Chapitre 1. Lila.

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Aujourd'hui, comme chaque vendredi, je me retrouvais encore à cette même table, dans ce beau café pas loin de chez moi. Tout en sirotant mon chocolat chaud j'observais le paysage très apaisant de cette ruelle. Elle était bordée de petites fleurs bleues. Les grands arbres qui les surplombaient me couvraient de leur longue ombre étendue jusqu'au bord de ma table. Tout, jusqu'à même le chant des oiseaux, me berçait dans un mélange mélancolique dont je ne sortirais assurément pas de si tôt. Le soleil caressait mon visage. Une caresse presque trop douce pour un après-midi d'été comme celui-ci. Je n'arrivais plus à me sortir de la tête cette douce mélodie de piano de mon enfance. Mes pensées s'éparpillèrent lorsque soudainement des cris ou plutôt des gloussements qui semblaient se rapprocher me tiraient de cet instant de paix.

Je cherchais autour de moi le ou la responsable de tout ce vacarme et c'est là que j'assistais à une scène fortement déplaisante. J'ai horreur des jeunes couples qui se bécotent en public ! Comment peuvent-ils faire ç… ce qu'il font à la vue de tous ?! Rien de mieux pour me mettre de mauvaise humeur …Je commençais à ruminer. Quand je finis par remarquer que l'homme au milieu de toutes ces femmes me fixait, il était déjà trop tard. Il était là. Assis à ma table, le coude posé à côté de ma main et il se passait l'autre main dans les cheveux sans cesser de me dévisager. J'avais déjà imaginé une bonne dizaine de scénarios où tous se terminaient par sa mort mais l'inconnu me prit de court :
"- A force de vous observer, je me dis que ce beau visage est celui d'une petite fille coincée …lança-t-il d'un ton moqueur. Que diriez-vous si je vous proposais de vous amuser un peu avec moi ?"

Sans hésiter une seule seconde je saisis mon verre de chocolat chaud et lui envoya en plein visage ! C'est furieuse que je regardais à présent cet homme, qui, lui, semblait trouver ça amusant. Alors que je bouillonnais, il en profita pour se lécher les doigts un par un avec un large sourire.
"- Savez-vous combien coûte cette veste de costume ? Me demanda-t-il.
-…, je ne pouvais me résoudre à lui répondre.
- Pas loin de 2000€, ma chère. Sans compter le pantalon."

À nouveau ce sourire malsain se laissait grandement apercevoir. "2000€, je ne les ai pas …je n'ai même pas terminé mon manuscrit : "Entre lui et moi". Quelle poisse franchement ! Pourquoi est ce que je réagis toujours de manière si sanguine ?! Bon …réfléchis Lila, réfléchis !"

"Serveur ? appella l'étranger lui tendant un billet. Voici pour le chocolat chaud de mademoiselle." Ébahie, je ne savais même plus comment réagir. Que venait-il de se passer ?
"- Prenez vos affaires et suivez moi.
- Pardon ?
- Pas de questions. Appelez moi Enrique."

Je me tus, ne voulant pas faire de scandale devant mon café préféré et suivis les directives d'Enrique, rangeant mon ordinateur dans sa housse. Il ne put s'empêcher de regarder l'écran qui s'éteignait. Avant qu'il n'ai dit le moindre mot je lui soufflais "c'est personnel, s'il vous plait, laissez ça."

Arrivés devant un grand immeuble, le sourire lui revint : "Je suis journaliste, je pourrais très bien, avec juste un article, faire fermer le café de votre meilleur ami." Je palissais, plus que pendant tout ce long chemin où je me demandais comment j'allais me sortir de cette situation défavorable.
"- Vous n'oserez pas …si ?
- Je suis un homme en qui on ne peut pas avoir confiance, Lila Rose.
- Comment connaissez vous mon nom ?! Est-ce votre boulot de journaliste de vous informer sur des jeunes filles ? Et puis je ne vous laisserais j'aimais détruire le rêve de Maxime !!
- Eh bien pour vos 23ans, vous avez l'air d'une femme pleine de répondant ! Très surprenant. Surtout gardez bien votre confiance en vous …je me ferais un plaisir de vous l'ôter sauvagement.
- Pour qui vous prenez-vous ?
- Vous allez vite le découvrir …"
Enrique m'attrapa par le bras et me poussa violemment contre la porte. Il me pris par les cheveux et les tira pour pousser ma tête en arrière. Je n'eus même pas le temps de réfléchir qu'il avait déjà sa langue dans ma bouche. Un baiser, certainement pas mon premier, mais la première fois qu'on m'en fit un d'une telle brutalité.

Déstabilisée, je ne bougeais pas. Laissant sa langue caresser la mienne. Puis il me lâcha. Il semblait attendre ma réaction. Plus que rapidement je le giflai :
"- Était-ce la réaction attendue ? Demandai-je d'un ton sarcastique.
- Quelle force, finalement tu es bien plus intéressante que ce que je pensais."
Il me prit une seconde fois par le bras et m'attira à l'intérieur. Lorsque la porte se referma derrière moi, le bruit sourd que j'entendai semblait sonner ma fin.

Enrique s'éloignait de moi. Ne sentant plus aucune menace, je me risquais à ouvrir les yeux. C'est alors que je le vis, beau, magnifique même. Ses cheveux foncés à peine coiffé, ses yeux gris dans lesquels on pouvait se perdre. Sa grande taille me surprit lorsqu'il s'approcha de moi. Vu de près, je dois dire qu'il est vraiment plus que sublime. Cet homme - qui portait une tenue assez décontractée avec une chemise où l'on pouvait apercevoir bien plus que le haut de son torse - avait quelque chose qu'on ne voit pas chez les autres …quelque chose qui le rendait encore plus attrayant que le commun des mortels. Je me demandais bien ce qu'il pouvait penser de moi. À sa façon de me fixer, je comprenais qu'aujourd'hui je ne passais pas inaperçue, pas du tout ! Mais que m'arrivait-il ? Ce n'est pourtant que dans mes romans que j'ai à faire à deux prétendants …
*Petite prétentieuse*, me souffla ma conscience. *Y crois-tu franchement ? Deux beaux jeunes hommes pour toi toute seule*
Et pourquoi pas, hein ? J'ai bien le droit de fantasmer, moi aussi j'ai des envies ! Cette curieuse pensée me fit rougir. Ma conscience me disait aussi de me méfier mais je suis de nature attirée par ce que je ne connais pas. Et cette nouvelle situation m'amuse, je dois l'avouer.

"Elle est à mon goût, dit le fameux jeune homme. Eni, emmène-la en haut."
Il avait une voix délicieusement charmeuse, me suis-je dis. Avant même de comprendre ce qui se passait et dans quel pétrin je m'étais mise, j'étais déjà en haut de ces grands escaliers enroulés autour d'une colonne magnifique. Une grande chambre, avec un lit double à baldaquins et des décorations sorties dont on ne sait où se trouvaient devant moi. "Entre, me dit Enrique."

J'avais perdue toute confiance en moi devant une si impressionnante demeure, l'immeuble que je voyais de l'extérieur n'en était qu'une façade. Je m'immoblilisai lorsque je sentis une main passer sur ma hanche et la caresser. Enrique me plaqua contre lui, toujours la main au même endroit sans pour autant faire autre chose. Je m'extirpai rapidement de cette étreinte étrange et me mis à rougir en repensant à ce baiser.

"- Eni ?
- Oui mon frère ?"
Frère ? Ces deux là sont frères ?! C'est vrai qu'il y a une vague ressemblance entre eux qui ne m'avait pas directement frappée mais maintenant, à l'évoquation de ce mot, tout devenait plus clair.
Puis le frère d'Enrique reprit :
"- Tu ne l'aurais pas touchée par hasard ? J'espère bien que non. Rappelle-toi du contrat …
- Mais de quoi parlez-vous ? Leur demandai-je.
- Hum, je l'ai juste embrassée. Rien de plus.
- C'est lâche de ta part, alors que la partie n'a même pas commencée …"
J'étais complètement perdue. Je ne comprenais absolument pas ce qui était en train de se jouer sous mes yeux.

"- Je m'appelle Edward, je suis le frère aîné d'Eni. Je suis désolé de vous brusquer mais il nous faudrait une réponse ce soir.
- Une réponse à quoi ? Exprimez-vous avec autre chose que des sous entendus ! Que fais-je ici ?!
- Hum…dirent-ils en choeur."
Un frisson me parcourut.
"- Allez vous me retenir contre ma volonté …? Demandai-je à présent apeurée.
- Jamais je ne laisserais une telle chose se produire ! Nous ne sommes pas des monstres à ce point là …
- Nous n'avons jamais, au grand jamais, forcé une femme, intervint Enrique. Tu devrais lui dire, mon frère.
- Mmhh …pour faire court, je vous propose d'être notre escort girl d'une journée et d'une nuit, une fois par semaine pour chacun de nous. Et ce pendant un mois pour commencer. On verra pour la suite. N'oubliez pas, si vous acceptez, nous mettrons en place un contrat, vous serrez bien traitée et très bien payée. Je crois savoir que vous avez du mal en ce moment à vous en sortir. Étant donné que vous n'avez toujours pas écrit votre best-seller, cela pourrait plus qu'arondir vos fins de mois et vous aurez du temps pour vous. Deux journées et deux nuits par semaine … Réfléchissez y !

Two Princes For One Princess.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant