Lucie

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La nuit douce et calme me berce doucement. Je marche, pied nu dans les rue désertes de ma ville et la brise naissante me caresse doucement le visage. Personne ne peut me juger, tout le monde est bien trop occupé à prendre soin de soi, au chaud et confortablement installé dans de grand canapé de velours. Je ne suis pas comme ça. D'ailleurs, je déteste les gens comme ça. Toujours à se plaindre du moindre mauvais détail, une petite chose qui ne tourne pas rond. Non, je laisse ça aux autres.
Ma vie se résume seulement à me balader où je veux, quand je veux sans but précis ni contrainte. On peut me retrouver perchée en haut d'un toit comme assise tranquillement sur un banc.

Imprévisible, comme le dise mes parents, impossible à cerner aussi. Bref, tout me va, vu que je suis la seule à être ce que les autres ne sont pas.
La lune brille dans le ciel sombre et jette des rayons blafards sur la large route devant moi. Maître de moi même et de mon environnement totalement vide de présence, je m'autorise toutes les bêtises que je veux.
Finalement, je cours. Tout ce qu'il y a de plus banal. Pourtant, c'est une course effrénée avec comme seule compagnie cette envie de fuir ce monde de fou, incapable d'y trouver une place convenable.

Je suis jugée et ça me blesse beaucoup malgré mon masque de marbre que je revêt chaque matin avant de le laisser tomber à la nuit naissante. Les autres ne comprennent pas leur imbécilité et ne se rendent pas compte de la génération horrible et raciste qu'ils sont devenus. Incapable de voir les autres différemment, il faut que tout tourne comme eux, sinon tu es jugé. Et c'est ce que je suis. Jugée et mal traitée car j'aime la vie au naturel, loin des règles et des implications de tel ou tel chose.

Mes longs cheveux raides volent derrière moi et je remarque que mes pas m'ont guidés au bord de la ville, endroit interdit et délimité par de grand mur de pierres inégales. Cette ville est bloquée depuis 2030 par ces palissades et jamais personne ne s'est posé des questions par rapport à la raison de leur présence. Face à elle, je prend conscience lentement dans quel prison nous vivons depuis tant d'années. Entourés de toutes parts, coupé d'un monde dont on n'a plus aucune nouvelle depuis longtemps, on nous apprend à être ce que l'extérieur et les humains passés n'étaient pas. On nous abrutis, nous apprend à être violent et à détester les différences.
Voilà ce que le Gouvernement fait, en silence et sans traces. Et je suis la seule à m'en être rendu compte. Maintenant je suis partagée entre prévenir les autres, au risque d'encore me faire juger ou fuir cette endroit horrible et avertir l'extérieur de ce qu'il se passe ici.
Indécise, je m'asseois au sol et ferme les yeux quelques instants. J'écoute en mon fort intérieur, mon cur battre dans ma cage thoracique et le sang pulser dans chaque muscle de mon corps, prêt à endurer l'ascension de ce mur, ce seul obstacles avant ma libertée.

Je fais glisser ma main sur la surface rocailleuse à la recherche d'une prise. Longuement, je continue de frôler le mur du bout de mes doigts tremblant. Je m'imagine déjà là haut, prête à rejoindre une autre civilisation inconnue de nous et enfin commencer une vie normale. Alors que mon souffle se saccade un peu plus à chaque nouveau mètres, j'appercois au clair de lune un creux parfait pour monter.
Je me poste devant et pose mon pied dedans avant de me propulser vers le haut. Tout me semble lointain dorénavant, il y a que ma montée qui compte. L'adrénaline que je ressentais en bas était toujours présente et me force à grimper encore plus haut. Bientôt... Encore bientôt... Et enfin le rebord. Je me hisse avec difficulté tout en haletant horriblement et tente de reprendre mes esprits. Mes mains sont écorchés de toutes part et mon sang rouge écarlate goutte sur la frontière invisible entre mon passé et mon futur. Je veux relever la tête et faire face à ce qui nous est caché depuis si longtemps mais je n'y arrive pas. Pourquoi ne pas nous l'avoir dit ? Est-ce parce qu'il n'y a rien ? Brutalement je lève la tête et là je m'émerveille. Une vaste plaine d'herbe s'étale face à moi et au loin, les bordures d'une forêt. La brise légère agite les cimes verts et les grandes tiges en contrebas semblaient faire une danse harmonieuse de bienvenue. Sans plus attendre, je saute sans me soucier de la hauteur et j'atteris dans un tas de foin. Je respire doucement ce sentiment de liberté et de légèreté qui m'envahit et me laisse de nouveau porté vers l'inconnu.
Voilà, enfin je suis libre.

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Hey heyyy

Voilà un petit texte qui m'a été donné comme "défis" par @ 😘

Voilà ce que j'ai fait et je vous le partage donc ^°^

Sur ce :

Oveeeer 👋

Recueil de petites histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant