Chapitre F

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Cela fait trois jours qu'ils sont de retour au bunker. Trois jours que Dean veille sur Castiel.

Il le lave, le rase, nettoie ses plaies, change ses bandages et dort dans un vieux fauteuil défoncé que Sam a installé au chevet du blessé.

Eileen vient prendre la relève quelques minutes par jour. Le temps que Dean prenne une douche et mange un morceau.

Il ne parle pas beaucoup et repousse toutes les tentatives de conversation amorcées par son frère et sa compagne.

Il a besoin de temps pour admettre l'inéluctable...

Accoudé à ses genoux, la tête serrée entre les mains, il se perd dans ses introspections.

Il soupire et se redresse. Castiel est étendu sur le ventre, le dos flagellé, la chair à vif qui peine à cicatriser.

Dean redoute l'instant où il se réveillera tout en l'espérant.

Un coup sur la porte et celle-ci s'ouvre sur Sam. Il entre, tasse de café à la main.

Mêlée à l'odeur du baume cicatrisant, celle de leurs fragrances baigne toute la pièce.

Celle de deux alphas que rien n'aurait dû réunir et que leur statut même aurait dû séparer.


Sam pose sa main sur l'épaule de son aîné et la serre doucement. De l'autre, il lui tend la tasse que Dean accepte sans détacher les yeux du lit.

« D'aussi longtemps que je me souvienne, on n'a cessé de me marteler qu'il était impossible pour deux alphas de se lier », lâche Dean,d'une voix si basse que ses mots semblent murmurés. « Que ces relations étaient vouées à l'échec à cause de nos statuts de dominants... Que c'était biologique, tracé dans nos gènes...Baiser un alpha ne causait pas de souci en soi... En vouloir plus,par contre... »

« Pourtant Cass et toi êtes restés amants plus de trois ans... »,souligne Sam, sans aucun jugement.

Il entend Dean étouffé un rire dépité.

« On n'a toujours fait que baiser ensemble », amer. « Même si je... je crois qu'il voulait plus... Qu'on tente ce plus,mais... », en buvant une gorgée pour cacher la maladresse de ses mots. « mais quand on se retrouvait, on était juste incapables de contrôler nos pulsions », ne pouvant cacher le regret derrière ses aveux. « C'est physique »

« Et toi, Dean ? »

« Quoi moi ? », en s'enfonçant dans les coussins.

« Tu n'en as jamais voulu de ce plus ? »

« Si »,après quelques secondes d'hésitation. « Seulement, quand je suis avec lui, j'ai cette urgence primaire et presque animale de le posséder et qu'il me possède... À ce moment-là, il n'y a plus rien de rationnel, juste le besoin d'assouvir ce désir qui me brûle, nous brûle... jusqu'à ce qu'il s'éteigne. »

« Et après ? »

« Après rien », tout en regardant Castiel respirer.

« La prochaine fois... Parce que d'alpha à alpha, je te le dit, il y aura une prochaine fois », en se penchant à son oreille.« Retiens-le et offrez-vous cette chance », en desserrant son étreinte sur son épaule. « Que je sache, il n'est stipulé dans aucune loi qu'un alpha ne peut se lier avec un autre alpha »

« La nature s'est chargée de le faire », en se pinçant l'arête du nez.

« À vous de vous adapter... Une relation ne se construit pas que dans un lit, Dean »

A contre sensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant