Chapitre 4: Emma du couloir de l'Infirmerie

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Les garçons me regardèrent avec dégoûts, ou avec colère, je ne savais pas et je ne voulais pas savoir.
- Gros, tu sais pas t'amuser un peu ? dit Paul.
- Au dernière nouvelle, ce n'est pas de l'amusement, répondis-je, Au dernière nouvelle on appelle ça du HARCÈLEMENT.
Ils se regardèrent les uns les autres, puis ils éclatèrent de rire, à l'exception de Naël qui me regardait avec.. Culpabilité, peut-être ? Lorsque le troupeau eut fini de glousser, Matteo et Ewen s'approchèrent de moi et me plaquèrent contre les casiers.
- On en a rien à cirer de ton harcèlement, tant que ça nous amuse, déclara Matteo, les mains posées sur mes épaules.
- C'est puni par la loi, vous savez ? rétorquais-je.
Ewen plaqua ses mains sur ma gorge, ce qui commença à m'étrangler.
- Au dernière nouvelle, m'imita-t-il, tu n'es pas la loi et il n'y a que toi qui réagis face au "harcèlement" de ta copine la gouine. Alors ferme-là et dégage.
- Tu..
J'essayais de parler, mais il appuyait dans ses mains que je n'ai pas pu décrocher un mot. Ewen me lâcha et Arthur me donna un grand coup dans le ventre. Je me suis laissé tomber à terre, je toussais ce qui empirait la douleur dans mon ventre. Les garçons ricanèrent et partirent, me laissant seul. Après vingt bonnes minutes étalé sur le sol, je suis parvenu à me relever. Ma tête tournait, je toussais encore un petit peu mais j'arrivais à respirer et mon ventre me faisait horriblement mal. Je me suis décidé d'aller à l'infirmerie, je réfléchirais à l'excuse que j'aurais en route. Pendant que je marchais en m'agrippant au mur ou au casier en me tenant le ventre, je me suis demandé si je ne devrais pas lui raconter la véritable histoire: C'est-à-dire le harcèlement de Lise, le groupe qui m'a frappé et mon homosexualité. Mais j'avais si peur d'eux, si peur qu'ils s'en prennent à Lise ou à moi. Puis j'avais si peur de la réaction de l'infirmière face à mon homosexualité, qu'elle le dise à ma mère, à mes professeurs et aux garçons, qu'elle le hurle dans le micro pour que les hauts-parleurs résonnent dans tout le quartier. J'avais beau me dire qu'elle n'oserait jamais, qu'elle était là pour écouter les problèmes des élèves, mais je ne voulais pas. J'avais l'impression que les lumières s'éteignaient petit à petit, mais je me doutais très bien que c'était ma vision qui s'assombrissait. Je ne comprenais pas pourquoi ça me faisait cet effet là: Le coup avait été en plein dans mon ventre, pas dans ma tête, alors pourquoi ? Je me tenais de plus en plus fort aux casiers, puis j'ai entendu des pas derrière moi. La personne marchait vite, très vite, elle courrait même. Elle m'a attrapé l'épaule, j'ai alors cru que c'était un des garçons venu pour finir leur œuvre.
- Eh, tu vas bien ? me demanda-t'elle.
Je m'étais douté que c'était une fille à sa voix, je me suis donc retourné:
- Oui oui, répondis-je, j'ai eu un léger problème mais tout va bien.
- Ce couloir mène à l'infirmerie, je suppose que tu t'y rends donc que tu dois avoir mal. Je vais t'aider !
- Non merci, ne t'inquiète pas. Je vais y aller tout seul.
- Je vais t'aider, insista-t-elle.
Elle me prit le bras et me servait d'appui. On a continué à marcher dans le couloir dans cette position jusqu'à l'infirmerie. Une fois la porte passée, je m'étais effondré sur le siège. La fille me fixait, assise sur le siège d'en face.
- Merci, dis-je. Euh..
- Emma, répondit-elle, je m'appelle Emma-Louise Georges et toi ?
- Gabriel. Merci beaucoup Emma-Louise.
Elle me sourit et baissa les yeux. Elle avait de magnifiques yeux verts qui ressortait grâce à son teint pâle. Emma, tu es toujours aussi magnifique, aujourd'hui, j'en suis sûr.
L'attente fut longue, très longue, ou alors c'était le malaise qui flottait dans l'air. Emma regardait son téléphone (Ce qui m'avait étonné car, à première vue, elle a l'air d'une élève modèle respectant les règles, dont l'interdiction de l'utilisation du téléphone. Moi, je me tenais le ventre. La douleur s'était calmée et ma tête avait cessé de tourner, je me disais même que je pouvais sortir de la salle car l'infirmière n'aurait probablement servie à rien
- Tu es en quelle classe ? Me demanda-t-elle sans lever le nez de son téléphone
- En 3ème2 et toi ?
- En 4ème8, avec Lise. Tu sembles la connaître, n'est-ce pas ?
- Je ne la connais pas vraiment, on a parler 2 fois et..
- Je sais, me coupa-t-elle, je suis son amie. Vu tes fréquentations, elle a peur que tu lui fasses quelque chose. J'espère que ce n'est pas dans tes intentions.
Son visage s'était crispé, elle me lançais un regard noir.
- Non, paniquais-je, bien sûr que non. Je me suis disputé avec eux tout à l'heure et..
- Je sais, me coupa-t-elle encore une fois, je les aie vu te frapper.
- Tu n'aurais pas pu venir m'aider ?
- Ils étaient sept, j'étais seule. J'ai peur d'eux, tu sais ?
On se tut tous les deux. Je priais pour que l'infirmière arrive et nous coupe de ce blanc. Elle a brusquement déboulée cinq minutes plus tard en ouvrant la pauvre porte qui aurait pu se déboîter tant elle l'avait ouvert violemment. La fameuse infirmière du collège, qui me faisait drôlement peur, était une femme ronde, avec des petites lunettes rondes, un carré qui faisait ressortir ses boucles d'oreilles rondes et avait un visage à vous glacer le sang. Peut-être qu'elle était très gentille, peut-être que non, mais son visage me faisait peur. Elle s'est raclée la gorge et a dit:
- Qu'est-ce-qu'il vous arrive ? Vous venez tous les deux ou quelqu'un accompagne ?
Sa voix était mielleuse, un peu grave aussi. Emma s'est levée de son siège.
- Bonjour Madame, j'accompagnais Gabriel car il avait du mal à avancer seul dans le couloir.
- Et qu'est-ce-que tu as, Gabriel ? A-t-elle répondu
- Je... Eh bien, je... Bégayais-je
Je n'avais pas envie de lui dire la véritable raison, mais j'avais envie de dénoncer ce harcèlement que faisait subir les garçons à Lise, d'ailleurs j'espérais que mon passage à l'infirmerie ne me fera pas louper la pause de midi.
- Allons, mon garçon, on ne va pas y passer la journée ! S'énerva l'infirmière, devenue rouge.
- Je..
Allez Gabriel, dit quelque chose. N'importe quoi !
- J'étais dehors quand quelqu'un est tombé sur moi, sans le faire exprès bien sûr, son sac m'est atterri tout droit sur le ventre et je pense que sa règle ou son équerre a dût m'appuyer. Je me suis cogné la tête contre les casiers et.. Voilà. Mentais-je
Je mentais affreusement mal, je pense que ça s'était vu et entendu: J'avais tendance à parler vite lorsque je mentais. Emma m'a regardé en se retenant de rire, je me vengerais. Enfin une vengeance gentille, de l'eau dans le dos ou quelque chose du genre, pas de coups pas d'insultes. L'infirmière, quand à elle, me regardait étrangement. Elle a pointé le doigt vers la chaise de son bureau. Je me suis levé avec l'aide d'Emma.
- J'espère qu'on se reverra, Emma-Louise, lui chuchotais-je
- Je l'espère aussi, me répondît-elle, mais appelle-moi Emma, je préfère.
- D'accord, Emma du couloir de l'infirmerie, plaisantais-Je
Elle avait rigolé. L'infirmière me pris par le bras et elle referma la porte.

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