Parfois un secret peut en cacher un autre. Les mensonges deviennent nos remparts. Et derrière le masque de notre adolescence insouciante, se dissimule les craquelures gravées par le doute, la peine et la colère.
Le reste de la semaine s'écoula, agrémentée de petites surprises, comme lors du cours de maths où notre prof ouvrit son armoire qui débordée de préservatifs. Le plus drôle a été de voir sa tête normalement sévère et pincée, devenir rouge de honte. En revanche on a beaucoup moins ri quand elle a décidé de nous mettre une interro surprise. Jimin a lui aussi réussi son pari. Selon Namjoon, lorsque l'enseignant a ouvert son tiroir et que le diable en boite est sorti, il a tellement eu peur qu'il en est tombé de sa chaise.
Je me dirige maintenant vers la classe d'art plastique, pour y rejoindre Maya qui est à nouveau seule avec son téléphone. Lorsqu'elle m'aperçoit, elle retire ses écouteurs et me fait un petit sourire. Jin nous rejoint peu de temps après, et on se met à discuter de notre semaine.
-Donc tu es dans la classe de Namjoon ?, demandé-je au brun après qu'il nous ait raconté l'anecdote avec le prof d'histoire.
-Oui, tu le connais ? Je veux dire, bien ? Car après tout qui ne le connait pas, c'est le mec qui fait les plus grosses fêtes du lycée.
-C'est un de mes amis, et le coup de l'ananas c'était lui.
-Ils sont vraiment courageux tes amis pour oser faire ça, commente la jolie blonde.
-Ou juste suicidaire.
On rentre ensuite dans la salle après que Mme Bloom nous ait ouvert la porte. On reprend nos places de la dernière fois, sort nos projets et poursuit notre travail. L'ambiance est beaucoup moins silencieuse par rapport à la séance précédente. Jin laisse parfois échapper quelques jeux de mots qui nous font doucement sourire Maya et moi. Tandis que j'attends que la première couche de peinture sèche, j'observe mes camarades à l'ouvrage. Maya, très concentrée, découpe des figures à l'aide d'une paire de ciseaux et parfois d'un cutter pour les pièces les plus détaillées alors que Jin assemble et colle plusieurs photos différentes.
Mme Bloom annonce enfin la fin du cours puis déambule de table en table pour admirer notre travail. Quand c'est à notre tour, elle nous noie sous une pluie de compliments et plus particulièrement Maya. Elle est tellement heureuse que j'aurai juré avoir aperçu des étoiles dans ses yeux verts. On sort de la pièce, fiers de nous, un immense sourire collé aux lèvres. Mais ça ne dure malheureusement pas longtemps.
-Si j'étais vous, j'arrêterai de traîner avec cette blondasse, lance une voix derrière nous.
On se tourne tous les trois vers celle-ci. Quatre filles se tiennent les bras croisés, le regard remplis de dégoût dirigé contre mon amie.
-Et pour quelle raison ?, la questionne Jin.
-Ne fais pas semblant, tu dois déjà avoir entendu les rumeurs qui courent sur elle.
-Et alors ?, rétorqué-je
-En clair, ta copine n'est qu'une sale traînée, crache l'une d'entre elle.
Maya baisse la tête, je l'entends même renifler comme si elle pleurait. Je sens la colère monter en moi.
-Premièrement, en quoi mes fréquentations te regardent ? Tu n'es pas ma mère à ce que je sache. Deuxièmement, qu'elle ait eu des relations sexuelles ou non, qu'elle ait même eu plusieurs partenaires ou un seul, je n'en sais rien et ça ne me regarde pas parce que c'est sa vie privée, affirmé-je en appuyant bien sur le « sa ».
La concernée, surprise par mes paroles, lève ses yeux remplis de larmes vers moi.
- Sa vie sexuelle ne la concerne qu'elle et éventuellement les personnes avec qui elle sort, mais en aucun cas tu n'as le droit de la traiter de traînée, elle ou qui que ce soit d'autres, conclus-je.
Sur ce, je pivote vers la sortie, en tirant par le bras mon amie, le brun sur mes talons. Une fois dépassé les grilles, je lâche un énorme soupir qui est vite interrompu par Maya qui se jette à mon cou pour m'enlacer tandis que Jin m'applaudit.
-Merci mille fois, ce que tu as fait là-bas était impressionnant, me dit la jolie blonde les joues trempés par ses larmes.
-Pour être honnête, je ne sais même pas comment j'ai réussi à dire tout ça sans bafouiller, mais faut dire qu'elles m'avaient sacrément énervée ces fichus harpies.
-Franchement, je n'aurai pas mieux dit, déclare le brun toujours en applaudissant.
Je souris un peu gênée par toute cette attention. Maya me remercie encore une fois avant de s'en aller vers la voiture de ses parents, Jin me fait un dernier signe de la main avant de disparaitre au coin de la rue. Je marche le long du trottoir, repensant encore à mon action. J'espère qu'avec ça, ma camarade ne sera plus embêtée et même si c'est un peu trop rêvé, avoir fait un peu réagir ces bécasses. Sur le chemin, je passe devant le parc dans lequel je venais souvent jouer avec Jimin lorsque nous étions plus jeunes. Soudain j'aperçois une ombre familière sur une des balançoires. Je m'approche doucement, étonnée de le voir ici à cette heure-là.
-Qu'est-ce que tu fais ici ?
-Hey ! Tu viens de terminer les cours ?
-Oui mais tu m'as toujours pas répondu à ma question.
-J'avais envie d'observer un peu les étoiles avant de rentrer, me répond Hoseok.
Je m'assois sur l'autre siège, me balançant doucement, le regard rivé vers le ciel. Seul le son du vent contre les feuilles des arbres règnent autour de nous. Mais cette atmosphère apaisante est rompue par le bruit d'un frottement plastique.
-Ne me dis pas que c'est bien ce que je pense ?
-Eh ben si !
-Comment tu as fait ?
- Si je te le dis, je devrais te tuer ensuite.
Je lui jette un regard blasé auquel il répond par un sourire enfantin.
-Bon ok, j'ai attendu que l'accueil soit vide puis je suis rentré dans le bureau du CPE en lui disant qu'il avait une bagarre derrière la cantine et qu'il devait se dépêcher car ça devenait vraiment pas beau à voir. Et comme prévu il est parti sans refermer la porte, je me suis glissé discrètement dans la pièce et c'est là que j'ai pu lui emprunter un paquet de M&M's, m'explique-t-il avant d'en croquer un.
-Si tu les manges, ce n'est plus de l'emprunt.
-Chourer si tu préfères et puis ce n'est pas comme si il allait le remarquer, avec tout ce qu'il cache dans son armoire... Bon au lieu de me sermonner, tu en veux ?, me propose-t-il.
J'hausse les épaules et prends une petite poignée de dragées. J'en lance un en l'air qui atterrit directement dans ma bouche.
-Te voilà maintenant complice, plaisante-t-il en me faisant un clin d'œil.
-Pas si je fais disparaître les preuves, déclaré-je tout en fourrant les friandises dans ma bouche.
Il éclate de rire. Des fossettes se dessinent sur son visage et ses yeux sombres se plissent formant ainsi des croissants de lune, accentuant cet air malicieux qui le caractérise si bien. Sa bonne humeur est tellement contagieuse que je m'esclaffe à mon tour. Une fois calmé, on retourne notre attention vers les astres au-dessus de nos têtes.
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