Quand on se perd...

Chapitre 2

Le vent souffle doucement au travers des feuillages des arbres. L'humidité me colle à la peau et une odeur de fumé parvient à mes narines. Je peine à voir les alentours du parc à cause de la noirceur. Je distingue quelques balançoires et les traditionnels bancs de parc çà et là. Je n'étais encore jamais venu dans cet endroit. J'ai beau vivre ici depuis longtemps, je n'ai guère eue l'occasion de voir le quartier dans lequel je vivais.

Plus jeune, j'étais plutôt préoccupée à cacher les traces que Stéphane laissait sur mon corps. Jouer dehors, au-dessous des rayons chauds du soleil,avec des amies et inventer des jeux et des histoires sans fin, n'ont jamais été dans mes passe-temps. Les miens ressemblaient plutôt à rester silencieuse quand il me touchait pour ne pas risquer de souffrir encore plus, trouver des mensonges pouvant expliquer mes ecchymoses à mes professeurs et surtout, me faire agresser par mon père adoptif.

Une silhouette apparaît soudainement dans mon champ de vision. Un grand blond ténébreux aux yeux foncés se dirige vers moi : Félix Walker. Une fois devant moi, il me sourit, comme pour me remercier d'être venu. Je ne sais toujours pas pourquoi il voulait que je vienne, mais je suis là et je n'ai pas l'intention de partir tant qu'il ne m'aura pas dit la raison de ma présence.

Félix fouille dans sa poche et en sort un petit sac transparent qu'il me tend. J'observe minutieusement le contenu. Ce n'est qu'une poudre blanche et une paille miniature. Les rumeurs n'étaient donc pas fausse, cet adolescent est bel et bien un « dealer ».

- De la drogue? Quel est ton but au juste? Je ne comprends pas les raisons qui te poussent à me donner ça.

- C'est de la cocaïne. Ce produit m'aide à oublier tous mes problèmes ou tout simplement à les rendre plus supportable. Cela marche pour moi, donc j'ai pensé que... et bien, que cela pourrait t'être utile aussi.

Oublier mes problèmes. Voilà ce que je cherche à faire depuis cinq ans. On m'a toujours dit que la drogue n'est pas une solution et je n'ai pas l'intention d'en consommer. Je n'ai pas envie de devenir accro ou quelque chose dans le genre. Je veux pouvoir m'en sortir par moi-même, sans avoir recours à ces produits.

- Écoute, Félix, c'est très gentil de ta part de vouloir m'aider, mais...

- Mais tu ne veux pas te faire aider et tu ne veux pas te droguer. Ce n'est pas grave, et saches que je te comprends. Par contre, si jamais tu changes d'idée, tu sais où me trouver, me répond-t-il avant de partir dans la noirceur.

Je reste plantée là, au milieu du parc, seule avec pour unique compagnie le bruissement des feuilles. Au bout d'un moment je pars en direction de chez moi. J'en ai vraiment aucune envie, mais mieux vaut ne pas mettre Stéphane en colère. Plus j'y repense et plus j'ai envie de faire marche arrière. De crier à Félix que j'ai besoin de son aide, mais je continue de marcher.

Étonnamment, Stéphane n'est pas à la maison. Rita non plus d'ailleurs et cela me fait le plus grand bien. Avoir une soirée sans la présence de ce monstre est une chose rare dans ma vie et je compte bien l'utiliser pour reprendre mes forces puisqu'une autre tempête devrait éclater.

Je me douche rapidement et me précipite dans mon lit. Je n'ai qu'une seule envie: dormir. Je n'ai rarement eu une nuit complète de sommeil depuis longtemps et cela me serait bénéfique. Je pourrais oublier ma vie, même pour seulement un court instant, mais j'en ai besoin. Avec cela je pourrais tenir encore un moment.

Parce que oui je pense parfois à en finir...