Harry Potter et les blessures du crépuscule

Chapitre 1

Le lac de Poudlard faisait apparaître le haut du crâne du calmar géant alors que le soleil éclairait ses écailles bleues. Albus chatouillait l'eau du bout des doigts tandis qu'il observait la créature avec admiration. Il avait entendu des histoires sur ce calmar du temps où son père était encore à Poudlard et elles étaient toutes plus ou moins mystérieuses et incomplètes. Il se demanda s'il ne s'ennuyait pas tout seul, dans ce lac. Il était là depuis si longtemps!

Albus venait d'entamer sa cinquième année à Poudlard et il n'avait pas la renommée que son père avait au même âge. Harry Potter avait créé l'armée de Dumbledore et lui, qu'avait-il fait? Il avait fait des farces ainsi que fait perdre des points à sa maison mais rien d'aussi fabuleux et héroïque que les actes de son père. Parfois, il se prenait même en train de se comparer à lui. Au fond, lui aussi voulait être un héros. Il voulait être quelqu'un. Il voulait qu'on parle de lui derrière son dos, qu'on chuchote son nom quand il arrive quelque part, qu'on écrive des articles sur lui, qu'on l'admire... mais quand Albus pensait à ça, il pensait aussi à tout ce que son père avait vécu, à tous les décès auxquels il avait fait face, à toutes les choses qu'il avait laissé derrière lui, à tous les sacrifices faits pour vaincre Voldemort et il s'en voulait. Il savait qu'être Harry Potter ce n'était pas que la célébrité et la grandeur. C'était aussi les regrets et la souffrance.

Il chassa cette idée d'un coup énergique dans l'eau vaseuse du lac et créa un remou qui chassa le calmar géant. Un bruit de pas se fit entendre derrière Albus et celui-ci se retourna, curieux de voir qui avait trouvé son coin de solitude.

- Pardon, je ne voulais pas... s'excusa l'adolescent aux cheveux blancs comme neige.

Des cheveux aussi blancs, ça ne pouvait être qu'une personne.

- Malefoy! Tiens donc.

- Potter, répondit-il d'un ton monotone.

Albus avait aussi entendu des histoires sur les Malefoy et surtout sur Drago, le père de Scorpius. Il avait été odieux avec son père lorsqu'ils étaient adolescents mais à la fin de la bataille de Poudlard, sa famille s'était ralliée à lui. Il se demandait s'il regrettait toutes ces années où il l'avait insulté au lieu d'être son ami.

- Tu peux prendre ma place, déclara Albus en époussetant sa robe de sorcier.

Scorpius allait répondre lorsque, tout à coup, une vague d'eau recouvrit Albus de la tête aux pieds. L'odeur de poisson et de plantes était nauséabonde tandis qu'Albus secouait ses manches alourdies par l'eau. Scorpius retint un rire et observa le calmar géant nager vers le fond du lac.

- Génial. Fabuleux. Je vais sentir le calmar pendant au moins une semaine! se plaignit Albus en faisant de son mieux pour se sécher.

- Qu'est-ce que ça sent, un calmar?

Albus ricana.

- Je n'en n'ai aucune idée. Mais quelque chose me dit que je vais bientôt le savoir, ajouta-t-il en approchant son nez d'une de ses manches.

Scorpius sourit et réajusta sa cravate dont l'argent brillait au soleil.

- Tu devrais aller te changer, proposa-t-il. Avant que l'odeur... tu sais...

- Cette place est toute à toi, répondit Albus en balayant l'espace d'un revers de main. En espérant que tu aies plus de chance.

Albus s'enfuit à travers les arbres accompagné de sa robe de sorcier, de sa chemise, de son pantalon et de ses chaussures trempés. Il marmonna dans sa barbe qu'il commençait bien l'année tout en présumant le fait que son père n'avait probablement jamais eu affaire à ce type de problème.