chapitre 3

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Le lendemain de ma nuit, je décide de prendre le bus car je sais que Noé le prend. Quand j'entre dans le transport scolaire, Noé est assis au fond. Déterminée, je m'avance vers lui. Il est avachi sur le siège peu confortable du bus, des écouteurs enfoncés dans ses oreilles, et un carnet posé sur ses genoux. Des mots sont posés sur le papier, ils sont griffonnés a la va vite, presque illisible, je suis pose que seul lui peut les lire. J'ai presque peur de m'assoir à côté de lui, il semble tellement dans son monde que l'interrompre me met mal à l'aise. Je pose doucement mes fesses à côté des siennes, et je sens directement que son corps se tend et ses mâchoires se contracte. Il se recroqueville dans sa carapace, il ne veut pas que je l'approche, que quiconque l'approche. Mais je suis têtue. Sans rien lui dire, je met moi aussi mes écouteurs, et ne lui lance pas un regard, ni ne lui dis un mot. Au fur et à mesure, je sens bien que son corps se détend, qu'il relâche la pression, mais sa carapace et encore la, et je sais d'avance que je vais avoir du mal à l'a brisée. Il me voit comme une ennemie, parce que je suis pose qu'il n'a connu que ça. Il ne sait pas qu'on peut l'aider, le sortir de ce cercle vicieux.
Quand le bus arrive, les portes s'ouvrent, je ne sais pas si je dois restée assise ou me levée, peut-être que je pourrais créer un lien avec lui, il semble apte pour... oh et puis crotte ! Pour quoi j'ai l'impression d'approcher un bête sauvage ? C'est un humain, il communique aussi !
Je prends mon courage à deux mains, et avant que je n'ai pu dire un mot, il prend les devants et lache d'un ton peu sûr ;
-Je dois aller en cours.
Bon c'est pas exactement les mots que j'attendais, mais il y a un début à tout... je me lève de ma place et me décale pour qu'il puisse sortir.
Mais je ne peux pas restée bredouille !
-Noé ?
Dans les rangées du bus, il se tourne vers moi. J'attends la remarque, mais rien.
-Je pourrais avoir ton numéro ?
Ses yeux s'écarquillent malgré lui et un petit rire ironique s'échappe de sa bouche.
Sans rien me répondre, il tourne le dos et descend du bus.
Non, je me suis trompée c'est vraiment une bête sauvage !

Deux jours plus tard, je déambule dans les couloirs du lycée en compagnie de Daisy, qui me parle du premier match de l'année qui commence ce soir.
-Je te jure, ça va être le feu, le lycée à économiser longtemps pour que tout sois nickel, j'ai tellement hâte, et tu verras, l'Amérique, c'est bien mieux que la France.
Je rigole.
-pas la peine de m'emmener à un match pour que je le sache, vive l'Amérique, et merde la France ! Dis-je en brandissant mon point en l'air.
Daisy éclate de rire et m'imite en chantant l'hymne que nous devons chanter tous les matins avant de commencer un cours.
-tu viens hein ?
-bien-sur que je viens ! Je ne raterais pour rien au monde ce qu'on nous montre dans les films !
Mon amie se pince la lèvre inférieur.
-Bon c'est pas aussi spectaculaire, y'a pas un drame avec la fille timide du lycée et le bad-boys, capitaine de l'épique, mais c'est dans l'idée !
-tu vas mettre quoi ?
-la tenue est prévue depuis ma naissance ! J'ai opté pour une petit robe volante noire, elle est trop canon..
-c'est la fille qui la porte qui est cannon tu veux dire, je lui dis en lui lançant un clin d'oeil.
Elle repousse exagérément une mèche de cheveux derriere son épaule en hurlant dans tout le lycée « QUEEN », j'éclate une fois de plus de rire, sous le regard réprobateur du concierge.
Quand j'ouvre mon casier, un petit bout de papier glisse, et s'échoue par terre.
Daisy le saisit, et elle écarquille les yeux.
-un numéro de portable ! Quelqu'un en pince pour toi Abby ! C'est tellement génial, vite vas-y envoie lui un truc je veux être la quand il va répondre !
Mon poule se fait chaotique, la seule personne à qui j'ai demander son numéro de téléphone, c'est à Noé ! Je lui prends le papier des mains un peu trop rapidement et examine le numéro, je le  fourre dans mon sac sous le regard de mon amie.
-bah tu fais rien ? Dit-elle.
-pfff non je suis sûre que c'est un canular, dis-je en jouant l'indifférence.
-et alors ? C'est drôle, aller fait le !
-non, on s'en fout, aller hop en route !
Daisy me saisit le bras, et se plante en face de moi.
-Abby, ne le prend pas mal mais... tu serais pas lesbienne ?
J'écarquille les yeux, et éclate de rire.
-non mais d'ou tu sors ça toi ?
Elle hausse les épaules et nous nous remettons en marche.
-j'en sais rien tu parles jamais de garçon...
-et alors ? Ça veut pas dire que je suis lesbienne...
-tans mieux, parce que si tu avais eu des sentiments pour moi ça aurait été trop gênant.
-mais c'est pas le cas alors détend toi !
En tournant la tête derrière mon épaule, je suis surprise de voir Noé accoudé aux casiers me regarder droit dans les yeux. Je tente un petit sourire, et suis surprise de le voir effectuer un petit mouvement de tête, j'ai soudain très hâte de lui envoyer un message...

elle & lui.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant