Chapitre 2 - Des mots de trop

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Ce début de chapitre contient des vulgarités, je suis désolée si cela vous gêne car ce n'était pas mon but. Je m'inspire juste de la réalité des conversations que on peut entendre dans les collèges/lycées (Et j'espère surtout pas qu'on entend des choses comme ça en primaire). Merci et bonne lecture <3

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J'avais pensé que ça allait se passer comme à la récréation, mais je crois que les garçons avaient réussi à trouver mon "point sensible". En sortant des cours, les garçons s'étaient mis à me parler d'une rumeur qu'avaient lancé le frère d'Arthur l'année précédente. Apparement, une des filles de 4ème8 était lesbienne, et elle aurait été vue en train d'embrasser une autre fille à la sortie.
- C'était dégueulasse, elle était trop belle en plus pour être lesbienne ! Avait balancé Etienne
Si vous saviez toutes les choses qu'ils ont dit sans scrupule, si vous saviez comme ça me dégoûtait de voir à quel point les gens jugeaient et humiliaient les autres. Je n'osais rien dire, mais je voyais bien qu'ils voulaient me faire réagir. Leurs regards se tournaient vers moi à chaque mot trop osé.
- Je me la serais bien sautée si elle aurait pas été lesbienne, vous imaginez comment elle aurait galerée ! S'esclaffa Ewen
Je me demande encore comment ils pouvaient dire ça, surtout qu'ils se basent sur une simple rumeur. Je gardais mon calme, et je faisais comme si rien ne m'atteignait.
- Et toi, Gabriel, t'en pense quoi ? Me demanda Julien
J'avais prié pour qu'on ne me pose pas cette question, apparement ils captaient mal en haut. J'avais trois options pour ma réponse: La première qui consistait à dire qu'ils étaient des idiots, croyant tout ce qu'on leurs dit sans qu'ils s'informe eux même auprès de la personne concernée et qu'ils étaient horribles de parler d'elle dans son dos sans aucun remords. La deuxième était de dire que je n'avais pas d'avis, que je m'en fichais un peu et que ce n'était qu'une simple rumeur. La troisième était d'insulter cette fille que je ne connaissais même pas, en allant dans le sens des garçons. Vous vous doutez que je n'avais pas choisi la première. J'avais alors décidé de mélanger les deux autres options. Je sais, c'était tellement stupide comme choix, mais j'étais obsédé par l'envie de ressembler le plus possible au portrait.
- Eh bien je pense que... balbutiai-je, je pense que c'est une salope et.. C'est dégueulasse d'embrasser quelqu'un du même sexe puis aussi c'est pas très naturel.. Enfin je n'ai pas trop d'avis là dessus les gars, vous voyez..
J'avais vraiment peur de leur réaction: Est-ce que c'était trop osé ou, au contraire, ce n'était pas assez ?
- T'as grave raison gros, hurla Paul, c'est carrément pas naturel !
La conversation reprit. J'étais d'un côté rassuré du fait que j'avais réussi à avoir, selon eux, un bon avis là dessus mais aussi j'étais déçu de moi, j'étais dégoûté d'avoir dit ça. C'est surtout qu'après, j'ai fini par le regretter. Oui, je vous avais dit que c'était pendant la pause du midi que ça avait dégénéré, plus précisément à la sonnerie de 14h. J'étais dans les couloirs pour aller chercher mon sac, lorsque j'ai vu, inscrit au marqueur indélébile, écris « Meurs meuf, t'es pas naturelle ! ». C'était le casier de la fille de 4ème8. Je m'étais empressé de l'effacer en utilisant tout ce que j'avais sous la main: Mouchoir, savon, eau, tapis, gomme.. Mais rien n'y avait fait, l'encre ne partait pas. Je voulais appeler les surveillants mais je me suis rappelé que c'était MES paroles qui étaient inscrites sur le casier. Et, égoïstement, j'ai décidé de me taire et d'aller chercher mon sac. Sachez que je l'ai regretté, et qu'aujourd'hui encore je regrette et je culpabilise. En rejoignant les garçons de mon groupe (on peut dire que j'en faisais parti), ils m'avaient tous parler du casier et n'arrêtaient pas de me dire « T'as vu le casier ? » « Bien fait pour elle ! » « La tête quelle va faire ! ». Effectivement, j'avais vu le casier. Et effectivement, elle a fait une sale tête. Autours d'elle, tout le monde rigolait. Personne n'a eu le courage d'aller l'aider. J'aurais pu y aller, mais c'était moi qui avait dit qu'elle n'était pas "naturelle". Elle avait fondu en larmes, humiliée, moquée et brisée. A la fin de ma première journée de cours, en rentrant chez moi, je m'étais dépêché de me jeter sur mon lit et d'attraper mon ordinateur: je voulais à tout pris envoyer un message à cette fille. Je voulais, mais je ne connaissais pas son nom. Il fallait que je me dépêche, alors j'ai envoyé un message à Naël. Il m'avait répondu 1h après, elle s'appelait Lise Krisst. J'ai cherché son profil Instagram, Facebook, Twitter, mais elle était introuvable. J'ai envoyé un autre message à Naël, lui demandant si elle avait un réseau social. Il m'avait dit qu'il avait seulement son numéro de téléphone. Il m'a aussi rajouté que je ne devais pas dire qu'il avait son numéro. J'ai pris mon courage à deux mains et je lui ai envoyé « Pardon ». C'était court et radical, j'aurais sûrement un questionnaire après de la part de Lise mais je m'en fichais, je voulais simplement commencer par le plus important.

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