Le temps n'existe plus. Notre mort est rapide, et nous en sommes heureux. Mais le décor qui nous entoure est intrigant. Il n'existe plus rien que nous connaissons. Seul d'épaisses fumées aux couleurs étranges, un sol à la matière inconnue de nos sens et des bruits de toutes sortes nous entourent.
- Vous croyez que nous sommes sur le bon chemin cette fois-ci ? — questionne Lucy.
- Avançons, je ne me sens pas à mon aise dans cet environnement
Nous avançons, mais nous ne sentons plus aucune contrainte, plus de fatigue, plus de faim, plus de soif. Comme si notre corps n'existait plus. Nous trouvons cela très agréable et nous continuons notre chemin. Soudain, l'ambiance se fait plus oppressante. La fumée s'épaissit, des bruits sourds mélangés à des aigus désagréables tintent de plus en plus fort. Une douleur vive nous fait hurler de concert.
- Notre corps se remet à fonctionner ! — Grogne Noé, tordu par cette sensation terrible.
- Comment est-ce possible ?! – dis-je en tentant de garder les yeux ouverts malgré la fumée qui se fait plus abondante encore.
- Il faut que l'on continue à marcher ! – crie Lucy.
La notion de temps cependant n'est pas encore revenue et cet instant nous semble durer une éternité. Épuisés, nous tombons tous les trois inconscients.
Lorsque nous ouvrons les yeux, le bruit a disparu à l'instar de l'épaisse fumée qui l'accompagnait. À la place, nous voyons un chemin rouge tracé sur une large bande de pierres lisses d'un blanc immaculé. Autour, il fait noir, seul le chemin est éclairé. Les effets du poison se sont dissipés, mais nos pas sont lourds et nos cœurs cognent dans nos têtes encore sonnées par cette « mort » un peu trop violente à notre goût.
Mais sommes-nous réellement morts ? Ne nous l'étions pas déjà avant ? Nous venons de découvrir qu'il est impossible de mourir une deuxième fois et que se « donner la mort » permet simplement de passer d'un monde à l'autre. La prochaine fois, nous trouverons un moyen moins douloureux pour le faire.
Jour X Année X – pas de repère temporel
Il ne faut pas marcher longtemps pour arriver à la fin du chemin. Nous nous trouvons devant une imposante porte lorsqu'une voix retentit au loin.
- Déclinez vos identités !
- Je m'appelle Lucy, femme éternelle, première humaine recensée sur terre – commence-t-elle.
- Moi c'est Noé, homme éternel, créateur de l'arche mythique attribuée par les premiers chrétiens.
- Mon nom est Albus, dernier éternel envoyé sur terre en l'an 1659 de leur ère. Nous avons été appelés par les grandes instances.
- Ah ! c'est vous ? – grogne la voix – je vous imaginais plus... je ne sais pas, mais pas comme ça. Enfin, entrez donc !
Les portes s'ouvrent dans un lourd craquement, trahissant la vieillesse et le mauvais entretien de ses gonds. Le décor simple fait maintenant place à une ville aux couleurs luxuriantes, aux odeurs délicieuses et où chaque personne, terrienne ou non, semble vivre en parfaite harmonie avec le lieu.
- Cela correspond au paradis vu par nos terriens – lâche Lucy.
- Comme si quelqu'un y était allé et est revenu le rapporter sur terre.
- Tu n'as encore rien compris à l'histoire de Jésus, Mohammed et les autres toi – rigole Noé.
- Que veux-tu dire ?
- Ce sont des « faux » humains, envoyés sur terre pour rapporter ce lieu aux humains... par pure cruauté des instances, car les terriens n'iront jamais ici. Mais aussi pour « éduquer » les peuples terriens et leur donner un espoir ultime pour qu'ils s'améliorent sans cesse.
- Et que font ces terriens-là ici alors ?
- Ce sont tous les saints et saintes. Ne crois pas que les terriens choisissent eux-mêmes de les béatifier, ces choses-là les dépassent sans qu'ils ne s'en rendent compte.
- Eh bé... je mourrai moins bête !
Ma réflexion fait rire mes compagnons et nous entrons détendus dans ce lieu aux multiples promesses.
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Une éternité pour vivre
Ficção CientíficaIl existe une légende qui raconte qu'à la naissance, un ange dépose un doigt sous le nez de l'enfant afin qu'il oublie tout de sa vie précédente. Ce qui explique cette marque que chaque Homme sur terre possède entre la bouche et le nez. Tous les hu...