Rafael.

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- Tu pense vraiment que c'est une bonne idée ? Lance subitement Dario  affalé dans mon canapé.

- Quoi? Demandé-je à mon tour en cherchant les clé de ma moto, Conchita.

- Et bien de partir à cette petite fête, pardi !

- Et pourquoi ça ne serait pas une bonne idée ? Je lui l'interroge distraitement en continuant à chercher mes clés.

- Fait pas celui qui ne comprends, fait-il.

Je m'arrête et souffle d'exaspération avant de lui lançer :

- Tu sais que lire entre  les lignes ce n'est pas mon truc, alors si tu as quelques à dire, dis-le pour que je puisse enfin me concentrer sur une tâche essentielle; retrouver les clés de ma Conchita.

- Si tu insiste....

- La bonne blague ! Je ricane en l'intérrompant. Vas-y Dario, crache le morceau qu'on en finisse.

Je connais trop bien le blond pour savoir qu'il ne me laissera pas en paix tant qu'il n'aura pas dit ce qu'il a en tête.

- Je te demande si c'est une bonne que tu ailles à la fête qu'il organise pour son mec, vu votre passif.

Du Dario tout cracher ! Toujours à déterrer ce que l'on voudrait garder sous terre. Je lui lance un regard digne de refroidir le plus téméraires des hommes, mais je doute que celà suffise. Dario n'est pas connu pour sa prudence. C'est un fonceur qui semble n'avoir peur de rien.

- Je me dis qu'après tous ces mois, la fête d'anniversaire de Cecily n'est peut-être pas le bon moment moment pour que vous puissiez renouer, continue mon ami.

Je sens ma mâchoire se contracter involontairement. Même pas cinq minutes qu'il a passé la porte de mon appartement qu'il met déjà le doigt sur ce qui me tracasse depuis un moment.

- N'importe quoi ! M'exclamé-je. D'abord  d'où sors-tu que Javier et moi avons un passif ensemble?

- Tu sais que la fête à lieu dans leurs maison nouvellement rénovée, un joli trois pièces avec une magnifique terrasse qui à une vue imprenable sur le fleuve? Un vrai cocon d'amour, annonce le blond en faisant fi de ma question.

- Qu'est-ce que cela peut me faire, le lieu de cette fête, feins-je l'indifférence. À t'entendre je devrais me rouler en boule et pleurer de tout mon saoul.

Le rire qui accompagne ma réplique sonne faux, tout comme ma tentative pour le tourner en dérision.

- Je ne sais pas, à toi de me le dire! Fait le blond en levant un sourcil, inquisiteur.

- Et bien sache Dario que je n'ai rien à te dire pour la simple et unique raison que ce ne sont pas tes oignons.

- Tu sais Rafa, le fait de ne pas exprimer ses sentiments ne les faits pas disparaître pour autant. Je serais la personne la plus heureuse si vous devriez renouer comme avant, mais pas si celà doit faire souffrir l'un d'entre vous.

Je souffle bruyamment pour lui montrer à quel point il est lourd et que cette conversation m'exaspère.

- Tu devrais fouiller dans la poche intérieure de ta veste en cuir... Pour les clés de Conchita. M'indique Dario. Je me demande où tu peux bien avoir la tête?!

Le sourire satisfait qui s'affiche sur ses lèvres, après sa réplique, me donne envie de le défenestrer. Je le trouve juste insupportable. D'ailleurs parfois, je me demande comment cela fait-il que nous soyons amis, et depuis plus de quinze ans qui plus est.

  D'autres à sa place se seraient contentés d'un regard d'avertissement, ou n'auraient même pas osé aborder un sujet personnel, mais pas Dario. Dario lui, il faut toujours qu'il cherche la petite faille, et la pointe du doigt. Il est envahissant, borné, bavard.... Il aime attiré l'attention, en somme tous ce qui me fait fuir chez une personne.  Avec lui, il faut que je mette des mots sur tous et pour tous,  ce qui est extrêmement rageant parce-que je n'aime pas ça. C'est la raison pour laquelle je préfère de loin la compagnie de Javier.

     Il est le genre de personne qui n'a pas besoin d'ouvrir la bouche pour être agréable. Il est présent sans être envahissant, comprend la nécessité de mes silences, respecte mes limites. Il est calme et réservé sans faire dans l'excès et cuisine comme un dieu. Pour résumer, il est là perfection ! C'est pourquoi je pense que je m'en voudrais toujours d'avoir mis tant de temps à réaliser la nature de ce que je ressentais pour lui. Le temps que je m'en rende compte, j'avais déjà perdu la bataille ; le riche avocat l'avait conquis et j'étais suffisamment lucide pour savoir que je n'avais aucune chance. Il ne me restait plus qu'à essayer de recoller les morceaux de mon cœur brisé.  Notre amitié en a pris un sacré coup. Il fallait que je mette de la distance pour ne pas laisser mon cœur s'enticher encore plus du jeune homme, que je me préserve.

Nous sommes rester plus mois sans vraiment nous parler, par ma faute. Au début c'était dans le but me protéger et puis après je n'ai plus su comment renouer, jusqu'à ce que, il y'a deux semaines, je réponde à son message de joyeuses fêtes de Pâques.

  Même si je ne le reconnaîtrais jamais devant notre bougre de diable blond, je suis un peu anxieux à l'idée de le retrouver. C'est la première fois depuis quatre mois qu'on se voit et  ça se fera en présence de son mec. J'ai peur de me rendre compte de n'être pas parvenu à passer à autre chose, parce-que c'était la première fois depuis Tulia que je ressentais ça ; la conviction d'avoir trouvé la personne qui me convient.

- On y va...ducon! Pesté-je contre Dario pour m'avoir une fois de plus confronté à mes sentiments.




DímeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant