Felipe

312 21 2
                                    

- Mamá ce n'est pas la peine de faire le déplacement, je vais bien, essaie-je de convaincre la femme dont le visage apparaît sur mon écran d'ordinateur.

- Comment peux-tu penser que je vais te croire, mon chou? Réplique la femme sur mon écran. Les ruptures sont toujours difficiles, n'est-ce pas Brigitta?

La sœur de ma tante Isadora, tante Brigitta, me fait une grimace d'horreur qui m'aurait fait ri si je n'étais autant préoccupé.

- Tu te souviens de ta rupture avec Antonio? Lui rappelle tante Isadora. Tu es restée près d'un mois dans ta chambre à pleurer. Ton teint était devenu blafard, tes cheveux affreusement emmêlés, ton visage était ravagé par des cernes aussi long que des baguettes de pain... Une vraie horreur sur pattes.

On voyait clairement le mesquin plaisir que pouvait tirer tante Isadora à rappeler cette période de la vie de sa sœur.

- C'était mon premier amour, et je n'étais qu'une enfants ! Se défend ma tante Brigitta. Mais toi, tu n'avais plus rien d'une enfant quand tu t'es fait plaquer par ton Torrero castillan. Tu t'es tellement enfiler de sucrerie que tu as pris quoi.... Dix kilos !

Super! Les hostilités étaient lancées ! Lorsqu'elles commencent ainsi, plus rien ne peut les arrêter.  Je les écoute se chamailler, en espérant qu'elles oublient l'idée de venir me rejoindre.  J'aimerais mettre fin à l'appel vidéo, mais je n'ose pas de peur de les froissé.

- Vous vous égaréz les filles, les rappelle à l'ordre une voix dont la propriétaire n'apparaît pas sur la vidéo. Il ne s'agit pas de vous, mais plutôt de notre chouchou.

Je reconnais immédiatement la voix de ma Mamá Leonora qui ne tarde pas à se positionner derrière ses sœurs.

- Ce qu'elle veulent dire mon chou, s'adressant  moi cette fois, c'est que les ruptures peuvent être très douloureuses.

- Et bien ce n'est pas mon cas, mes Mamas! m'ecrié-je exaspérer. Et puis c'est moi qui ait rompu.

Piètre tentative pour les rassurer, mais je suis à bout d'arguments pour ma défense.

Mes tantes me lancent un regard triste et d'un ton digne d'amadouer un enfant récalcitrant, tante Brigitta  lâche :

- Mais bébé, cela n'empêche pas la tristesse d'une rupture. Et puis Alba se retournerait certainement dans sa tombe si nous te laissons traverser seul cette épreuve.

Je lâche un soupir résigné en me calant contre le dossier de ma chaise. Lorsqu'elles citent le nom de ma mère, il est impossible de leurs faire entendre raison. J'aurais du me douter que c'était couru d'avance au moment où elles ont su pour ma rupture avec Mariana. Si j'avais su que Bella, ma cousine leur en aurait parler, jamais je ne le lui aurais dit. Si je l'avais devant moi, c'est sûr que je l'étranglerais.

- Vous avez commencé sans moi?  Se plaint ma tante Greta qui vient d'arriver. Je croyais qu'on devait être toutes réunis pour l'appeler ?

- Et je croyais qu'on devait toute se réunir ici à 7h du soir ? Rétorque Isadora.

- Je n'est que quinze minutes de retard, vous auriez pu m'attendre encore un peu. Ce n'est pas....

- Les filles, la dernière chose dont notre chouchou à besoin dans en état, c'est de vos chamailleries, les rappelle encore à l'ordre tante Leonora.

   Sérieusement, mon état!
 

- Oh mon bébé, comment vas-tu ? S'enquiert tante Greta comme si j'étais à l'agonie.

- Très bien Mamá Greta! Je lui réponds.

-  C'est très courageux de ta part de faire bonne figure vue les circonstances, articule tante Greta, mais tu sais que tu peux nous dire la vérité. Nous ne te jugerons jamais mon bébé, et pleurer devant nous n'enleverais rien à ta virilité.

Toutes mes tantes, mes mères comme je me plaîs  à les appeler, dans leurs splendeurs ! L'ironie, c'est que j'ai réellement envie de pleurer. Pas à cause de ma rupture qui soit dit en passant est une délivrance, mais plutôt à cause de leur entêtement.

  J'aime ces femmes, de tout mon cœur. Quand ma mère est morte alors que je n'étais qu'un enfant et que mon père s'est fait la malle, mes tantes ce sont occupés de moi. Grâce à elles, je n'ai manqué de rien. Elle m'ont donné autant d'amour que ma mère n'aurait certainement pas pu m'en donner. Mais comme toute chose, il y a un revers de la médaille. Elles sont parfois tellement protectrices et intrusives que j'ai envie de m'enfuir à l'autre bout du monde, et même là, j'ai peur de ce qu'elles pourraient faire pour me retrouver.

  Résigné et exaspéré, je finis par jeter l'éponge.

- Très bien , capitulé-je. Je vous laisse choisir laquelle d'entre vous viendra, il faut que j'aille faire des courses.

- Prend soin de toi mon amour, crient les quatre femmes d'une même voix.

Je coupe l'appel et ferme les yeux, épuisé. Je me lève de mon ordi, et le vide qui emplie les lieux me saisit. Finalement, ce n'est pas plus mal qu'une de mes tantes vienne me tenir compagnie. Je jette un coup d'œil à mon montre en réfléchissant a ce que je pourrais faire de ma journée, en fait de mes journées, puisque je suis maintenant au chômage. L'hôtel dans lequel je travaillais appartient en parti au père de mon ex-fiancé, autant dire que celui-ci n'a pas résisté à notre rupture.

La sonnerie de mon téléphone me tire de mes pensées. Je vois le nom de ma cousine Bella s'afficher sur l'écran. Je décroche immédiatement près à lui dire ses quatres vérité, mais cette dernière me devance :

- Je sais que tu as envie de m'etriper pour avoir cracher le morceau sur ta rupture avec Mariana, mais j'ai un scoop pour me faire pardonner, commence la jeune femme. Je t'annonce que comme tes mères n'ont pas pu s'entendre sur laquelle d'entre elles viendra te tenir compagnie, elles ont décidé de venir toute les quatre prendre soin de toi.


Sa révélation me laisse sans voix.

- Holà, t'es toujours là, Felipe ?

- Ces femmes finiront par avoir raison de ma santé mentale, je dis en me laissant aller sur le canapé encore abasourdi.

J'entends un petit ricanement à l'autre bout du fil. Je me doute que Bella doit se délecter de ma réaction. Il savoir que dans notre famille, on est du genre à se lancer de temps en temps des piques, à se moquer, histoire de ne pas s'ennuyer, celà ne veux pas dire pour autant qu'on se déteste.

- Qu'est-ce que je vais faire, je me lamente.

- Ce qu'il te faut, c'est mettre de la distance entre vous, me suggère Bella.

- Je ne pense pas qu'il ait un endroit en Espagne où je puisse me cacher d'elles. Et puis tu sais très bien que je ne pourrais pas supporter de les savoir inquiète à mon sujet....

- Dans ce cas apprêtes-toi à faire une overdose d'amour, mon cher, se moque ma cousine.

- Ce n'est pas drôle, Bella ! Je m'énerve.

- Désolée, c'était plus fort que moi! S'excuse la brune. Ce n'est qu'une idée, mais tu pourrais partir à Londre ?

- Londres ? Je répète.

- Oui! Elles s'inquièterons moins si tu es avec Valentina, et tu pourras mettre de la distance entre vous, qu'en dis-tu ?

- Ton idée est tentante, mais le problème c'est que Vale et moi nous nous sommes un peu éloignés ces dernières années, et je ne sais pas si elle acceptera de m'héberger.

- Pour commencer, Vale n'est proche de personne dans cette famille. Et ensuite, elle ne refusera pas de peur de contrarier Maman.

Ça ne me réjouit pas de m'imposer ainsi à ma cousine, mais c'est ça où passer les prochaines semaines en compagnie de mes quatre tantes réunies. Et pour moi, le choix est vite fait.

- Je vais faire ma valise, Je lui annonce, je te laisse t'occuper des mères .


DímeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant