Harry Potter et les blessures du crépuscule

Chapitre 6

Il referma le livre Les animaux fantastiques et où les trouver puis quitta la bibliothèque en prenant soin de ne pas faire de bruit. Sa seule crainte était de tomber sur un fantôme ou sur un préfet, comme la dernière fois. Il étudia de nouveau la liste tout en marchant : la seule chose qu'il pouvait éventuellement donner était les cheveux de né-Sorcier. Ses deux parents étaient tous les deux nés de parents sorciers. Albus avait entendu dire, dans une des histoires de son père, qu'en deuxième année il avait été guéri par une larme de phénix tandis qu'il s'était fait transpercer le bras par un crochet de basilic mais Fumseck avait quitté Poudlard après la mort de Dumbledore. Peut-être réussirait-il à le retrouver?
Il rentra à la salle commune de Serpentard sans problème. Les tableaux avait chuchoté derrière son dos, comme à leur habitude, mais ils n'avaient pas prévenu qui que ce soit de sa visite nocturne.
Le lendemain, il irait parler à Neville, c'était décidé.

Pour son premier cours de la journée, Albus se joignit à Julius, toujours seul dans son coin. Il posa son sac sur la table tout en observant le reste de la classe qui venait d'arriver. Le professeur de Potions était appuyée contre une colonne en bois qui soutenait le plafond, les bras croisés d'impatience. Au centre de la pièce était placé un chaudron duquel émanait une fumée argentée. Albus se demandait ce que c'était quand Scorpius entra dans la salle. Il était le dernier.
- Bien le bonjour chers élèves. Aujourd'hui nous allons étudier une potion spéciale dont la recette vous sera probablement très utile pour votre examen de fin d'année. Il s'agit ici du Philtre de Paix, très utile contre les crises de panique, l'anxiété, les agitations et les insomnies. En revanche, si vous ne faites pas attention aux doses, le philtre se transformera en somnifère. Ce n'est pas le but de la manoeuvre, évidemment.
Albus observa la fumée argentée qui gagnait l'air. Elle avait une odeur métallique. Julius se gratta la tête et approcha sa bouche de l'oreille d'Albus.
- Je dois en prendre tous les jours, dit-il. Mrs Pomfresh m'en a prescrit après que j'ai essayé de...
Il s'arrêta.
- Après que tu aies essayé de quoi ?
- Non, rien. C'est ni l'endroit, ni le moment.
Albus pensa alors au pire mais au fond, il savait que Julius était malade. Le jour de la Cérémonie de Répartition des élèves dans les maisons, il avait pleuré et avait eu une crise d'asthme. Mrs Pomfresh l'avait gardé toute la nuit et Arthur lui avait rendu visite, accompagné du Choixpeau magique et lui avait mit sur la tête. Ils n'avaient été que quatre, à ce moment-là : Mrs Pomfresh, McGonagall, Arthur et Julius. Ce dernier avait été réparti à Serpentard mais Arthur avait dit à Albus que le Choixpeau avait mis au moins cinq minutes à choisir. Julius était un Chapeauflou à l'instar du professeur McGonagall. Depuis ce jour, Arthur et Julius ne passaient pas un seul moment sans l'autre, mis-à-part dans les dortoirs. Arthur était le seul qui puisse le calmer et aujourd'hui, il n'était pas là.
- Tu vas bien, Julius? demanda Albus avec intérêt.
- C'est dur. Mais j'y arrive. Je vais y arriver. Arthur va s'en sortir.
Albus passa un bras sur l'épaule de son ami en signe d'affection et Julius lui donna un sourire de remerciement. Comment avait-il pu passer à côté de cette personne?
- Mettez vous par groupes de deux et refaites la potion selon la recette inscrite dans vos manuels. Chaque particule compte. Potter, votre père était très doué en Potions, à ce que j'ai entendu. J'attends de vous la même assiduité.
Albus leva les yeux au ciel. Évidemment, son père était parfait à tous les étages. Julius se leva en remontant les manches de sa robe de sorcier tandis que les autres sorciers chuchotaient derrière le dos d'Albus.
- Fais de ton mieux, Albus. C'est ce qui compte, dit-il.
Ils prirent un chaudron et les ingrédients nécessaires à la création du Philtre de Paix. Sur l'étagère, il ne restait qu'une tasse de poudre bleue et lorsqu'Albus posa la main dessus, une autre main vint s'en emparer.
Scorpius, pensa-t-il en voyant les yeux gris clair de l'adolescent. Ce dernier lui lança un regard de braise qui aurait pu enflammer l'entièreté de la salle puis, avec une baguette qui n'était pas la sienne, dupliqua la tasse remplie de poudre bleue. Il donna l'original à Albus et partit rejoindre son binôme, Sumi.
Julius, qui avait assisté à toute la scène, écarquilla les yeux.
- Qu'est-ce que t'as bien pu lui faire? s'étonna-t-il. Ce regard... je ne l'ai vu qu'une fois et c'est quand quelqu'un m'a insulté de (il chuchota) Sang-de-Bourbe.
Cette insulte était très grave et pourtant, Julius ne semblait pas particulièrement touché par celle-ci. Il l'avait dit comme certains prononcent le nom de Voldemort : avec méfiance, certes, mais sans crainte. Heureusement, cette appellation était devenue rare.
- Vous êtes amis? demanda Albus, qui s'étonnait de ne les avoir jamais vu ensemble.
- Je crois. Il m'a aidé à faire mes devoirs et à rattraper les cours que j'avais manqué quand j'ai arrêté de venir. Il a passé des nuits entières à m'apprendre le processus du Polynectar, à me faire comprendre comment marche une boule de cristal, à m'apprendre les simples sortilèges de défense... personne ne le lui avait demandé, il s'était juste porté volontaire. Encore aujourd'hui, dès que j'ai besoin de quelque chose il me propose son aide. En troisième année, quelqu'un m'a traité de Tu-Sais-Quoi et Scorpius a entendu. Il a sorti sa baguette et l'a menacé de lui lancer un sortilège qui lui ferait regretter d'avoir prononcé ces mots.
Albus regrettait encore plus ses paroles. Scorpius était définitivement quelqu'un de bien et ils auraient pu être amis s'il n'avait pas été aussi stupide. Il n'aurait jamais fait de mal à qui que ce soit.
- Tu n'as jamais pensé qu'il pouvait être comme son père?
Julius ricana en mettant la poudre bleue dans le chaudron.
- Il a beau lui ressembler, il n'est pas du tout comme lui au même âge. Il suffit d'apprendre à le connaître pour savoir. J'ai entendu des rumeurs sur lui, surtout celle en première année comme quoi il était le fils de Tu-Sais-Qui. C'était la rumeur la plus idiote que j'ai jamais entendu!
Albus se rappelait de cette rumeur. Maintenant qu'il y pensait, Scorpius avait dû en baver. Penser qu'une personne aussi respectueuse soit le fils d'une créature aussi maléfique que fut Voldemort, c'était presque ridicule. Ils n'avaient rien en commun, ils n'avaient jamais rien eu en commun.
Les garçons finirent de préparer le Philtre de Paix mais la solution ne ressemblait pas vraiment au modèle. Au lieu d'être blanche, la potion était grise et des grosses bulles apparaissaient à la surface.
- C'est un échec cuisant, Messieurs. Potter, je suis déçue et... quant à vous, Baer... je suis étonnée. D'ordinaire, vous vous en sortez mieux que ça, dit le professeur Haven en observant la Philtre de Paix d'Albus et Julius.
Albus haussa les épaules. Il n'avait jamais été très doué en Potions, de toute manière mais il se sentait mal pour Julius. Il était moins concentré à cause de ce qui était arrivé à Arthur et Albus ne l'aidait pas vraiment.
- Je suis désolé, dit Julius à l'attention de son ami.
- Eh, répondit Albus en mettant une main sur son épaule. Tu n'y es pour rien. On fera mieux la prochaine fois, d'accord?
Julius acquiesça et sortit de la salle de classe aux côtés d'Albus. Scorpius passa à côté d'eux en souriant à Julius.
Le prochain cours prenait place dans la serre située dans la cour du château. Le professeur Londubat était leur professeur et Albus ne pouvait pas rêver meilleure occasion pour se renseigner sur les ingrédients de la liste.
Devant l'entrée de la serre, Albus remarqua Simon et Rory qui discutaient. À la vue de Julius, Simon s'approcha de lui avec une mine de six pieds de long.
- Julius? dit-il en se triturant les mains.
- Oui?
- Pour l'autre fois, je suis désolé d'avoir utilisé ce mot. C'était incorrect et Rose avait raison. Vraiment désolé.
Albus était soulagé qu'il s'excuse et supposa que Julius l'était aussi.
- D'accord, merci.
Simon hocha la tête et entra dans la serre. Neville venait d'arriver, les bras remplis de gros manuels poussiéreux et s'installa à l'extrémité de la grande table au centre. Celle-ci était déjà remplie de pots de fleurs ainsi que de sachets de terre. Les élèves s'installèrent autour de lui en chahutant ostensiblement mais se turent quand Neville prit la parole.
- Bonjour! Alors euhm aujourd'hui nous allons planter des Choux Mordeurs de Chine. Les graines sont devant vous, prenez-les et suivez-moi dehors s'il vous plaît.
Neville était maladroit dans sa façon de parler mais ça avait toujours été le cas, d'après le père d'Albus. Il se rua dehors, un livre ouvert dans les bras et les élèves le suivirent, les graines à la main.
Un garçon de la maison Serdaigle leva la main et Neville le regarda par-dessus ses lunettes rondes.
- Oui, Peter?
- N'étions pas supposés planter des arbrisseaux autofertilisants aujourd'hui?
- Oui, vous avez raison mais j'ai préféré planter les Choux Mordeurs d'abord. Je vous remercie de euhm porter tant d'importance au programme.
Neville parcourut son livre et donna les consignes. En une heure, toutes les graines étaient plantées et les choux commençaient déjà à pousser. Neville avait l'air satisfait.
À la fin du cours, tout le monde rentra au château tandis Albus et Julius restèrent dans la serre avec Neville. Dehors, la pluie commençait à tomber.
Lorsque Neville remarqua la présence des garçons, il ferma son gros livre et remonta ses lunettes sur son nez.
- Albus? Il y a un problème? Tu n'es pas malade, j'espère? Si tu l'es, il faut que je prévienne Harry.
- Non, non pas du tout, je vais très bien. Je voulais juste vous demander quelques choses.
- Oui?
Il avait l'air intrigué.
- Si je voulais trouver des champignons à crêtes dorées et un œuf d'Hippogriffe, vous savez où je pourrais les chercher? et un ventricule de dragon? et vous savez où je pourrais trouver Fumseck? Et est-ce que vous savez si...
- Albus... l'interrompit Neville. Je sais ce que tu veux faire. C'est moi qui ai rédigé cette liste. Tu ne peux pas aller chercher ces ingrédients tout seul, c'est trop dangereux puis la directrice est déjà en train de les réunir!
- Mais si on l'aide, on ira plus vite!
Julius restait silencieux mais il était reconnaissant qu'Albus l'inclut dans cette aventure.
- Je ne peux rien te dire... je suis désolé, vraiment.
Au fond, c'était évident. Albus ne s'attendait pas à ce que Neville l'encourage dans cette quête meurtrière et il le comprenait. C'était complètement fou. Mais il le ferait, pour ses amis.
- Je comprends. Vous avez raison.
- Tu peux me tutoyer, tu sais. Enfin sauf pendant les cours, quand même.
Albus sourit et quitta la serre accompagné de Julius. Neville se sentait mal. Peut-être devrait-il prévenir Harry Potter que son fils se lançait dans une aventure?