Camren - no way

1 - camila

Je l'ai déçue. Je l'ai trahie. Elle m'aimait et je l'ai laissée tombée.

Telles sont les pensées que tournent en boucle dans ma tête en relisant cette vieille lettre que j'ai trouvé dans les affaires de Lauren la dernière fois que je l'ai vue.

Je sens à peine les larmes salées que roulent sur mes joues pour venir se déposer sur mes lèvres. Je sens à peine les crampes qui me transpercent les jambes à force d'être restée trop longtemps dans cette position inconfortable. À croire que je ne sens plus rien en dehors de mon coeur meurtri.

Ce n'est qu'en relâchant difficilement ma respiration que je me rends compte que j'étais en apnée depuis un bout de temps. Mais ça ne fait qu'aggraver mon état, une vague de sanglot me secoue réveillant par la même occasion une migraine insupportable.

Le papier que je tiens en main est froissé et à certains endroits l'encre qui souligne l'écriture précieuse de Lauren a bavé suite à toutes mes larmes que j'y ai versé.

Je me souviens de la lueur qui s'est éteinte dans ses yeux, l'instant précis où je lui ai dit que ne pouvais pas continuer. Je n'ai même pas eu besoin de préciser ce dont je parlais, elle le savait très bien.

Durant les années que nous avons passé ensemble au sein du group, les filles et moi avons vécues tant de belles choses. Mais ils y avait aussi les épreuves... L'emprise que le label avait sur nous, les contrats qui nous forçaient à nous taire et faire ce qu'on nous disait de faire, le manque de liberté artistique et individuel auquel ont avait droit...

Lauren et moi avons été les premières à nous rendre compte que cela devenait toxique. Nous n'étions plus heureuses.

C'est des heures que nous avons passés à en discuter, juste elle et moi. Les autres filles se voilaient la face. Elles profitaient de chaque représentation, interview ou Shooting photo comme si c'était encore le début. Mais Lauren et moi savions: ça n'avait plus rien de l'excitation et de l'inconnu du début, c'était devenu une prison.

J'ai toujours été persuadée qu'on avait le pouvoir de changer ça, qu'on était les seules en charge de notre destin. Après tout, si la vie m'avait permis d'auditionner pour xFactor, de rencontrer ces magnifiques filles et de deviner ce que j'avais toujours rêvée de devenir, pourquoi m'empêcherait-elle de rendre le rêve parfait ?

J'avais un plan d'attaque: nous allions montrer qui nous étions, ne pas nous laisser faire. Nous allions proposer nos propres chansons aux producteurs, celles que Lau et moi avions passé des heures à écrire, allongées l'une à côté de l'autre dans les couchettes des bus de tournée. Nous y avions mit tout notre talent, notre cœur et surtout, notre espoir. Ils allaient certainement accepter.

Avec le recul et le temps, je me suis aperçue que Lauren n'y avait jamais vraiment cru. Elle ne voulait pas briser mon innocence et mon espoir mais elle connaissait la cruelle réalité. La vie n'est pas un arc en ciel...

J'ai souvent remarqué la lueur triste dans ses yeux quand je parlais de notre projet. Ça me brisait le cœur. À l'époque je pensais que c'était à cause du malheur qu'on vivait et j'étais certaine que une fois qu'on aurait mis notre plan en action, tout irait mieux et que cette tristesse quitterait à jamais ces tendres yeux verts. C'est ce que je lui disait et à ce moment-la je voyais à nouveau l'étincelle d'espoir dans son regard et je me sentais invincible.

Comme j'étais jeune...

J'ai décidé de passer à l'attaque quand les autres filles ont commencé à comprendre le piège que devenaient nos carrières. Je ne pouvait pas laisser ce cauchemar en briser une de plus.

Quand la réunion avec les producteurs eu lieu, seul Lauren savait ce que je m'apprêtais à faire. Elle était toute aussi nerveuse que moi, mais je n'ai compris qu'après coup que c'était pour une tout autre raison.

Je leur ai tout montré: les musiques, les paroles, les démos, le projet de vidéos... Les filles étaient époustouflées. L'idée des nouveautés que ces projets apporteraient à nos vies les enthousiasmaient au plus haut point et cela a redoubler mon courage. C'est sans doute pour ça que la retour m'a fait si mal:

- Non, avait-il dit. On a tout prévu pour vous. Vos prochains singles se trouve dans cette farde-là. Nous voulons faire de vous des stars et pour cela il faut voir les choses en grand donc rangez-nous ces conneries de gamines.

C'est ce jour-là que mon innocence a volé en éclats. Je ne vivais plus dans un rêve. Je n'avais plus de projets qui me poussait à avancé et plus aucune raison d'avoir envie de continuer à me tuer à une tâche qui ne me rendait plus heureuse. J'ai abandonné.

La lueur qui c'est éteinte dans les yeux de Lauren quand je lui ai avoué me hante encore aujourd'hui, 2 ans plus tard.

Je n'ai pas seulement abandonné ce rêve, je l'ai abonné elle.

Et maintenant seulement je comprends que cette lueur d'espoir dans ses yeux n'était pas de l'espoir en notre projet, mais de l'espoir en moi. Tant que nous étions ensemble elle survivrait le cauchemar. Mais je suis partie.