/!\ Ce chapitre contient une scène d'automutilation /!\
La première des Noces de Figaro, le nouvel opéra de Mozart avait lieu ce soir à Vienne. Salieri n'avait pas vu le compositeur autrichien depuis quelques temps, leur rivalité ayant comme été mise en suspend depuis l'arrivée d'Aloysia. Mozart fuyait la soprano comme la peste, et comme cette dernière passait la plus grande partie de son temps en compagnie de Salieri le prodige l'évitait également par extension. Et cela ne déplaisait pas du tout au maître de Chapelle, les provocations et l'air arrogant de Mozart ne lui manquaient pas le moins du monde.
En revanche ce qui lui avait manqué c'était les œuvres musicales de Mozart et il se sentait presque euphorique alors qu'il attendait le début de l'opéra bouffe, assis en compagnie d'autres compositeurs italiens qu'il fréquentait.
Il n'avait pas eu l'occasion d'assister à beaucoup de répétition des Noces de Figaro, il avait bien trop de travail. Mais de toute façon même s'il en avait eu le temps, il ne l'aurait pas fait, il ne voulait plus risquer de laisser Mozart comprendre à quel point sa musique pouvait le toucher. Il ne souhaitait pas donner cette satisfaction à l'autrichien.Enfin, le premier numéro commença, puis les mouvements, les mesures, les croches, les notes s'enchaînèrent. Captivé, Salieri ne vit pas le temps passer. La fin arriva bien trop vite à son goût. Des applaudissement l'arrachèrent de la transe dans laquelle seuls les morceaux de Mozart le plongeaient. Il les imita, encore un peu déboussolé et déconnecté de la réalité. Comme à chaque fois, il avait la désagrégation impression de s'être pris une claque, le talent du compositeur blond l'assommant.
Et le pire dans tout cela, c'est que Salieri en voulait encore et toujours plus. Dans son esprit, la jalousie, l'admiration et la frustration se bousculaient, il avait l'impression que sa tête allait exploser et pourtant ce qu'il souhaitait par dessus tout c'est que Mozart continue de diriger l'orchestre symphonique pendant des heures. Quelque chose ne tournait vraiment pas rond chez lui.
Tout autour, les gens s'agitaient. L'avis global semblait mitigé. Certaines personnes essayaient de rejoindre le petit groupe qui s'était formé autour de Mozart, cherchant à le féliciter et d'autres quittaient la salle en exprimant indiscrètement leur incompréhension face à cette œuvre.
Et au milieu il y avait Salieri, qui ne savait pas quoi faire. Les notes raisonnaient encore dans sa tête. C'était si beau, mais ça faisait si mal. Comme un couteau affûté planté dans son âme. Et la blessure laissée était dévastatrice, pourtant il ne voulait pas qu'elle se referme. Il désirait encore écouter les compositions de Mozart.
C'était certain, la musique de l'autrichien finira par lui faire perdre la raison.
Le compositeur brun sentit alors les larmes lui monter aux yeux alors que sa gorge se nouait douloureusement. Retenant ses sanglots, il rentra rapidement chez lui, abandonnant les autres compositeurs italiens sans trop d'explication. Ce n'est qu'une fois qu'il fut enfermé dans sa chambre à double tour, ayant ignoré sa domestique qui voulait lui annoncer que le dîner était prêt, qu'il permit aux larmes de couler sur ses joues, laissant une traîné brûlante sur leur passage ainsi que des traces noires, son fart à paupière dégoulinant avec.
Il grimaça. Pleurer était vain, il le savait. Ça ne le calmait pas, ne lui apportait aucun soulagement. La seule chose qui tuait sa haine, sa tristesse, sa frustration, sa colère, sa douleur, tout ses sentiments, il la connaissait.
Lentement, il sortit le poignard qu'il gardait toujours caché dans la doublure de sa veste. Il remonta ses manches, dévoilant la peau nue de son avant bras. Sous la lumière du clair de lune, ses veines bleues ressortaient particulièrement. Il l'observa un instant, les anciennes cicatrices avaient presque disparues.
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Ce N'est Pas Un Jeu
Hayran KurguBien plus que la haine qu'ils vouaient tous les deux à Wolfgang Amadeus Mozart, il y a autre chose qui rapprocha Antonio Salieri et Aloysia Weber. Mais ces deux là étaient loin de se douter que ce qui ne devait être qu'un simple échappatoire à leur...