Chapitre 2

8 2 0
                                    

C'est le néant. Le vide complet. Je plane dans un trou noir, c'est agréable. Je me sens paisible et léger. Qu'est-ce que j'aime ça. Mais depuis quelque minutes j'entends ce bruit incessant et répétitif. Je ne suis plus aussi léger. Petit à petit j'émerge et retrouve la lourdeur de mon corps. Mes yeux s'ouvrent difficilement. Agacé je frappe brutalement l'appareil qui me sert de réveil. Fait chier, c'est trop court. Ma nuit, a été trop courte. Encore.

C'est à regret que je me lève péniblement de mon lit et me dirige vers la douche directement. Sous l'eau chaude je repense à cette nuit. Il faut que cela cesse, je dois trouver une solution à ces insomnies. Les somnifères peut-être. Mouais. Je sors de la douche en repensant aux petites pilules qui feront bientôt mon bonheur.
Quand je regarde mon téléphone il est 7h45 et je suis prêt à partir. J'attrape mes clés de voiture et ajuste ma veste en jean noir.

Lorsque je descend en bas de mon immeuble je marche quelques minutes pour retrouver ma voiture. Lorsque je m'introduis dans l'habitacle je me rend compte que je ne me suis pas attaché les cheveux. Et merde.Bien qu'ils soit courts, les sentir me chatouiller le bas de la nuque me dérange. Surtout quand je conduis. J'ouvre la boîte à gants et trouve un élastique.

Il est 8h10 lorsque je suis arrêté à un énième feu rouge. Les joies de la circulation parisienne. Je vais être en retard. Il faut que j'ouvre la boutique à 8h30. Par précaution je préfère appeler mon gérant, Luc. Je lance l'appel et activé le haut parleur. Après quelques secondes d'attentes il répond.
« - Bonjour morveux. Que me vaut cet appel matinal ? Dit-il joviale.
- Salut Luc désolé de te déranger. Je voulais juste te dire que j'aurais un peu de retard ce matin pour ouvrir la boutique. Je me suis réveillé un peu plus tard que d'habitude.
- D'accord, pas de soucis. Tu as bien fais de m'appeler mais il ne faudrait pas que ça devienne une habitude. Je te fais confiance.
- Oui ne t'inquiète pas, c'était exceptionnel.
- Très bien. Sinon, blonde ou brune la demoiselle? Demandât-il rieur.
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Rigolais-je. J'ai dormis seul Luc, arrête tes conneries.
- Tu me la fera pas à moi. J'ai été jeune moi aussi. À ton âge c'est normal de prendre du bon temps.
- Ouais c'est ça, du bon temps. Allez à plus tard. Dis-je amusé.
- Passe un bon week-end. »

Je laisse échapper un léger rire lorsque je raccroche. Quelques fois j'ai l'impression d'être bien plus âgé que lui. Le quinquagénaire qui me sert de patron ne vieillira jamais dans sa tête. Mais malgré son caractère détendu et un peu mesquin c'est un homme juste, droit et sérieux que je respecte énormément. Il m'a énormément aidé dans ma jeunesse. C'est lui qui m'a donné ce boulot lorsqu'il m'a rencontré et qu'il s'est rendu compte que je prenais le mauvais chemin. Il m'a apprit à me responsabiliser, à être sérieux. À devenir un homme. Il m'a tout apprit. Et je ne serais jamais assez reconnaissant envers lui. Il est un peu mon modèle. Le travail qu'il m'a donné à la boutique est un travail que j'affectionne et qui  me convient parfaitement. Penser à lui me rappel que l'anniversaire de sa petite fille, Julie, arrive bientôt.

Enfin arrivé devant l'enseigne qui m'est plus que familière,  je sors les clés de la boutique. Je remonte la grille métallisée et déverrouille la porte. En entrant les clochettes accrochées au dessus de la porte retentissent. Je désactive l'alarme et me dirige vers l'arrière boutique. J'en ressors ma veste en moins mais un ballet et une pelle à la main. En nettoyant je vérifie que chaque objet est à sa place. J'observe toutes ces merveilles.

La boutique possède toutes sortes d'objets provenant de nombreux pays. Des services à thé d'origine japonaise datant de dix-huitième, des pipes anglaise du dix-neuvième où encore des boîtes à bijoux française issue de la renaissance. Nous avons aussi une variétés d'objets de style vintage dont beaucoup proviennent des États-Unis.
Les prix varient également. La plus part de ces objets sont estimés en fonction de leurs origines et de leur histoire. Nous possédons donc de nombreuses pièces de collections qui se vendent à  quatre chiffres minimums. En général ces pièces sont gardés dans le dépôt qui est sécurisé.
C'est une véritable passion pour moi. Tout ces objets remplis d'histoire me fascine. Ce sont des témoins, qui a la différence des hommes, sont immortels. Ils transportent l'histoire et ses mystères. C'est comme cet appareil photo sur pieds du dix-huitième qu'on vient de recevoir. Qui sait le nombre de personnes, de familles, d'événements qu'il aurait photographié. C'est la question que je me pose lorsque je le met en vitrine. En espérant qu'il attire un client.

Il est midi lorsque je profite du calme de la boutique pour faire les comptes. En général les habitués passent tôt dans la matinée. Et les nouveaux clients sont assez rares. Le plus souvent ce sont des connaisseurs qui s'aventurent dans la boutique, à la recherche de quelque chose de bien précis.

Lorsque je déverrouille le coffre contenant le livret des comptes j'entends mon téléphone sauné dans la boutique.
En regardant l'écran je suis surpris du nom qui s'affiche.
« - Allô ? Léa, y'a un problème ? Demandais-je inquiet.
- Tu serais pas avec mon frère par hasard ? Soufflât-elle.
- Non je suis pas avec Léo pourquoi ?
- Il m'a encore oublié, ça va faire une heure que j'attends devant la piscine les cheveux mouillés.
- Merde, il doit sûrement être entrain de bosser Léa. Je vais l'appeler.
- Ouais appelle le, on verra bien si toi il te réponds. Me dit-elle agacé. »

La petite sœur de mon meilleur ami me surprendra toujours, elle et son répondant. Je sens la grosse dispute de frangin arriver à des kilomètres.
Léo est mon meilleur ami depuis la terminale.
À la mort de ses parents il a dû faire des pieds et des mains pour s'en sortir avec sa petite sœur, Léa. Et bien qu'ils devraient être plus unis que jamais, les disputes sont leurs quotidien. On pourrait dire que c'est l'âge, mais pas du tout. Léa est toujours très affectés par la mort de ses parents. C'est elle qui les a retrouvés tout les deux, sans vie, allongés sur leur lit entourés de médicaments et de bouteilles d'alcools. Elle n'avait que 11 ans.
Léo aime sa sœur malgré son comportement. Il comprend. C'est un mec bien qui en réalité ce bat pour que sa sœur soit heureuse.

À la troisième sonnerie j'entends la voix essoufflée de mon ami.
« - Oui je sais pourquoi tu m'appelles et non je ne l'ai pas oublié. Je suis juste en retard. Il répond essoufflé.
- Ouais c'est ça. En tout cas elle est en rogne et tu répond pas à ses appels.
- J'en ai rien à foutre qu'elle soit en rogne, j'arrive de toute façon. Et c'est pas que je répond pas à  ses appels, je les ignores, nuance.
- Compte pas sur moi pour jouer le messager. Vous me cassez les couilles tout les deux.
- Ouais, ouais. Et toi comment ça se fait que t'as autant de temps pour répondre à ses appels ? T'es pas à la boutique ?
- Si si. C'est calme donc j'en ai profité pour faire les comptes.
- Les comptes hein ? Qu'est-ce que ton cher patron ferait sans tes talents de comptable ? Dit-il moqueur.
- Ferme ta gueule Léo moi au moins je mets à profit mes cinq putain d'années d'étude. Répondis-je exaspéré.
- La ferme, qui voudrait d'un comptable avec des locks hein ? On est en France, l'oublie pas.
- Pour une fois je suis d'accord avec toi. Allez grouille avant que ta sœur décide de monter sur le scooter d'un inconnu et de se barrer.
- Elle a pas intérêt ou sinon je la tue de mes propres mains. »

Après cet échange avec mon meilleur pote, je décide de me remettre au travail. Plus que trente minutes avant la fermeture.
Je me demande si Natasha bosse au bar ce soir. Je sais que le week-end elle n'est pas là d'habitude mais il me semble qu'elle avait besoin de tunes en ce moment. Je l'appellerai avant de partir.
Il me tarde de retourner au bar et de retrouver l'odeur âcre de ces doux nectars aux divers pouvoirs magiques. Et bien évidement j'ai hâte de revêtir ma veste de psychologue, vers 01h30, lorsque quelques clients seront déjà bien amochés et commenceront à me cracher dans des bredouillements confus leur vie qui m'intéresse peu.

Je regarde l'heure une dernière fois sur mon téléphone et reprend mon stylo. Je m'apprête à me remettre au boulot lorsque je vois une femme s'arrêter devant la vitrine et observer l'appareil photo. Elle le regarde avec intérêt. Je ne pense pas qu'elle s'y connaisse en appareil photo ou autre. Elle a plutôt l'air de découvrir. Je ne l'ai jamais vu à la boutique ou du moins je ne m'en souviens pas. Bien que des cheveux pareil vous marques à vie.
Elle détail l'appareil puis se met soudainement à rire. Seule. Elle est folle ou quoi ? Je la regarde amusé et en profite pour la mater un peu. Elle est mignonne, mais pas mon style. Son regard ne se porte plus sur l'appareil mais sur moi. Elle a sûrement dû me voir entrain de me foutre de sa gueule. Je continue de rire mais je me fige très rapidement. Lorsque nos regards se sont croisés, j'ai vu ce feu ardent qui ne demandait qu'à être libéré.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : May 28, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Renaissance Où les histoires vivent. Découvrez maintenant