9. Bételgeuse

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Nous nous rendons alors en salle de travaux pratiques puis nous installons par binôme sur les paillasses. L'enseignant, avec sa dégaine de surfeur, nous explique alors le sujet étudié et les manipulations que l'on devra effectuer durant la séance.

                -Tu veux que j'aille chercher le matériel ?

                -S'il te plait, comme ça je peux déjà préparer le compte rendu.

Hoseok acquiesce puis se dirige vers le bureau du prof comme beaucoup d'autres. Alors que je sors une feuille et de quoi écrire, je sens quelqu'un se tenir devant moi. En relevant la tête, je commence à regretter d'être sortie de mon lit ce matin.

                -Tu sais que j'adore ta tenue. Tu l'as trouvée où ? Dans un vide-ordure ?, raille Noémie de sa voix nasillarde.

Ne sachant pas quoi répondre, je m'enfonce dans mon silence, espérant qu'Hoseok se dépêche de revenir. C'est vrai que je suis plutôt du genre à ne pas avoir ma langue dans ma poche, mais j'ignore pourquoi, quand je me retrouve seule face à elle, mon cerveau se vide de toute forme de répartie, me laissant sans défense et à sa merci.

               -Bah alors tu ne dis rien ?, enchaîne-t-elle en s'approchant dangereusement.

Elle et ses copines forment un attroupement devant la paillasse, de façon à bloquer la vue de l'enseignant et des autres élèves.

                -Tu fais moins la maligne maintenant. Tu es tellement pathétique que tu me donnes envie de vomir. Je me demande même comment tu fais pour avoir des amis, ils ont peut-être tout simplement pitié de toi, me chuchote-t-elle, sa bouche à deux centimètres de mon oreille, en empoignant fermement mes cheveux.

Malgré la douleur et ses mots blessants, je serre les poings, retenant ce mélange de colère et de peine qui bouillonne en moi. Je garde le visage dénué d'expression.

                -Et je suis sure que si on ne voit jamais tes parents aux réunions du lycée, c'est parce qu'ils ont trop honte de toi, achève-t-elle d'un ton tranchant, donnant alors le coup fatal à ma carapace.

Elle s'éloigne, satisfaite, le sourire mauvais collé aux lèvres. Je sens les larmes monter, mes ongles s'enfoncer douloureusement dans ma paume, mais à côté de ce que je ressens, ce n'est qu'un euphémisme.

En voyant mon binôme revenir, je ravale au mieux mes larmes et enfouie au plus profond de moi mon chagrin, pour laisser place à un masque joyeux. Continuant à rédiger le rapport, notant les objectifs de l'expérience, je sens le regard d'Hoseok posé sur moi. En relevant la tête, je lis quelque chose ressemblant à de l'inquiétude dans ses prunelles noires ébène. Ne sachant quoi faire d'autre, je lui adresse un sourire tellement faux, que mon cœur semble s'étirer aussi douloureusement que mes lèvres. Il ouvre la bouche, s'apprêtant à me dire quelque chose mais il se ravise en secouant la tête. Il dispose le matériel sur le plan de travail puis attend que j'aie fini d'écrire.

                -On commence par quoi ?

                -On doit d'abord faire des coupes fines de la tige et après les mettre dans de la javel pendant quinze minutes, je réponds en lisant mon polycopié.

On prend chacun une lame de rasoir et commence à découper en rondelle la plante. Ayant terminé avec la mienne, je me tourne vers lui, le voyant presque massacrer le végétal.

                -Tu ne veux pas plutôt que je le fasse ?, lui proposé-je.

                -Quoi, c'est si affreux que ça ?

The Secret of the Stars | BTSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant