Un Week-End Interminable [NCT]

Chapitre 15

La scène était plutôt absurde. Quatre personnes et un cadavre étaient dans la même pièce. Quatre jeunes hommes, dont le meurtrier du cinquième, se trouvaient dans cette salle qui ressemblait maintenant à une prison. Et dire que la veille, ces lieux constituaient encore une maison fraîche et accueillante, éclairée par le soleil. Que quelques heures plus tôt, ces garçons vivaient, riaient et s'aimaient. A présent, dans le magma de duvets que personne n'avait prit la peine de ranger, trois d'entre eux étaient assis, faisant face au quatrième qui les toisait plus loin avec méfiance. Le cadavre allongé sur le canapé surplombait silencieusement ce décor tendu. Aucun de ces garçons ne savait quelle heure il était. Aucun d'eux ne savait depuis combien de temps ils étaient là, dans ce salon, étouffés par une atmosphère de suspicion et enveloppés dans un silence de mort.

Ten, par terre, le dos contre le mur, se tenait à l'écart des autres qu'il fixait de ses yeux cernés. Dans son poing, il serrait un gros couteau de cuisine. Winwin, Jaehyun et Yuta ne bougeaient pas non plus, assis dans des couvertures au centre de la pièce. Ils étaient proches mais ne se regardaient pas et ne se touchaient pas. Les minutes passaient, rigoureusement identiques et découpées par le son d'une horloge, quelque part dans la maison. « Ten... » Yuta venait de briser le silence pour émettre un gémissement apeuré. Les yeux inquisiteurs de Ten se posèrent sur le japonais et ne bougèrent plus.

« - Ten... J'ai besoin d'aller...

- Tais-toi. »

La voix sèche et glaciale de Ten avait fusé avec une brutalité inattendue. Yuta baissa la tête et se renferma dans son mutisme. Cette situation durait depuis une éternité. Il fallait y mettre fin. Cette nouvelle humiliation finit par faire émerger Jaehyun qui était perdu dans ses pensées.

« - Bon, ça suffit, déclara le coréen en se levant.

- Tu te rassois. »

Ten venait de bondir sur ses pieds, assassinant Jaehyun du regard et pointant le couteau vers lui. Bien deux mètres devaient les séparer, mais la rapidité avec laquelle Jaehyun s'était levé mettait en garde le thaïlandais. Lentement, Jaehyun murmura :

« - Ten, écoute-moi...

- Tu arrêtes de parler et tu te rassois.

- Ten bordel, arrête ! supplia Winwin, toujours assis par terre. »

Jaehyun n'avait pas bougé, figé en position debout. Il continua : « Ten, je ne sais pas depuis combien de temps tu nous forces à... » Ten eu un mouvement menaçant vers l'avant. Jaehyun se rassit précipitamment, tendant les mains devant lui dans l'espoir d'apaiser le thaïlandais. Ce dernier le foudroya un instant du regard et se rassit à son tour, contre le mur.

« - Nous resterons comme ça des jours si il le faut, déclara-t-il froidement. Personne ne quittera ce salon avant que je ne sache qui a tué Taeyong.

- Et tu espère quoi ? reprit Jaehyun avec méfiance. Que l'un de nous se dénonce pour mettre fin à ce calvaire ? Ou que la réponse apparaisse grâce à l'action du saint-esprit ?

- Je t'ai dis d'arrêter de parler ! rugit Ten en pointant à nouveau le coréen de son arme.

- Ce n'est pas nous, gémit Winwin. Ten, je t'en prie, arrête... On ne peut pas avoir tué Taeyong... On est incapable de se faire du mal entre nous, on est... On est ami, bordel !

- C'est bien ce que je croyais, persifla Ten d'un ton tranchant. Mais maintenant, Taeyong nous a quitté et vous savez aussi bien que moi que l'assassin ne peut être que parmi nous.

- Aucun d'entre nous n'avait de raison de vouloir tuer Taeyong. On l'aimait tous ! gémit Yuta.

- Je vois ça, rit Ten avec aigreur en avisant le corps de l'hôte dans le canapé.