Chap 29

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Monsieur Perkins, l'investisseur immobilier qui souhaite racheter le ranch, fait les cents pas devant nous l'air soucieux. Son front est barré d'une ride préoccupée. Il ne nous adresse plus le moindre regard depuis quelques minutes déjà.

Ugo s'est d'abord démené comme un forcené en l'injuriant puis a finit par se taire sous la menace de notre geôlier. Je suis restée muette, trop concentrée pour ne pas sombrer dans l'angoisse.

— Hum... toi !

L'énorme bonhomme fait un signe de main envers l'un de ses acolytes, lui chuchote quelque chose à l'oreille puis l'observe repartir.

— Bien. Je reviendrai. Restez sage les enfants.

— Comme si on pouvait s'enfuir, grince Ugo hors de lui.

David Perkins le foudroie du regard avant de quitter les lieux. Le jeune homme détends aussitôt ses muscles en affichant un air désespéré.

— On ne va pas mourir, je souffle presque comme une prière.

— Ah oui ? Et qu'est-ce qui te fais dire ça ? Tes super pouvoirs de devineresse ? demande ironiquement le jeune homme.

Je lui lance un regard agacé, comprenant que je suis tout aussi inquiète que lui.

— T'es vraiment con, Ugo !

— Bah quoi ? Tu vas me dire que soudainement, tu t'es découvert des dons de voyance ?

Je lève les yeux aux ciels en poussant un soupir d'exaspération.

— Non, pauvre abrutit ! Je te dis juste que ce mec, là, il souhaite acheter ton ranch. C'est certes un kidnappeur, mais pas un meurtrier !

— Et qu'est-ce que t'en sais ? S'il veut avoir un moyen de pression sur ma mère, quel autre méthode que moi ?

— Ok, mais ça veut pas dire qu'il va te tuer.

— Nous. Nous tuer, reprends Ugo en appuyant sur les mots. Mais au moins nous torturer.

Je fais la grimace. J'hésite entre rire et pleurer. Que devrais-je faire, ici, perdu au sein d'un hangar ? La peur qui tenaille mon estomac me lacère de plus en plus. Heureusement, Ugo est là. Malgré sa mauvaise humeur et son inquiétude il parvient, par un simple tour de magie, à altérer mes sentiments.

— Qu'est-ce qu'on fait ?

— Attachés a un poteau, tu crois qu'on a plus de possibilité que rester là ? je rétorque en lâchant un petit rire.

— Bah non ! réponds il en levant les yeux aux ciels. Mais si on doit passer les prochaines heures ensemble, je sais pas moi.... on pourrait sûrement s'amuser ?

— Et tu veux t'amuser comment ?

On se regarde dans le blanc des yeux sans rien dire. S'amuser à quoi ? Je ne veux pas vraiment le savoir...

— Le jeu de la vérité ?

— Parce que tu crois qu'attachés ici on puisse faire grand chose ? je demande ironiquement.

— Bah non, réponds il simplement.

Je sens un gloussement se frayer peu à peu un chemin vers mes lèvres. Il parle d'un ton si laconique que je ne peux m'empêcher d'accepter.

— Quel sera le gage ?

— Hum..., il réfléchit. Un baiser ?

— Non, je réponds automatiquement.

— T'es vraiment pas drôle ! réplique-t-il.

Je souris timidement en observant les portes boisées.

Le RanchOù les histoires vivent. Découvrez maintenant