sur le lit et ouvre mon ordinateur portable. Je relis mes cours pour le lendemain et m'endors en plein dans la lecture d'une loi. C est mon réveil-matin qui me sort du sommeil à 5h30. Je me lève et prends une douche. Quand je vois mon reflet dans le miroir, je ne me reconnaîs pas. Mes traits sont tirés et mes yeux sont rougis comme si j'avais longtemps pleuré. Je me maquille, je soupire en prenant mon sac et m'en vais pour l'université.
La journée a été longue mais je ne m'en plains pas. Elle m'a permis d'oublier ce qu'il s'était passé et je suis reconnaissante envers mes professeurs qui me soutiennent dans le concours que je m'apprête à faire.
Chacun y met du sien pour m'aider à croire en moi. J'ai eu la chance d'être sélectionnée à cette compétition mentale qui m'opposera à l'école universitaire de la ville d'à côté. Ils sous font concurrence depuis des années et mon université à des chances de fermer à cause de cette école de petits bourges.Ce qui est d'argent, je ne vais pas me plaindre parce que suis assez bien lottie de ce côté là...
Tous les jours en rentrant des cours, je passe à l'agence pour déposer un petit don. L'agence est un lieu où les personnes plus démunies viennent pour espérer gagner un peu d'argent. La dame de l'accueil a l'habitude de me voir arriver pour lui verser une petite somme. Parfois, des personnes viennent me remercier pour ces offrandes généreuses. Pour tout ça mes parents ne comprennent pas que nous soyons de la même famille. Il est vrai que je dois faire tache : tout le monde dans la famille est égoïste sauf moi. Même ma soeur avec qui je m'entends très bien n'a pas les mêmes idéaux que moi. Je prône pour l'égalité de tous mais eux ne pensent qu'à leur fortune et leurs chers sous qu'ils surveillent avec soin.
Il est vrai que maintenant lors des réunions de famille, nous évitons tous de parler de ce sujet sensible qui risque de faire la pagaille comme c'est déjà arrivé il y a quelques années de cela.Jeanne entre dans ma chambre tel un tourbillon.
- Alors tu as vu Maxence ou pas ? le demande-t-elle en souriant.
- Je n'ai pas regardé. Si ça se trouve, il n'est pas dans la même université que moi, tu sais, Jeannette...
Elle soupire. Je la regarde et sourit. Ses yeux en forme d'amande sont si beau qu'on pourrait croire qu'une bonne fée est venue la voir à sa naissance en lui disant : "Tu auras de beaux yeux et tu seras plus belle que ta grande soeur...". Mes parents ont toujours été très content d'elle. Je suis un peu l'ombre de la famille. Des idéaux différents, des convictions autres que celles des esprits paternel et maternel. Ma soeur a toujours voulu suivre leur voie.
Un jour, je me suis réveillée et je me suis dit : je ne serai pas comme eux. Je vais me démarquer. Je vais aider les autres et ne plus être la garce que les gens pensent que je suis. J'ai suivi les mouvements de jeunesse, même si mes parents le désaprouvaient. Le jeudi soir, j'allais toujours aider Madame Tompthson en gardant ses enfants. Je recevais une somme que je donnais toujours à l'agence. Mes parents ne comprenaient pas pourquoi je ne gardais pas un peu d'argent de poche pour plus tard. Du haut de mon petit âge, je me souviens avoir répondu :
- Il y a des gens qui ont besoin de cet argent tout de suite. Vous préférez voir mourir les plus pauvres en étant à votre aise ou vous aimerez savoir qu'avant de mourir, ils ont pu vivre une vie avec une salle de bains correcte et deux chambres pour 6 personnes. Je connais des familles qui vivent dans un deux pièces à 10. Vous trouvez peut-être ça normal mais moi je ne peux plus supporter de lire le journal et de voir que des gens sont morts de froid parce que leur maison n'avait ni d'isolation ni de chauffage !
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À nos souvenirs
RomanceHistoire d'un amour impossible, un Roméo et Juliette moderne... Aline Walker rencontre un jeune homme et très rapidement s'éprend de celui-ci. Mais sa famille et celle de son amour sont contre. Aline bravera-t-elle leur interdiction de se voir ?