Dame dans l'ombre

Dans les rues de Paris

       Une matinée froide, un lundi de 1877. Catherine avait 30 ans, habillée d'une longue robe de soie bleue et coiffée d'un chapeau noir acheté quelques minutes auparavant, elle sortit par la géante porte centrale décorée de dorures, la porte de son magasin préféré, la plus grand de tout Paris, un commerce qui occupait deux rues, la grande rue de Vivaldi et la plus petite et plus récente, celle de Baucour. 

Catherine adorait s'y rendre, elle pouvait se le permettre, elle était riche...                                                                                                                        

Après être resté deux longs mois à travailler dans un vieux café qui avait fait faillite, elle s'était mariée à un grand médecin, mais elle ne l'aimait pas et il ne la rendait pas heureuse. Si elle restait à ces côtés, c'était pour se mettre en ménage comme toute les femmes de son âge.

Elle leva la tête, regarda vers le ciel avec ses grands yeux noisettes et remarqua alors que les nuages devenaient gris et que de grosses gouttes par centaines tombaient sur les pavés des Rues de Paris. Les gens se couvraient avec leurs parapluies. 

Alors que onze heures sonnaient, la ville demeurait sombre et triste comme le cœur de Catherine. À quelques mètres, dans la rue Vivaldi, devant l'une des vitrines du magasin, un homme maigre se tenait assis sur le sol humide et froid. Il était vêtu d'une simple chemise grise et d'un vieux pantalon déchiré, ce pauvre et vieil homme tremblait de froid. 

Dans la rue de Bercy, en face de la rue Baucour, elle vit son mari, Henri, habillé d'un long manteau par dessus son costume relevé par un nœud papillon et d'un chapeau noir plus grand que son visage. Il la rejoignit et ils partirent en se donnant le bras sur la grande place Almont puis retrouvèrent le trottoir illuminé par un lampadaire. 

Catherine se dit qu'elle avait de la chance malgré son chagrin.