Bad Girl & Good Boy (En Pause)

13. Seuls

Les lèvres de Lara s'approchent à vitesse grand V.
J'en perds l'équilibre et me retrouve à boire la tasse. L'eau de la mer pourrait bien remplir mes poumons que je n'arriverais pas à me calmer.

Lara vient d'essayer de m'embrasser et cette fois il n'y avait pas de défi ni de soirée lycéenne. Rien. Juste nous deux.

Je ressors trempé et un peu sonné. Lara sourit avant de regagner la berge à la nage. Je distingue son tatouage de rose sortir des vagues à chacun de ses mouvements.

Nous nous retrouvons sur la plage, allongés au soleil pour nous sécher. Sans un mot.

Entre ma nuit écourtée d'avoir trop pensé à elle et notre premier baiser, ma colère contre mes amis qui ne me soutiennent pas et ma fuite du lycée alors que je ne sèche jamais, les émotions ont raison  de mon cerveau et je sombre dans un état de somnolence, bercé par le bruit des vagues et les cris de quelques mouettes.

A mon réveil, le soleil sur le déclin m'accueille de ses rayons rouges et Lara n'est plus à mes côtés. Je fouille dans mon sac à dos, échoué dans le sable à côté de moi. Mon portable est déchargé : impossible de l'appeler.

Un léger bruit de moteur provient d'un peu plus haut. Derrière moi, la moto de Lara est toujours garée près de la route. Je distingue un bras me faire signe. Qu'est-ce qu'elle fait là haut ?

Je me rapproche et je la vois avec des tâches d'huile sur les mains, son sourire magnifique m'arrache un battement de coeur intempestif. Bon sang, elle est belle tout le temps ! Ce n'est pas humain. Pas pour moi, en tout cas.

"Derek, ne te fâche pas, ok ?" dit-elle elle en levant une main pour se gratter la joue.

Je fixe sans le vouloir la trace noire que son doigt à laisser sur sa peau. J'ai comme un mauvais pressentiment, car Lara ne prend que rarement des gants pour m'annoncer quelque chose. Ça doit être grave, au point que des scénarios atroces défilent dans ma tête jusqu'à tomber sur le pire d'entre eux :

- Ne me dis pas, dis-je en deglutissant, que ma mère nous a percés à jour !

Lara éclate de rire.

- Non... mais ça pourrait, car vois-tu... Nous ne pourrons pas rentrer ce soir. J'ai un petit soucis de carburateur.

- Un quoi ?
- La moto ne démarre plus et...
- Tu me fais le coup de la panne ? La Bad girl me fait le coup de la panne ? Mais c'est quoi ce cliché ?
- Désolée mais je n'y suis pour rien, c'est un coup de lectrices de @AngelicaLiny !
- Mais qu'est ce que tu racontes ?
- Elles ont voté pour ce rebondissement et...
- Mais on est pas dans un livre !
- Ah, en fait si, mais ne t'inquiète pas : l'autrice a prévu le coup. On va aller passer la nuit dans cette auberge.

Soudain, une auberge très vétuste semble sortir de nulle part et se matérialiser sur la colline qui surplombe la route.

- Hors de question ! je m'énerve. Si mes parents pensent que je découche en pleine semaine, je suis bon pour la punition du siècle.
- Dis à tes amis de te couvrir.
- Je n'ai plus de batterie sur mon téléphone alors impossible.
- On en trouvera un à l'auberge. Allez-viens !

Lara jette négligemment son sac sur une épaule et me précède sur un petit chemin de terre, direction l'étrange hôtel de la plage. Il ressemble plus à une maison hantée qu'à une auberge...

J'ai envie de partir en courant. Je ne suis pas une mauviette, soyons clairs. Mais j'ai eu Rose comme soeur aînée et les bad girls comme Rose ont un penchant énorme pour les blagues de mauvais goût et surtout lors de fêtes flippantes telles que Halloween. J'ai de très mauvais souvenirs de mon enfance et de sa période d'ado gothique, de très très très mauvais souvenirs. Les histoires de fantômes me terrifient depuis. Plutôt faire le pire des grand huit dix fois d'affilée que de revivre ça.

Nous entrons dans l'auberge. L'intérieur est encore plus terrifiant que la façade délabrée aux volets grinçants. Des courants d'air caressent mes chevilles et le vent s'engouffre dans l'escalier vermoulu faisant claquer des portes à l'étage.
Lara s'avance vers le comptoir et je pousse un cri de surprise quand deux yeux jaunes sortent de la pénombre d'un couloir.

- C'est juste le chat... me rassure Lara entre rire et inquiétude.
- Je veux partir...

Au même moment, une main s'abat sur mon épaule et mon coeur lâche totalement en envisageant un géant dont le visage balafré me fait penser à soit la créature du docteur Frankenstein soit à un potentiel serial killer.

Ma vue détaille ses mains à la recherche d'une hache potentielle...

- La patronne de l'auberge est absente. Je suis le cuisiner, puis-je vous aider ?

(Le cuisinier ? Est-ce que ce n'est pas l'homme plus fourni en couteaux des lieux ? 😱)

- On voudrait une chambre, annonce Lara.
- Deux, je précise.
- Non, juste une, insiste Lara. On a pas les moyens, me rajoute la jolie brune à mi-voix.
- De toute façon, nous n'avons plus d'autre chambre. L'hôtel est complet, annonce le cuisinier en prenant une clé sur le mur derrière le comptoir de la réception.
- Chambre... 13 ? je lis sur la clés.
- T'es pas superstitieux quand même ? se moque Lara.
- Si ! Toujours dans un coin bizarre par une nuit étrange.

Au moment où je dis ça, le cuisinier frotte ses mains sur un tablier taché de rouge et toutes les lumières s'éteignent. Un éclair lézarde les fenêtres, suivi par le tonnerre et la pluie en rafale.

L'ambiance est pire que tout. Mon cerveau est en train de griller et remarque à peine Lara me prendre la main pour nous mener à la chambre.

Un lit à baldaquin d'une autre époque et un décor assez miteux nous accueillent.
Il n'y a qu'un lit...

- Je prends le canapé, me précise Lara.
- Non, ça ira. Prends le lit.
- Tout ça est ma faute, alors...
- Non: je...
- Si Derek, prends le lit. N'insiste pas.

Je soupire et hausse les épaules. Je n'ai pas l'énergie de me battre. Mon attention est trop concentrée sur le décors et le sourire bizarre du cuisinier quand il nous a proposé de venir le rejoindre pour dîner. Je l'imagine affûter ses couteaux pour faire un plat de Derek et une salade de Lara ! L'angoisse !

Je me retourne et enlève mon Tee-shirt puis mon pantalon et me glisse dans le lit.
Je prie pour que personne ne soit mort dans ce lit quand un affreux craquement se fait entendre. Je me redresse aussitôt et voit Lara éclater de rire. Le canapé qui devait lui servir vient de s'effondrer.

- Derek, je ne voudrais pas abuser mais... peut-on partager le lit ?

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Merci d'avoir suivi ce chapitre ! On se retrouve bientôt avec une suite bien croustillante  ! Aujourd'hui c'était le coup de la panne et l'étrange hôtel qui conduisent les deux héros à rester ensemble toute une nuit.