14-"Les portraits"

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Un homme chasse le cerf dans la forêt. Il est bien familier avec le coin car il est souvent venu ici. Il reste tout de même prudent et s'efforce de demeurer près de la piste qui connaît le plus. Malheureusement, en suivant une bête particulièrement prometteuse, il s'éloigne de plus en plus. Il n'est pas exactement perdu, mais la nuit commence à tomber et la végétation dense l'empêche de retrouver la piste. Le chasseur tourne encore en rond pendant quelques minutes avant d'apercevoir de la lumière venant d'une petite maison. Soulagé, l'homme se dit qu'il pourra demander l'hospitalité pour la nuit. Il cogne donc à la porte, mais personne ne répond. La porte n'est pas verrouillée.

En entrant, il remarque que la maison semble en très mauvais état; le plancher de bois grince et exhale une puissante odeur de moisissure; les murs sont striés de crevasses, et certains tapis laissent échapper des bruits spongieux lorsque le chasseur y pose le pied. Il fait rapidement le tour de l'habitation mais se rend à l'évidence; la maison est vide. Les lanternes allumées le mettent un peu mal à l'aise, mais il n'y prête guère attention. Le chasseur se rend à la chambre à coucher. Il étouffe un cri en voyant une rangée de portraits suspendus le long du mur. La noirceur camoufle les détails des peintures, mais chaque personnage est figé dans une expression de haine absolue, les trairs déformés par la rage et le dégoût. Il jurerait presque que les portraits le regardent. Néanmoins, l'épuisement prend le dessus sur le malaise et la panique, et le chasseur s'allonge dans le lit aux couvertures rêches et malodorantes en prenant soin de se mettre dos aux portraits.

Le lendemain matin, l'homme se lève et jette un bref coup d'oeil aux peintures avant de quitter la pièce. Ses entrailles se tordent douloureusement en voyant qu'il n'y a aucun portrait... mais plutôt des fenêtres.

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