Not today

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Le jeune homme se leva du lit sur lequel il était allongé. Il ne prit pas la peine de cacher son corps nu et prit son pantalon sur le sol, près du lit. Il en sortit le paquet de cigarettes et en amena une à sa bouche, pendant que son autre main se saisissait du briquet. Il avait besoin de ça, ça le complétait autant que le sexe et l'alcool. Il se dirigea vers la fenêtre et alluma le bâton de nicotine coincé entre ses lèvres. Sa première taffe fut la meilleure. C'était la plus importante, celle qui détendait autant son corps que jouir. Il regarda la ville qui s'offrait devant lui. Les lumières qui affrontaient l'obscurité avec toute la difficulté du monde. Un combat dont ne se lassait pas le petit brun. Il avait l'impression de voir son combat intérieur en direct. Il voyait les lumières résister jusqu'au petit matin où elles se disaient que finalement, elles avaient peut-être gagné mais une fois la nuit tombée, la noirceur refaisait surface et devenait de plus en plus oppressante.

Son esprit était dans le même état. Un composé de plus de noirceur que de lumière mais il faisait avec. C'était lui. Ses démons le torturaient toujours plus mais ils faisaient partie intégrante de son être. Malgré tout, il savait que ce n'était pas avec la vie qu'il menait actuellement que tout cela changerait. Il jonglait entre travail et coucheries, travail et ivresse. Et pourtant, il continuait. Parce qu'il était seul. Tout le monde l'avait abandonné. Il avait déjà eu énormément de chance de trouver ce travail qui lui permettait de garder la tête hors de l'eau mais dès la nuit tombée, tous ses démons le poursuivaient. Pour lui, le seul moyen d'y échapper restait ses méthodes peu orthodoxes qu'il s'infligeait.
Il entendit les draps derrière lui se froisser et le bruit du matelas qui s'affaisse avant de voir une personne se lever de son lit, toute aussi nue que lui. La femme s'approcha de lui avant de l'enlacer tendrement.

- Tu viens pas te coucher ?
- Nan. Et toi tu devrais dégager. Je veux pas que mes plans cul dorment ici.

La jeune femme rigola doucement. Elle le savait. Il était tout le temps comme ça. Elle prit ses affaires et sortit de l'appartement rapidement. Le jeune homme attendit d'entendre le bruit de la porte d'entrée claquer pour écraser sa cigarette et retourner se coucher. Sa nuit allait être courte. Encore.

Le réveil sonna aux alentours de six heures et il s'efforça de se retourner pour appuyer sur la touche de son téléphone. Il se leva difficilement, une gueule de bois habituelle surgissant. Un sourire plus qu'ironique se dessina sur ses lèvres. Tous les matins, il souffrait et pourtant, tous les soirs, il continuait. Comme si une autre personne prenait son corps pendant la nuit. Il avait réellement l'impression de ne pas vivre dans ce corps, qu'il appartenait en réalité à quelqu'un d'autre. Que lui se retrouvait piéger là, à devoir subir toutes les pensées noires que l'autre ne subissait pas la nuit. Il en avait marre de vivre comme ça. Il aimerait tellement tout changer mais le méritait-il ? Non. Il méritait cette souffrance. C'est ce que les gens lui répétaient sans cesse. Il avait compris. Il n'était qu'une tâche au milieu d'un tableau blanc, pur.

Son sourire s'agrandit un peu plus. Pourquoi restait-il en vie finalement ? Il n'avait rien. Rien construit. Plus aucune famille. Pas de relations amoureuses ou même amicales. Cela lui semblait beaucoup trop futile de rester avec le même groupe de personnes pour simplement... Discuter ? Rigoler ? Il ne connaissait rien de cela et ce n'était pas aujourd'hui que cela allait commencer. Il tendit la main vers son paquet de cigarettes. C'est tout ce qu'il connaissait. Tout ce qu'il aimait. Il en sortit une qu'il plaça entre ses lèvres avant de l'allumer et de prendre une première bouffée. Ses membres tremblants se détendirent immédiatement pendant qu'il fermait les yeux, son corps retombant sur son matelas aux draps défaits. Sa journée serait encore longue avant la libération tant attendue que la nuit exerçait sur lui.

Le jeune homme entra dans la rame du métro qui le conduirait à son travail. Il était un peu en avance, comme d'habitude. Il avait déjà assez de problèmes, pas besoin de s'en créer de nouveaux. Son arrêt arriva rapidement et il sortit du métro, les mains dans les poches et la tête basse. Eviter les regards des autres était son quotidien. Il ne voulait pas voir la pitié ou le jugement dans leurs yeux. Il ne voulait pas voir qu'il avait raison, que le monde se porterait mieux sans lui, qu'il était probablement une erreur de la nature. La musique forte dans ses oreilles empêchait de les entendre chuchoter sur son passage. Il avait si peur du monde extérieur, de la pureté de celui-ci. Il salissait tout sur son passage. Sa simple présence était néfaste à tout ce monde qu'il voyait si parfait.

Lie [Jikook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant