II

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Je me rassois face à toi, nos deux écrans interposés. Je me prends à rêver aux traits de ton visage, aux nuances de ta voix, au velours de ta peau. Je suis émerveillée par toi et je sais profondément que je n’oserais jamais te le dire. Comment expliquer, sans paraître complètement ridicule que l’autre en face nous fascine. Parce que c’est bien le cas, tu me fascines. Des similitudes d’abord, des traits en commun et le bonheur sans nom de se dire que quelqu’un nous ressemble. Des fous rires ensuite, des sens de la repartie, des bons mots qui fusent et rebondissent en harmonie contre nos cages thoraciques. En tous les cas, la mienne est perforée sur mille endroits et tous ces endroits ne parlent que de toi.

Je souris à la lecture de ton message, et je suis happée par cette énième découverte que je fais de toi. Tu aimes les balades en forêt, le bruit des branches qui craquellent sous tes pas et les perles de rosée qui enrobent les surfaces. Je me suis envolée et nous vois nous promenant, nos doigts entremêlés, visualisant sous mes yeux les réalités dépeintes par ton clavier. Je me mords la lèvre et réprime ce que j’ai envie de te dire à ce moment-là, je ne voudrais pas te brusquer.

Nous discutons longtemps encore, et entre temps j’ai déplacé mon sésame entre mon bureau et mon lit pour garder le fil avec toi tout en étant allongée. Je me sens dans un cocon de douceur. Il ne me manque que ta présence à mes côtés et le besoin viscéral de te serrer dans mes bras.

- Eugénie?  

- Oui, Énéa?

- Tu veux bien poser ta main sur ton écran?

Sans une réponse, j’accede à ta requête. Je sais que tu fais la même chose. Et je ne saurais expliquer pourquoi, là, contre l’écran de mon ordinateur, la sensation d’avoir ta main contre la mienne.

Un frisson sans nom vient de me perforer le coeur. Ma mille et unième entaille.

La chambre d'hôteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant