HEARTBOUND

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La nuit se faisait de plus en plus sombre. Les étoiles brillaient de tous leur éclat et la lune possédait la forme d'un croissant, dans cet astre, Lore avait l'impression d'apercevoir un sourire le narguant et prêt à s'écraser sur lui. Ne voulant guère prêter intention à ce détail, l'adolescent détourna la tête et se concentra sur sa route et le port de sa hache. Cette hache qui d'ailleurs lui broyait le dos tant son poids était démesuré. Mais sans geindre, Lore essayait de ne pas y penser.

En relevant la figure, il vit au beau milieu des arbres... Un livre. Il était de couleur violette, ses armatures et sa tranche dorée, mais gardait tout de même un côté très ancien, plutôt mystique. En l'ouvrant, la senteur du papier remonta jusqu'aux narines de Lore, une odeur différente des autres, elle était comme... Magique et revigorante ! Sans penser quoi que ce soit, le garçon prit le crayon posé au côté droit du registre et inscrivit son nom. Les yeux clos, un souffle chaud le parcouru de la tête jusqu'aux pieds, il se sentit aussi bien que lorsqu'il se blottissait dans son propre lit. L'adolescent ne put s'empêcher de lâcher un sourire de bienheureux. Encore plus déterminé à retrouver son fidèle chien, son seul ami... Lorsqu'il rouvrit ses deux paupières, l'encre avait été absorbée, plus aucune trace... Nada ! Étonné, Lore commença à se demander s'il y avait vraiment eu de l'encre dans le crayon précédemment utilisé, puis à se croire fou. Mais aucune des deux réponses n'étaient correcte, il avait affaire à de la magie, de la vraie.

Alors il reprit son chemin, il ne savait guère combien de temps ceci allait lui prendre, et si un jour il reverrait Baron. Une touche d'inquiétude l'envahit alors, quelque chose de liquide et inodore gouta de ses mirettes, des larmes... Mais... Il ne pouvait pleurer ! Ce n'était pas en faisant le sentimental qu'il pourrait avancer. Il essuya ce qui débordait avec sa manche, mais en hoquetant sans le vouloir réellement. Lore inspira un grand coup. Et accéléra le pat.

Quelque mètre plus loin, de grands rondins de bois obstruaient le passage, sentant à nouveau les larmes de découragement venir, Lore se posa pour réfléchir. Il se mit à tourner en rond, la main sur le front, les sourcils froncés, la bouche tirée vers le bas... Vexé de n'avoir aucune idée, il donna un grand coup de pied dans l'un des énormes rondins, non seulement il se fit mal au gros orteil mais de plus il lâcha contre son gré un cri tout au plus viril. Toutefois, le bout de bois s'était décalé de quelque millimètre. La solution était là. Perplexe, la main gauche compressant son orteil endolorit, il reprit un instant son calme avant de se redresser. Lore se plaqua dos contre cette masse de bois et poussa de toutes ses forces. Il réussit à dégager le passage, du moins permettre à une personne fine et petite de se faufiler. Vu sa maigreur, il réussit sans mal à s'y glisser. La tête haute, d'une marche triomphale, il avançait, tout joyeux de sa trouvaille. Mais le monde réel vînt vite le ramener sur terre, trois autre gros rondins attendaient d'être décalés. La mâchoire tombante, les globes oculaires exorbités, les bras chutant, son souffle se coupa un court instant, Lore était persuadé qu'il allait s'évanouir avec la masse de travail qui l'attendait.

Avant de se lancer dans quoi que ce soit, l'adolescent préférait étudier la position des rondins afin de visualiser correctement leur emplacement et agir le plus efficacement possible. Pour se permettre d'observer les autres troncs d'arbres arrachés, Lore en escalada un. Les mains glissantes sous l'humidité du bois, poisseux, le lichen s'arrachait sous les prises du jeune garçon, Lore réussit tout de même à passer sa tête, ainsi il put constater l'étrange position des autres rondins. En redescendant, il sentit l'ombre du doute dans les tréfonds de son esprit solitaire... De crainte à encore perdre du temps en s'attardant, il commença à dégager le premier rondin de passage puis un autre, et le dernier, comme un casse-tête. En se frottant les mains, il retira la mousse incrustée dans ses paumes humectées.