Chapitre 2

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[Appel téléphonique]

- Et donc c'est ton nouveau colocataire ?

- Exact.

- Il n'a pas intérêt de faire de mal à ma princesse.

- Ça va Kook... Je ne pense pas qu'il soit méchant. Juste... un peu dans son monde ?

- Mouais. Il n'a pas décroché un mot du repas ?

- Non... Rien. Je n'ai pas entendu le son de sa voix.

- C'est quel genre de gars ça encore...

Ça, je n'en ai pas la moindre idée. Depuis qu'il avait quitté ma chambre, V n'avait strictement rien dit. Pas même lors du repas qui, de ce fait, avait été un moment relativement gênant pour moi.

Le temps passait à une vitesse folle. J'étais toujours allongée sur mon lit à rire avec mon meilleur ami. Mais une fois l'euphorie tombée, je profitais d'un moment de répit pour le questionner un peu plus sérieusement.

- Kook... Quand est-ce que tu viens à la maison ? Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu...

- Bientôt petit cœur, bientôt. Je suis désolé de ne pas être plus disponible mais tu sais...

- Oui oui, je sais, le travail blablabla...

- Ne m'en veux pas s'il te plaît.

- Je ne t'en veux pas, tu me manques juste un peu trop.

J'entendis suite à mes mots un léger rire à l'autre bout du fil. Une petite moue naquit alors sur mon visage tandis que d'une voix boudeuse, je repris :

- Ne te moque pas... !

- Je ne me moque pas ! Je me disais simplement si tu étais aussi douce en vrai qu'au téléphone, ce serait merveilleux...

- Eh !

- Yah Yoona.

Je me tournai subitement vers la voix qui venait de surgir dans mon dos, me faisant légèrement sursauter. V était à nouveau là, dans l'encadrement de la porte, un tube de crème à la main.

- Viens m'aider.

- Yoona ? Allo ? C'est lui V ? Youhou Yoona ?

- A-Attend Jungkook... je dois y aller...

Je n'attendis pas la réponse de mon meilleur ami et mis spontanément fin à l'appel.

[Fin de l'appel]

Je posai donc mon téléphone sur le lit, me redressai, puis me levai finalement de ce dernier pour m'approcher de mon colocataire qui lui n'avait toujours pas bougé. Mon regard s'attarda sur l'objet avec lequel ses mains jouaient distraitement.

- Tu peux m'en mettre ?

- Tu es blessé ?

- Tu ne pas réponds pas à ma question.

S'il paraissait plus détendu qu'à son arrivée, il n'en demeurait pas moins autoritaire. Je déglutis alors doucement avant d'hocher légèrement la tête en guise d'approbation.

Nous nous dirigeâmes donc vers ce qui depuis peu était devenue sa chambre. L'odeur de renfermé avait presque totalement disparu, laissant place à la douce odeur masculine qu'était la sienne.

V prit place sur son lit. Tandis que je faisais de même, il ôta son haut, dévoilant un large hématome occupant une place centrale sur son dos. Mes yeux s'écarquillèrent lentement mais je ne disais rien étant donné que mon colocataire ne semblait pas très ouvert à une éventuelle conversation.

Je me contentais donc de saisir le tube de pommade qu'il avait abandonné sur les draps et de verser un peu de son contenu dans le creux de ma main.

Doucement et timidement, je venais étaler le produit sur sa peau meurtrie ce qui le fit pousser un petit grognement, surement dû au contraste thermique entre la pommade et son épiderme.

Plus mes mains glissaient sur l'immense marque aux reflets bleutés et violacés, plus j'étais tentée de poser cette question qui me brûlait les lèvres ce qui, d'ailleurs, ne tarda pas.

- Comment t'es tu fais un bleu pareil... ?

- En tombant.

- Mais personne ne peut se faire une telle marque rien qu'avec une chute.

À cela il ne répondit rien et je n'osais pas non plus relancer la conversation. Je ne croyais aucunement à sa réponse, elle me paraissait impossible.

Après plusieurs minutes de lourd silence j'avais enfin terminé de faire pénétrer le remède dans sa peau. Mes mains quittèrent alors lentement son corps et je me retrouvais là, derrière lui à attendre un quelconque signe de gratitude.

- Tu pourrais dire « merci » au moins !

Grommelais-je tout en croisant mes bras sur mon torse. Mais là encore, rien. Qu'il ne dise rien, passe encore (je m'y étais habituée). Mais qu'il ne bouge pas, ça c'était étrange. Je me penchais alors légèrement sur le côté pour finalement découvrir que mon colocataire s'était assoupi. Je ne pus m'empêcher de sourire face à l'expression enfantine et détendue de son visage.

Attendri, je dégageais son lit des quelques dernières affaires qui y trainaient avant de délicatement y allonger son corps. Je tirais les draps sur sa personne et éteignis la lumière après l'avoir regardé une dernière fois.

Sa chambre close, je me dirigeais vers la mienne pour moi aussi dormir, car mine de rien, il était déjà bien tard.

***

TroubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant