Chapitre deux

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J'ai souvent dû écrire des histoires, pour mes frères et sœurs, ou tout simplement pour moi. Quand je les écris pour moi, je pousse la réflexion le plus loin possible. Il m'arrive donc de parler de sujets... qui ne plaisent pas à certains. Et pourtant, ce sont des thèmes que l'on pourrait qualifier de "quotidiens" et qui se produisent chaque jour dans le monde entier. J'ai souvent évoqué la mort et la maladie dans mes récits. L'éloignement aussi. La maladie, parce que ma mère était malade. J'ai dû vivre au quotidien avec ses soins jusqu'à sa mort. L'éloignement, parce que travaillant dans un cirque de renommée internationale, je suis toujours loin de chez moi. Et la mort, parce que c'est une chose qui peut arriver à n'importe qui, d'un moment à l'autre. Davantage lorsque l'on travaille dans un cirque. Je rêve d'une mort douce et rapide, que je ne remarque rien. La mort, je l'ai déjà regardée dans les yeux plus d'une fois. Je me suis retrouvée souvent à l'hôpital. Il faut dire que lorsque l'on se retrouve à devoir faire des acrobaties sur un, ou bien même deux, chevaux élancés en plein galop, la situation commence à devenir très rapidement dangereuse.

Durant toute mon enfance j'ai suivi le cirque de mon père, dans de nombreux pays du monde. Ce cirque est légué de génération en génération, et ce depuis un très long moment. De plus, j'ai toujours connu d'autres cultures que celle de ma véritable patrie. Il est vrai que certaines fois suivre un cirque de renommée internationale peut être fatiguant mais ce n'est pas pour autant que ça en est lassant. Non, ça ne peut être lassant, on rencontre sans cesse de nouvelles personnes. Le risque, c'est de ne jamais les revoir. Après tout, je suis nomade et ça me plaît, ce doit être de famille. Le seul problème du nomadisme, c'est qu'on ne peut pas avoir de pied à terre, on ne peut pas avoir de relation stable -à part bien sûr avec les autres membres du cirque. Depuis quelques années, je me demande quand je vais arrêter. Arrêter de partir sans arrêt. Même si cela a du bon, je ne veux pas travailler pour un cirque toute ma vie. Ce que je veux? Faire des études de droit. J'en ai toujours eu envie. Depuis deux ans, je prends des cours par correspondance, mais ça ne suffit pas.

Il y a deux heures, j'étais encore indécise, et pourtant je me pose la question depuis plusieurs années. Mais maintenant, c'est décidé, je ne ferai pas la saison prochaine. Enfin... je crois.

Je continue mon maquillage, effectué rapidement car j'étais trop plongée dans mes pensées. Je remarque la bande de voltigeurs qui traverse rapidement pour se diriger vers l'entrée de la piste. Quelques minutes après, je remarque mon père avec sa chambrière de dompteur.

- Papa?

Il se retourna rapidement, faisant voler le long fil de la chambrière.

- Oui Luna?

- Je… commençai-je. »

Je voulais lui faire part de mon envie d'arrêter, mais il avait l'air préoccupé. Tant pis, je lui en parlerais ce soir.

- Non rien.

Il me sourit.

- Ah oui. Tout à l'heure, c'est moi qui longerai les chevaux, pour le dernier spectacle de la saison. Bon, maintenant, j'y vais. Je dois aller voir les lions, il y a un problème avec Brooklyn.

Je le regarde s'en aller d'un pas motivé. Je continue de me préparer, je m'étire, tout en regardant les artistes passer. Plus il y en a, plus le stress en moi augmente, et continue d'augmenter sans cesse. J'ai pourtant réviser ce numéro, je me suis entraînée, et c'est toujours la même chose avant chaque spectacle. Je vis les voltigeurs revenir, ça allait être à moi. J'avance d'un pas rapide vers la piste, la boule au ventre, sûrement ma dernière représentation avant un bon bout de temps. Je sentis une main sur mes épaules et me tourne rapidement. C'est mon père. Il tient les deux chevaux de mon numéro en longe. Il poussa un long soupir.

-Tu es prête? me demanda-t-il.

-Toujours.

Une voix, que je connaissais trop bien, retentit sous le chapiteau :

- Et maintenant, mesdames et messieurs, veuillez accueillir notre voltigeuse. Mais attention, pas n'importe quelle voltigeuse. En effet, elle nous présente son numéro avec ses deux chevaux Ushuaïa de la Pomme et Blondine du Rif. Veuillez accueillir Luna Alexandrini!

Un pas de plus, et je suis sous les projecteurs. Je pris une grande bouffée d'air et avançai un pied après l'autre, au centre de la piste.

*****

Je reviens dans les coulisses, suivie de mon père. Je commence tranquillement à défaire ma tresse en épi.

- C'était très bien, me dit-il avec un large sourire.

- Merci... A ce propos... je voulais te dire quelque chose...

- Oui?

- Je voulais te dire... enfin je sais pas vraiment comment le dire...

- Qu'est ce qu'il y a? me demanda-t-il d'un air sérieux qui ne lui ressemble pas.

- Je... je ne pense pas continuer.

- Continuer quoi?

- La saison prochaine. Je ne veux pas la faire.

Il se fige sur ma dernière phrase, lâche les longes des chevaux et s'en va. Les chevaux bougèrent à peine les oreilles. Je m'attendais à une réaction comme celle-ci. Tout ce que j'ai fais durant ma courte vie, c'est apprendre de nouveaux numéros. On pourrait presque me comparer aux lions qu'il dompte. Presque. Je pris la longe de Ushuïa et Blondine pour les amener vers le pré. En sortant, j'enfile rapidement un short et un débardeur par-dessus ma tenue de spectacle. Arrivée dehors, la lumière du soleil m’éblouit. En effet, l'été est arrivé plus rapidement que prévu. Je marche un petit peu et arrive à l'entrée du pré.

Je m'assois dans l'herbe, tenant les deux chevaux qui broutaient l'herbe à leur aise. Je repense à tout cela, à la réaction de mon père. J'ai envie de continuer, pour lui faire plaisir, mais en même temps, une petit voix me dit de rester ici, à Londres.

Mon père n'a jamais été méchant. Je dirais qu'il a été comme il faut. Il nous a bien élevés, mon frère, ma sœur et moi, même si nous ne somme pas ses enfants biologiques et malgré la mort de ma mère. J'ai toujours sû que j'ai été adoptée. Cela ne m'a jamais posé aucun problème, à ma fratrie non plus. De plus, je n'ai jamais essayé de chercher mes parents biologiques, ou plutôt devrais-je les qualifier des géniteurs. Ils ne sont pas mes parents et ne le seront jamais. Je me suis toujours dit que si ils ne m'avait pas gardée, c'est pour la simple et bonne raison qu'ils ne m'aimaient pas. Et je n'ai nullement besoin de rencontrer des gens comme eux. Après plusieurs minutes de réflexion au soleil, je commence à avoir chaud. Je me lève, lâchant les chevaux dans le pré, avec les autres. J'eus droit a de magnifiques départ au galop, "plein gaz" comme je le qualifie. Tout en allumant une cigarette, j'avance vers mon bungalow. J'appuie sur la poignée, c'est fermé, bien sûr. Je cherche la clé derrière le pot de fleur à ma droite. Une fois trouvée, j'ouvre la porte. Il fait tellement frais que je me laisse tomber sur le canapé. Mon portable sonne, je n'y prête même pas attention. Je n'ai aucune envie de me lever. Ce doit être la fatigue. Oui, c'est sûrement ça.

On toque à la porte, je pousse une sorte de soupir de lamentation. Ce devait surement être mon grand frère, Giuseppe. Pourtant, je suis sûre de ne pas avoir fermer la porte après mon passage.

-Giu' tu sais où sont les clés!

Je me lève, on toque une nouvelle fois avant que je puisse atteindre la porte. J'ouvre et tombe nez à nez avec mon sosie en blonde, un brun, bourré de tatouages, suivis de près par un blond.

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Merci de lire. Ça nous fais énormément plaisir ! Si vous n'aviez pas compris c'était le point de vue de Luna. Donc je ne sais pas quand sera publiée la prochaine partie parce que je pars en vacances ce week-end, je vais essayer de la publier le plus vite possible mais je ne promets rien. Donc voilà ! Merci encore! Votez, commentez et surtout partagez.

Smack.

Marion et Rébecca.

Twins. [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant