32-"Fin d'adam et eve"

82 6 1
                                    

Dans un monde dévasté par les guerres, les maladies et la mort, il existe encore une prison. Cette histoire sera la dernière des hommes. Auparavant celà à commencer avec Adam et Eve et désormais celà se terminera avec eux aussi ...
Une porte se ferme dans un grincement après qu'une femme, Eve, ait été jetée dans la cellule lugubre. Le loquet se verrouille et des pas s'éloignent. Une vieille ampoule poussiéreuse éclaire la pièce d'une lueur jaunâtre. Il n'y a pas de fenêtres, les murs sont en briques usées et couverts de crasse. Une canalisation éventrée laisse s'écouler une boue visqueuse. Eve est âgée d'une quarantaine d'année. Derrière des traits marqués par une vie violente, on devine une certaine douceur. Eve est vêtue d'un manteau poussiéreux, abîmé. Ses cheveux bruns mi longs retombent sur ses épaules. Elle est fatiguée et transpire. Elle regarde autour d'elle, avec méfiance. Hors des murs, on peut entendre les bruits d'une guerre urbaine : des cris, des coups de feu, des explosions, des véhicules qui roulent. Les hommes s'entretuent pour des conserves ou une bouteille d'eau potable. Les billets de 500€ ne servent plus qu'à se réchauffer durant des hivers interminables où les températures avoisinnent les -30°. "Ce monde est en train de sombrer et je vais tomber avec lui" pensa Eve.
Dans l'ombre de la cellule, un homme apparaît, lentement. On devine un âge plutôt avancé par la longue barbe grise qu'il porte. Il est maigre et semble affamé. Eve remarque même qu'il n'a plus de dents.
"Moi je suis ici parce que je suis vieux tu vois." ricanna le vieux.
Eve ne dit rien. Elle tourne lentement sa tête. Elle ne semble pas craintive, elle reste sur la défensive, consciente de la distance qu'il y a entre eux deux. Le vieillard s'approche. Il porte une barbe mal entretenue des cheveux longs et gras. On dirait un clochard. Il porte un long manteau marron, usé. Eve se retourne et s'écarte de l'homme.
"N'aie pas peur ma belle. Je suis prisonnier ici avec toi. Je ne te veux aucun mal."
Eve le dévisage. Elle reste méfiante, un peu en retrait.
"Et puis regarde, vu mon âge et mon état que puis je faire ?" L'homme s'avance lentement, les mains en avant. Il la fixe du regard, sans cligner des yeux. "Ecoute je sais ce qu'il se passe dehors. Ce n'est pas beau à voir, surtout pour vous les filles."
Comme pour illustrer ses dires, des hurlements de torture retentissent dehors. Le veillard détourne le regard et fixe vers le mur comme pour deviner la provenance du son. Il sourit et se retourne vers la femme. "Tu vois ? Au final on n'est pas si mal ici. Tous les deux ..."
Eve commence a se mettre sur la défensive. Elle sert les poings, elle sait se battre et si le vieux avance encore il va falloir en finir. L'homme avance d'un pas, il ne se tient qu'a quelques mètres d'elle. La femme regarde autour d'elle. Elle recule et percute le mur.
"Dehors on raconte qu'il ne reste plus beaucoup de fille. Elles étaient faibles. Peu d'entre elles ont survécus ... c'est moche tout ça."
Eve voit une planche à coté d'elle. Elle la récupère rapidement et la tient devant elle, prête à s'en servir. L'homme regarde l'arme. Il ne semble pas effrayé mais maintient une distance. "​Ca va faire deux ans que je n'ai pas vu de femme." Il ricane. Puis tousse grassement. Il crache par terre. Eve ne le lâche pas des yeux, elle observe ses moindres faits et gestes. L'homme s'essuie la bouche. Eve est dégouté par le veillard. Les hommes la dégoutent depuis trop longtemps.
"On m'a enfermé ici il y a quelques jours. Je volais des réserves d'eau... j'avais soif tu vois. Ce n'est pas facile pour les vieux débris comme moi dans ce monde." Explique l'homme. Il avance d'un pas. Il tend la main comme pour saisir la planche qui le sépare d'Eve. On peut alors voir des ongles jaunes et sales, longs comme des couteaux. "Maintenant on va se réconforter tout les deux. On en a besoin. J'en ai besoin et tu dois me donner ça." chuchote l'homme.
Eve n'a plus le temps d'espérer éviter l'affrontement et lui assène un violent coup de planche sur la main. L'homme ramène sa main vers lui, elle saigne. Il se redresse en se tenant le poignet. Cette fois ci, il ne sourit plus. Ses yeux sont injectés de sang. D'une voix menaçante et remplie de haine, il hurle: "Bon on va faire autrement ma belle. J'ai essayé de faire ça gentiment mais là tu dépasses les bornes." Eve se met dans un coin, elle est prête à se défendre. Son regard haineux ne cesse de fixer le vieillard. Elle décide enfin de parler et de lui expliquer ce qu'il va maintenant se passer :
"Écoute-moi gros porc, je n'ai pas survécu pendant toutes ces années pour finir dans les bras d'un tas d'os comme toi. Moi aussi ça va faire 2 ans que je n'ai pas croisé de femmes. Je sais ce que vous leur faites. Mais tu vois la race humaine mérite même pas de survivre dans ce monde. Et jusqu'à preuve du contraire vous avez besoin d'une femme pour faire perdurer notre race. Manque de bol, je ne suis plus d'accord."
L'homme, la bave aux lèvres, se précipite vers Eve. Celle-ci lui assène un coup de planche en pleine tête. L'homme s'écroule, assommé. Eve souffle et regarde le corps. Elle crache dessus. L'ampoule vacille éclairant sommairement la pièce. La femme s'adosse au mur et se laisse tomber le long des briques. Elle amène ses deux mains à son visage et pleure. A coté d'elle un morceau de verre rouillé. Elle le regarde puis le récupère. Eve entrouvre son manteau et on devine qu'elle est enceinte. Elle caresse son ventre, sourit légèrement. Elle approche le morceau de son ventre. Le veillard ouvre les yeux, découvrant avec effroi ce qui allait se passer.
Eve le regarde droit dans les yeux, sûre d'elle, le regard empli de rage: "Maintenant tout est fini ... pour toute l'humanité et pour notre race qui ne mérite que la fin"
Eve plante le morceau de verre dans son ventre et dans un hurlement de douleur ejecte le phoetus. "Adam, je t'aime" Le dernier phoetus humain s'écrase lamentablement au sol tandis que la femme sourit.

Écrit par "saahjin"

101 Histoires d'horreurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant