Partie 2 : Baiser à durée indéterminée

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PDV Astrid

Cela faisait quatre semaines que j'étais dans ce lit. Quatre putains de semaines pendant lesquelles je n'avais eu le droit de me lever. Je devais juste rester immobile le temps que je guérisse. En plus, Tempête était aussi mal en point que moi. Kognedur était chargée de me laver et de s'occuper de tout ce qui pouvait être un peu délicat à faire par Varek, ce qu'elle faisait avec un sérieux que je ne lui connaissais pas. Malgré tout, ce n'était pas la personne que j'aurais voulu voir s'occuper de moi comme ça. Certes, Harold venait me voir tous les jours, me donnant des nouvelles de ma dragonne, et m'apportant mes repas, mais j'aurais préféré que ce soit lui qui reste plutôt que Kognedur. Mais bon, cela devait sans doute le gêner. Après tout, ce n'était pas comme si j'avais le droit d'exiger quoi que ce soit de sa part. Je n'étais jamais que sa meilleure amie. Malheureusement pour moi. En plus, il ne pouvait de toute façon pas m'aimer. Je ne lui arrivais même pas à la cheville. Il méritait quelqu'un avec un statut social plus élevé que le mien. Lui était fils de chef, moi j'étais juste... une Hofferson. Je n'avais aucun rang particulier, ma famille était juste connue pour sa très grande force mentale.

Harold débarqua dans ma hutte, dont le lit avait été déplacé en bas. Il portait dans ses bras un plateau de bois, remplit de victuailles. Je ne comprenais pas pourquoi il s'acharnait toujours à apporter autant de nourriture alors qu'il savait très bien que je ne mangerai pas tout.

- Bonjour Astrid ! Alors, au menu de ce matin, deux cuisses de poulet rôties, deux poissons tous justes grillés par Krokmou, deux pommes et deux morceaux de pain.

PDV Harold

A chaque fois, j'apportais le double de ce dont elle avait besoin, dans l'espoir qu'elle me demande de manger avec elle. Mais elle ne semblait pas comprendre. Je n'osais pas lui formuler clairement. Elle penserait sans doute que c'était stupide de vouloir manger avec elle, alors que je pouvais tout aussi bien manger avec les autres au pavillon central.

- Bon appétit !

Je restais encore quelques secondes, attendant de voir si elle avait enfin compris ce que je voulais. J'avais pourtant bien insisté sur le « deux », je ne pouvais pas faire plus clair ! Voyant qu'elle me remerciait et commençait à manger, toute seule, sans me proposer quoi que ce soit, je m'éclipsais, déçu. Pff, j'étais ridicule. Moi, le maître des dragons, celui qui avait eu assez de courage pour tuer une Mort Rouge, je n'étais pas capable de dévoiler mes sentiments à celle que j'aimais, dans la peur qu'elle ne me rejette. Je me sentais stupide, et lâche.

***

Est-ce que j'avais le droit de faire ça ? J'imaginais que non. Pourtant, je le faisais. Je savais pourtant les risques que je prenais en venant la voir en pleine nuit, quand elle était endormie. Il suffisait d'un seul faux mouvement, d'un seul bruit, et elle se réveillerait. Je m'agenouillais près d'elle, observant son visage serein. Ses cheveux blonds s'éparpillaient autour de sa tête comme des rayons de soleil tombés du ciel pour venir la couronner. Mais, depuis étais-je aussi romantique ?

Je mourrais d'envie de lui prendre la main, ou du moins d'avoir un contact physique avec elle. Juste lui caresser la joue ou bien les cheveux. Mais par-dessus tout, je mourrais d'envie d'embrasser ses douces lèvres rosées. Je n'avais jamais ressenti cela avant. En fait, j'avais réalisé que je l'aimais en la voyant au sol, baignant dans son sang. J'avais failli la perdre. Ce n'était certes pas la première fois qu'elle se blessait, mais c'était la première fois qu'une de ses blessures était aussi grave. La preuve, c'était qu'elle avait du fer de Gronk dans la cage thoracique. Je croisais mes bras sur le rebord du lit.

- Astrid... Si tu savais comme je t'aime... murmurais-je.

Si elle savait... Moi-même, je ne savais pas qu'il était possible d'aimer à ce point. Je restais avec elle jusqu'à une heure avant l'aube, puis m'enfuyais rapidement, pour avoir le temps de dormir un peu et ne pas paraître complètement mort de fatigue.

PDV Astrid

J'étais encore sous le choc. Je n'avais pas dormi de la nuit. En fait, je savais qu'Harold venait veiller sur moi, mais je ne lui avais pas dit, sachant qu'il préférait garder ça pour lui. Il m'avait réveillé en entrant, la veille. Il s'était ensuite agenouillé près de moi. J'avais gardé les yeux fermés. Et il avait murmuré cette phrase à mon oreille, une phrase à présent gravée dans mon esprit. Si tu savais comme je t'aime. Je m'étais figée en entendant cela. C'était ce que j'avais toujours rêvé d'entendre, et pourtant j'avais été et j'étais toujours incapable de trouver la réaction adéquate. J'étais partagé entre un immense bonheur, du soulagement, et de la peur. Peur qu'il n'ait de toute façon pas le droit de m'aimer. Si c'était le cas, alors j'aurais préféré qu'il ne dise rien.

La journée se passa similairement aux autres. Kognedur venait m'aider à faire ma toilette, puis Varek venait me faire marcher et panser mes plaies, Harold venait m'apporter mon repas, et Krokmou venait me tenir compagnie l'après-midi, me donnant des nouvelles de Tempête, même si je ne comprenais pas toujours ce qu'il voulait dire par « grrrr ». Enfin la nuit tomba. J'avais envie d'avouer mes sentiments à Harold, lui avait eu le courage de le faire, mais je n'osais pas. Je me couchais dans mon lit. Normalement, Harold viendrait dans quelques heures, quand la lune serait au plus haut dans le ciel. J'attendis pendant ce qui me parut l'éternité, et enfin, j'entendis le grincement de la porte qui me signifiait qu'il entrait. Il vint sur la pointe des pieds jusqu'à mon lit, et comme toutes les nuits, il s'agenouilla près de moi, les bras croisés sur le lit. Je mourrais d'envie qu'il me redise la phrase d'hier soir.

- Non... Je devrais pas... murmura-t-il.

Il ne devrait pas quoi ?

- Tu vas me détester si je fais ça, je n'ai pas le droit.

Il me parlait, mais pensait que j'étais endormie et que je ne l'entendais pas. Il semblait hésiter à prendre une décision.

- Et puis tant pis. De toute façon, au pire, elle me détestera.

Je l'entendis bouger, se redresser sur ses genoux. Je sentis bientôt son souffle sur mon visage. Est-ce qu'il allait m'embrasser là, où je rêvais ? Semblant hésiter malgré le fait qu'il se soit dit qu'il le ferait quand même, il resta quelques minutes penché au-dessus de moi, ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Au bout d'un moment, en ayant marre et ne pouvant me retenir, je levais brusquement les bras, crochetais sa nuque et levant la tête, l'embrassais moi-même. Par Thor que c'était bon ! La surprise et la frayeur le paralysèrent, si bien qu'il ne réagit pas immédiatement. Pourtant, quand il comprit que j'étais en train de l'embrasser, il ne se fit pas prier pour répondre à mon baiser. Lentement, sans qu'aucune parole ne soit échangée ni que nos lèvres ne se séparent, je l'attirais sous la couverture, tant et si bien qu'il se retrouva au-dessus de moi, les mains de chaque côté de ma tête pour ne pas m'écraser, ce qui serait une mauvaise idée compte tenu de mes blessures. Je fourrageais dans ses cheveux. Des milliers de sensations inconnues faisaient irruption en moi comme un volcan en ébullition. Nos lèvres se livraient à un duel enragé, plein de passion et d'amour. C'était mille fois mieux que tout ce que j'avais pu imaginer. Nous respirions bruyamment, ne voulant pour rien au monde interrompre ce baiser, même pour reprendre notre souffle. Peu à peu, mes mains descendirent d'elles-mêmes sur son torse, traçant sous son t-shirt le contour de ses abdominaux renforcés par des années de vol et de travail à la forge. Je ne savais pas d'où me venait cette soudaine confiance en moi, mais en tout cas, j'appréciais grandement sa présence.

Et si...? Non, impossible... (Twoshots)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant