Je crois bien que tout a commencé lorsque j'avais 6 ans, je n'en suis pas totalement sûre. Alors que de sa voix rauque mon père clamait « n'oublie pas Luna, ne t'approche pas des lampes, et n'allume pas la lumière » je ne pouvais m'empêcher de remarquer l'étrangeté de la demande. D'habitude, enfin je crois, d'après mes amis de l'époque, les parents conseillent plutôt de garder la lumière allumée si l'on a peur du noir (ce qui était et reste mon cas à l'heure actuelle). Et même lorsque l'on n'a pas peur du noir, la lumière a quelque chose de rassurant, de chaud. Eh bien, pas dans ma famille. Nous étions évidemment munis de lampes, seulement, nous ne les allumions jamais, ou bien lorsque nous les allumions, nous évitions d'être dans le rayon de lumière produit et touchant une surface plane. Comprenez moi bien, nous restions assez proches pour voir ce que nous faisions, seulement nous n'étions jamais proche de la lumière produite directement par l'ampoule ou la flamme.
Enfin, peu importe, tout ça pour dire qu'à 6 ans, obéir n'étant pas ma priorité, je me suis approchée de la lumière. Je n'arrive toujours pas à définir si ce fût une bonne ou une mauvaise idée, seulement voilà, je l'ai fait, et j'y ai trouvé la réponse que je cherchais. Deux heures plus tard, mes parents revenaient pendant que je les attendais sagement assise à côté de la lampe sur le canapé usé et poussiéreux. Dés que le bruit de la vieille Rolls retentit, je sautai du canapé et ouvrit la grande porte de bois bien avant que mes parents ne puissent le faire avant de leur hurler de m'observer, fière de ma trouvaille (vous comprenez, loin d'une enfant de 6 ans l'idée de se dénoncer, l'excitation était telle que l'interdiction en avait été oubliée). Arrivée à l'orée du cercle de lumière, la main tendue, je me saisie de la lumière comme d'un objet matériel, sans être aveuglée un tant soit peu par l'immense lumière dont mes mains avaient alors prit possession, et dont l'ampoule était à présent vide. Le sourire fier que j'affichais alors fût balayé par l'extrême tension dont la pièce s'était emplie dés lors que mes pas s'étaient dirigés vers la lumière. Le visage de ma mère, terrorisée, ne faisait qu'accentuer le terrible sentiment que j'avais d'avoir commis l'erreur de ma vie. Debout, fébrile, tenant dans ma main le seul puit de lumière de la pièce, pour la première fois de ma vie, j'avais senti le poids du secret alourdir les murs de la maison.
Pendant des mois, j'ai cru échapper au destin qu'on m'avait prédit suite à cet incident. Je continuais l'école, plutôt douée, je me faisais des amis, à qui j'évitais volontairement de parler du don dont j'avais hérité de mes parents. Si j'avais osé, dieu seul sait les conséquences (d'après mes parents) que cela aurait eu. Seulement, un après-midi pluvieux, des coups lourds avaient été frappés sur la porte massive en chêne, et malgré moi, mon estomac s'était retourné en entendant les pas de mes parents se précipiter pour ouvrir. J'avais ensuite descendu les marches de l'escalier miteux pour observer la scène. Trois hommes et une femme de carrure musclée et forte se tenait sur le paillasson, droits, le visage sévère. La femme, possiblement chef de troupe, était légèrement plus avancée que les hommes et avait toisé les alentours avant de poser brièvement les yeux sur moi pour finalement les tourner vers mes parents. Elle s'était annoncée puis avait annoncé ses voisins avant de tendre une main couverte de cicatrices à mon père qui l'avait serrée avec froideur.
« Nous sommes partis dés que nous avons reçu votre message, avait-elle annoncé. Le voyage fût mouvementé, mais nous voici. Peut-on voir l'enfant ? Je veux dire, de plus près. »
Ma mère avait alors tourné la tête vers l'escalier, comme étonnée de me voir à son pied, son teint devint livide, terne. Mon père me fit signe de le rejoindre. Obéissant aux ordres on ne peut plus clairs de mon père, j'avais avancé dans leur direction et je m'étais mise entre mon père et ma mère, sachant qu'ils ne constitueraient pas une protection pour autant. La femme invita l'un des hommes à agir comme si la procédure qui allait suivre était habituelle. Il s'était accroupi devant moi et une lampe torche à la main, l'avait allumé en direction du plafond.
« Veux-tu bien attraper la lumière ? » avait-il demandé d'une voix douce.
Les yeux axés sur les rayons de lumière, j'avais tendu la main et imaginé cette même lumière comme un voile doux de soie, que je pourrais saisir comme l'on saisit un vêtement fragile. Dés lors que mes doigts avaient effleuré le premier rayon, la lumière avait prit la forme solide d'un voile de soie aussi doux que peut l'être la plus belle des soies, ne perdant pour autant pas sa luminosité et son intensité. J'aurais pu être carrément fière de l'exploit que je venais d'accomplir si seulement je n'avais pas compris qu'il marquait la fin de tout ce que j'avais connu jusqu'à présent.
L'homme s'était relevé, avait fait un signe de tête à la femme et m'avait ensuite souri de la façon la plus réconfortant qu'il avait pu. Alors, ils avaient tous quitté la maison à l'exception de mes parents qui regardaient à présent le sol. Pendant une bonne minute, j'avais gardé le silence, espérant que quelqu'un prenne la parole puis j'avais toussoté.
« Donc, je vais partir ? »
Ma mère n'avait pas bronché alors que mon père avait serré le poing. Il s'était ensuite baissé à ma hauteur et m'avait attrapé les épaules.
« Luna, écoutes moi bien, seul les gagnants revoient un jour leurs parents, seuls les plus forts méritent cet honneur. Ta destinée est toute tracée comme la nôtre l'a été. Tu vivras la vie d'une battante, et tu te battras pour revoir ta famille, tu m'entends ? »
Abasourdie, je me souviens n'avoir pas répondu, d'avoir simplement senti ma mère m'enlacer derrière mon dos, et renifler bruyamment avant d'être emportée par l'un des hommes revenu après la période qu'il avait considéré suffisante pour nos adieux. Ma mère avait alors crié :
« Tout a un sens Luna, tout. »
![](https://img.wattpad.com/cover/149799284-288-k429348.jpg)
VOUS LISEZ
L U N A
AdventureVous serez par 7. Associés pour survivre en milieu hostile. vous complétant par vos compétences, vos aptitudes et les informations que nous avons recueillies sur vous. Chaque équipe portera un nom. Chaque équipe aura pour but de rejoindre la base t...