Alone, but not forever [BxB]

« On compte se mettre en colocation. »

Rien n'avait changé, rien. Enfin si. Une seule chose.

Soën ne disait plus bonjour à Ariel, et cela faisait deux semaines qu'ils étaient à l'université.

Quand Ariel allait se coucher, le brun n'était pas encore rentré, et quand il se levait, l'autre dormait.

Le coloré n'obtenait pas de bons résultats, il coulait littéralement. Et son ami ne s'en rendait même pas compte. D'ailleurs celui-ci excellait, d'après ce qu'il avait entendu. Cette chose le rendait heureux et mélancolique à la fois. Voir que son ami réussissait lui donnait le sourire, mais voir que c'était sans lui et que son absence ne l'affectait pas, lui donnait envie de pleurer toutes les larmes de son corps.

Heureusement qu'Eden était là, sans ses encouragement et son soutient, il aurait certainement abandonné depuis longtemps.

Il était assis sur son lit et ne faisait rien, cela faisait trois jours qu'il n'assistait plus aux cours, mais ça n'avait pas l'air de gêner grand monde.

La porte s'ouvrit, il ne la fermait jamais, peut-être qu'un jour quelqu'un voudra bien aller le tuer pendant son sommeil, et il sera enfin en paix.

— Tu ne vas pas en cours aujourd'hui ? demanda Soën qui était la personne qui venait d'entrer.

— Tu t'intéresses à moi maintenant ? lança méchamment le coloré.

Le visage du brun se décomposa, Ariel cru voir de la tristesse sur celui-ci.

— Non, je ne vais pas en cours, de toute façon j'ai des notes pourrit, répondit finalement Ari'.

— Sérieux ? Mais t'as toujours été bon.

— J'ai plus la motivation de faire quoique ce soit...

Ariel avait envie de baffer son ancien ami. Il lui parlait alors que ça faisait une semaine et demi qu'il l'ignorait ? C'est une caméra cachée, c'est ça ?

— C'est de ma faute ?

Le coloré ne lui répondit pas.

— Je... en fait j'étais venu te dire que... qu'avec Kyle, on compte se mettre en colocation.

Ariel relava la tête. Il avait bien entendu, en colocation ? Il va le laisser, ici, seul ?

— C'est une blague ? Dis-moi que c'est une blague !

— Non... Je sais que tu n'aimes pas être seul, mais ce serait une occasion de réparer un peu cette phobie.

— En me laissant seul ?

C'est au tour de Soën de ne pas lui répondre. Ce dernier alla chercher sa valise avant de la faire, devant les yeux pleins de larmes de son ami.

Ariel avait l'impression que c'était comme une rupture, mais avant même de s'être mit en couple. Il se sentait comme le jour où il lui avait annoncé son homosexualité, nul, mauvais, minable, lâche. Juste après lui avoir avoué ça, Soën avait disparu pendant cinq heures. Le coloré était au bout de sa vie. Mais finalement il était revenu en disant que ça ne changeait rien dans leur amitié.

Le brun ferma sa valise, et dans un dernier regard pour son ami, il quitta la chambre. Une fois dehors il entendit les sanglots d'Ariel mais il faisait comme s'il ne savait pas.

Quelques heures plus tard, Ariel était complètement endormi sur le lit de Soën, il adorait son odeur, il en profitait le temps qu'elle était encore là.

Ses couvertures et son coussin étaient remplis de larmes. Oui, il n'avait pas arrêté de pleurer jusqu'à ce qu'il s'endorme.

Il avait aussi beaucoup réfléchit à ce qu'il ressentait pour Soën. Il s'avait qu'il l'aimait, mais il l'aimait comment ? Comme un ami ou plus ? Il s'était déjà beaucoup questionné sur ce sujet, mais n'avais jamais trouvé les réponses à ses questions.

Est-ce normal d'avoir des papillons dans le ventre quand notre ami nous touche ? Quand il est là, ne vouloir rien d'autre que lui ? De l''aimer à en mourir ? Une fois qu'il n'est plus là, ne plus vouloir vivre ? D'être jaloux à crever quand il est avec quelqu'un d'autre ? Est-ce normal tous ces sentiments envers un ami ?

Il avait vraiment peur, s'il aimait So' plus qu'en simple ami, cela voudrait dire qu'il pourrait encore plus souffrir, puisque cet amour est, et sera toujours inexistant.

Il se réveilla quelques minutes plus tard, après avoir fait un énième cauchemar sur son ex-ami et lui.

Même si c'était l'heure de manger, il décida d'aller prendre une douche. Ils ont une douche par chambre, ce qui est très pratique.

Ariel se déshabilla avant d'entrer dans la cabine, il alluma directement l'eau chaude.

D'ailleurs, celle-ci était brûlante, mais ça ne le gênait absolument pas. Il voulait ressentir autre chose que de la tristesse.

Une chose sur le lavabo attira son attention, le rasoir de Soën – Ariel n'étant pas assez virile pour se raser. Il voulait le prendre et faire des marques sur son bras. Il en avait envie. Il savait comment faire même s'il ne l'avait jamais fait.

Il le voulait que les actes de Soën aient une conséquence, et ce serait celle-ci.

Mais il tourna les yeux et se résigna à l'eau brûlante coulant sur son corps. Il avait une amie formidable, des parents aimant, des études toutes fraîches payées, il n'allait pas se faire ça pour un garçon qui lui a brisé le cœur. Puis, il savait que s'il commençait, il allait avoir du mal à arrêter.

Ariel ne l'avait pas remarqué, mais les larmes s'étaient vite mêlées à l'eau ruisselant sur sa peau.

Il n'en pouvait plus, il voulait partir d'ici, il était seul. Il voulait retrouver sa famille et Juliette chez lui. De plus, il n'avait plus aucune motivation pour travailler.

C'était décidé, il avait pris sa décision.

En sortant de la douche, il prit son cellulaire et envoya un message à ses parents et à son amie : « Je rentre à la maison. » Il savait qu'avec ce simple message il allait les inquiéter, surtout qu'il ne rentrerait pas de sitôt, il allait attendre quelques jours avant de quitter cet endroit.

Il n'en pouvait plus de voir Soën sans pouvoir lui parler ni le toucher.