Aria

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Aloysia Weber. C'était le nom de la chanteuse qui avait provoqué tant d'émotion à Wolfgang Amadeus Mozart. Antonio Salieri l'avait rencontré il y a trois jours à la réception et avait pu échanger quelques banalités avec elle, mais il lui avait donné rendez-vous dans son bureau aujourd'hui pour pouvoir faire plus ample connaissance à l'abri des oreilles bien trop curieuses de la cour. Les rumeurs jasent si vite au château.

Le compositeur Italien voulait savoir quelle relation unissait Aloysia et Wolfgang. Car ils se connaissaient forcément, la réaction du Maestro blond n'en laissait aucun doute.

Trois coups assurés contre la porte du bureau de Salieri résonnèrent dans la pièce.

- Entrez.

Pendant qu'il se levait, Aloysia Weber entra, refermant la porte derrière elle.

- Bonjour Maestro Salieri.

- Mademoiselle Weber.

Le compositeur lui baisa la main et en profita pour l'attirer sur le canapé dans un coin, l'invitant à s'installer avant de prendre place près d'elle et de lui lâcher enfin la main.

- Pourquoi m'avez-vous demandé de venir ? Demanda Aloysia, un sourire charmeur aux lèvres. Vous avez déjà des partitions pour moi ?

- Effectivement, j'ai des partitions pour vous, confirma Salieri avec sa froideur habituelle.

Aloysia ne sembla pas se soucier de l'attitude mesurée du maître de Chapelle, gardant un ton légèrement enjôleur parfaitement calculé tout en répondant :

- Vraiment ? Et bien Maestro votre réputation dit vrai sur vous, vous ne vous ménagez en rien. M'en voilà ravie.

- C'est que je n'ai pas de temps à perdre si je veux garder ma place, se justifia Salieri.

En vérité les partitions ne servait que de prétexte pour faire venir la cantatrice dans son bureau, c'est pourquoi il les avait composé si prestement. Sa place au près de l'Empereur était déjà bien établie, il n'avait plus de soucis à se faire pour cela.

- Et bien si vous êtes si pressé, pourquoi ne pas prendre place au piano-forte pour que je puisse aussitôt commencer à apprendre le chant ? Questionna Aloysia d'une voix mielleuse.

Tout comme lui, elle portait un masque pour se fondre dans la cour. Ce numéro de charme, c'était comme un réflexe de survie. Et contrairement aux autres Salieri n'était pas naïf, il le voyait bien. Et il allait devoir faire tomber ce masque, pour en apprendre d'avantage sur celle qui semblait être la faiblesse de Mozart.

- Merveilleuse suggestion, approuva Salieri en le relevant. Par ici je vous prie.

Il s'installa sur le tabouret devant le piano-forte trônant au milieu de la pièce. Aloysia le suivit et se posta debout juste à côté de lui, de façon à apercevoir les partitions. Antonio avait volontairement écrit un mélodie plutôt complexes à chanter, de façon à prolonger le temps nécessaire de répétition avec Aloysia et donc passer du temps avec elle.

Ainsi ils répétèrent toute l'après midi. La voix de la cantatrice était aiguë et toute en douceur, exactement comme Salieri l'avait imaginé,la mélodie qu'il avait composé la mettant en valeur.

- Pouvons nous arrêter ? Quémanda Aloysia après plusieurs heures, les dernières notes de clavecin se répercutant en écho contre les murs. J'ai la bouche complètement sèche.

Son ton n'avait rien de plaintif, pourtant le Maestro italien se doutait bien qu'à force de chanter ses cordes vocales devaient être douloureuses. Elle s'efforçait de faire bonne impression.

Ce N'est Pas Un JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant