The Sounds Of Silence

35

Chapitre – « Words »

          On ne se pose jamais assez la question : « qu'est-ce qu'un mot ? ». Un mot n'est pas qu'une simple parole, n'est pas qu'un simple symbole. Un mot est fait de sons, de lettres, d'orthographes, d'altérations pour certains et surtout de sens. Le point commun entre toute langue de ce monde est le sens car le langage du sens est commun de tous.

Un mot nous donne l'existence. Un ensemble de mots nous apporte la prestance. Pourquoi l'apprentissage de la parole est-il l'une des premières choses que l'on apprend à un nouvel être sur Terre au même titre qu'apprendre à marcher ? Un besoin. Voilà ce qu'est la parole et la communication. Nous ne pouvons vivre ou survivre sans eux dans notre société. Celui qui ne communique pas, n'est pas. Telle est la loi qui dirige ce monde. Est-ce une injustice ? Devrions-nous nous battre et nous déchainer pour changer les choses ? Et voilà que le paradoxe s'installe. Vous voyez ? Sans les mots, nous sommes ignorants. Sans la communication, nous sommes inexistants. Après tout, qui suis-je pour vous ouvrir les yeux sur ces concepts alors que moi-même je vous fais part de mes réflexions par ces mots publiés aux yeux de tous ?

Les mots ne représentent qu'une limite que nous nous sommes imposés à nous-même. Les mots ne sont plus que des barrières. Alors que nous pensons vainement à l'avancée apportée par ces symboles sur papier et ces paroles émises dans le vide, nous en oublions le prix. N'avons-nous pas perdu la faculté de nous comprendre ? A force de diversifier nos vocabulaires et nos langues, nous nous sommes tous repoussés avant même de s'être rencontré. J'en viens même à me demander si l'être humain a un jour su comprendre ne serait-ce qu'un seul de ses congénères. Il est bien facile de simplement croire que nous sommes aujourd'hui capables de mettre des mots sur nos pensées sans se rendre compte que les mots ont changé nos pensées elle-même. C'est simple. Nous n'avons pas seulement créé des mots pour s'adapter à notre pensée, notre pensée s'est également adaptée à nos mots de part cette façade de parole. Heureusement, il nous reste encore un peu de notre état primitif. N'avez-vous jamais été étonné parfois de penser à un concept par le biais de son sens et non pas par le mot qu'on lui a attribué ? Imaginez-vous penser et communiquer avec autrui uniquement de cette façon. Plus de lettres sur papier, plus de sons. Le langage du sens ne se retranscrit et ne s'exprime d'aucune façon. Ce langage ne fait qu'être.

Les mots aujourd'hui ne valent pas mieux qu'une pâquerette qu'on arrache sans état de conscience. Nous les utilisons comme nos meilleurs alliés, nos as dans notre jeu de cartes. Les mots n'expriment souvent que mensonges autant envers autrui qu'envers nous-même. Nous nous servons des mots pour nous défendre de notre ignorance et dans le cas de certains, pour blesser comme le ferait une arme matérielle. Mais n'est-ce pas incroyable de voir à quel point les mots sont bien plus tranchants que n'importe quel couteau aiguisé ? Alors que nous pensons être celui qui se tient du bon côté de la détente, il se trouve que nous sommes nous-même esclaves de nos propres dires. Les mots ne deviennent alors que des torchons souillés par les horreurs qui s'en dégagent. Les mots perdent au cours du temps la seule chose que l'Homme a été capable d'apprécier jusqu'à aujourd'hui.

Leur poésie.

— Cette salope a fait quoi ?! Je vous jure que je vais la buter cette connasse avec ses grands airs. Elle va goûter à mes poings dès que je la verrai !

Que de charmantes paroles de la part de Summer. Tyler et Ethan viennent de lui expliquer mes mésaventures concernant Violet et sa réaction était à prévoir. Je me crispe sur le carton que j'ai dans les mains. Nous sommes dans le sous-sol de ma maison en train de fouiller les différentes boites entreposées et entassées ici et là afin de réunir toutes les affaires que l'on va remonter jusqu'à ma salle de musique. Heureusement qu'il y a peu de chance que mes parents entendent quoi que ce soit de notre conversation depuis le rez-de-chaussée.